A Bokrijk, dans les sous-bois du domaine, deux HMI en réflexion sur une toile blanche renvoient une lumière diffuse et débouchent la pénombre. Walter Van den Eynde, le directeur photo du film, place un HMI à l'arrière-plan pour donner l'impression qu'un rayon de soleil transperce la cime des arbres et illumine une clairière. Une Arriflex 35 posée sur une Dolly parcourt dix mètres en marche arrière en suivant un paysan sans âge qui chemine à coté d'une charrette à bras tirée par un bouvier des flandres, fourbu.Le poil noir de celui-ci absorbe les coups de lanière de son maître.
Soudain épuisé, le chien s'effondre tandis que son maître…
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Volt-Face
Eric Waldmann n'est pas à proprement parler une fée électricité. Carrure de rugbyman, bouc de Méphistophélès branché, visage taillé au format 1:33, cet homme de terrain est depuis vingt ans chef électro pour le cinéma, la télévision et le film publicitaire. Partenaire indispensable du directeur photo, il est celui sans lequel bien des plans de cinéma ressembleraient au film de Marguerite Duras, L'Homme Atlantique : un écran noir, irrémédiablement noir. Ou presque.
Cinergie : Vous avez une formation de graphiste, ce qui semble pour le moins contraire à une carrière de chef électro...Eric Waldmann : Je suis sorti…
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Ce que je cache par mon langage, mon corps le dit... Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé. Roland Barthes
Nous sommes au Château de la Solitude, une demeure que fit construire en 1913 Marie, Ludmille, Rose, duchesse de Croÿ, princesse et duchesse d'Arenberg, pour s'y retirer après la mort du prince Baudouin, neveu de Léopold II, avec qui elle entretenait semble-t-il une liaison. Il était fatal qu'un tel lieu chargé d'histoire, de fiction et de mélancolie serve les besoins de la dramaturgie cinématographique.
Aujourd'hui, en ce jour de début juin, on y tourne une comédie dramatique.Deux femmes, face à une Arriflex 16 SR3 posée…
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Il est minuit Monsieur Schweitzer
Le dernier film de Jan Bucquoy, Fermeture de l'usine Renault à Vilvoorde, présenté comme le troisième volet de la Vie sexuelle des Belges, est aussi pétaradant et vivifiant que la plus gloupitante tarte à la crème de Noël Godin. Et pourtant le sujet du film n'incite guère à la rigolade puisqu'il nous montre une fois de plus une défaite de la classe ouvrière et l'amer brouillard des lendemains qui déchantent.
C'est filmé trash, monté clash et ça fait mouche bien souvent pour notre plus grand plaisir car Bucquoy ne fait pas dans le détail. Il va à l'urgence, à cette rage d'aujourd'hui, à…
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Fusion et effusion
Dans un premier court métrage assez étonnant, le Songe d'Isaac, Ursula Meier filmait les derniers moments d'Isaac. Au seuil de la mort, celui-ci se revoit au chevet de sa mère mourante grâce au toucher d'une infirmière qui lave sa peau avec une douceur semblable à une caresse. C'est le retour foetal, le rêve fusionnel, la chaleur maternelle contre le froid de la mort. Pas un mot : la musique des gestes et des regards, on est dans un songe éveillé. Le film avouait clairement ses références: Bergman et Tarkovski.
La réalisatrice vient d'achever Des heures sans sommeil (ex-Flux et reflux), un film de 34 minutes produit par l'AJC.
Le sujet tourne autour des relations…
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Amours singulières
Des amis, une caméra, du temps pour être ensemble : le cinéma. C'est aussi simple que cela. Cinéma artisanal, cinéma sans budget, Histoires d'amour de Yaël André naît d'une simplicité aussi lumineuse et s'y love, l'habite et s'en nourrit jusqu'au plaisir.
Yaël André a demandé à quelques-uns de ses amis de raconter, face à la caméra, l'histoire d'une déclaration d'amour qui leur était personnelle et touchait à l'intime d'une émotion. Et elle a joué son cinéma entre cette intimité d'une déclaration d'amour passée et l'intimité…
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