Le ciel est clair, il fait glacial mais sans humidité. Un vent piquant se plaît à vous faire grimacer. L'oeil commence à pleurer vous brouillant la vue, reste l'ouïe. Mouais. Votre serviteur a remonté le col de son blouson de cuir, en bon rase bitume, pour arpenter les trottoirs, perdu dans la foule clairsemée de la Place Saint-Josse, halluciné par le bruit des klaxons, les cris du marché, de la musique qui s'échappe des bistrots. Justement, en poussant la porte de l'un d'entre eux, au coin de la chaussée de Louvain, (un café un peu démodé avec des lourdes banquettes marron foncé) votre serviteur repère dans un box Alain de Halleux avec qui il a rendez-vous…
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Un Japonais. Pardon ? Oui, pas seulement à cause d'une touch zen qui fait partie de son charme mais pour l'oreille. Pardon ? A l'instar des Japonais (l'archipel nippon compte une population de 30% d'audiophiles, record mondial absolu), Luc Jabon s'est aménagé un salon de musique tapissé d'une vaste collection de disques (vinyles et CDs). Au centre, une chaîne hifi, avec enceintes d'un mètre cinquante ayant une image sonore lisible et précise jusque dans le grave, disposant d'un remarquable agencement des plans sonores. Bref, ils vous donnent l'impression, lorsque le flux musical s'en échappe, d'être dans le groove, à un mètre des instrumentistes.
Tout…
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Apparaît une silhouette massive qui se déplace avec agilité malgré une corpulence qui lui donne un air de parenté avec Orson Welles (plus près de Falstaff que de l'obèse capitaine Quilan dans Touch of Evil). Lorsqu'il enlève son casque de motard, on est frappé de retrouver sur les traits de son visage, qui arbore un début de barbe grise, un air de famille avec Arno, son arrière-cousin. " Nos grands-pères étaient frères ", précise-t-il un brin nostalgique. Très tôt, le jeune Jan fait preuve d'un tempérament artistique qui ne fera que s'accentuer. Il monte avec sa soeur de petits sketches qu'il joue sur un podium de fortune, au fond…
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C'est un de ces jours désagréablement froids, au ciel plombé de nuages mais sans ce vent qui vous glace les os et vous bloque l'esprit. Un de ces jours où l'on regrette de ne pas bénéficier du ciel bleu de Rio-de-Janeiro (avec ses danseuses flamboyantes, pour expliquer les choses avec délicatesse) ou de Brasilia, le joyau architectural construit par Niemeyer, avec un soleil coupé d'une légère brise pour vous rendre dolent. Votre serviteur rêve. Vouuui ! Driiing ! On sonne. J'ouvre la porte de mon domicile. Marc-Henri Wajnberg entre, téléphone portable à l'oreille, en conversation avec un correspondant parisien. Il est ultra-pressé. Ce… Lire l'article
Avec sa veste anthracite sur son jeans noir, ses lunettes aux montures papillon, son air un peu absent, on le croit volontiers sorti du Musée du Cinéma, la tête pleine d'images de ses films muets préférés : Sunrise (L'aurore) de F.W. Murnau ou The Seventh Heaven (L'heure suprême) et le dernier numéro de Sight and Sound à la main. Un cinéphile, diront les zinzins qui se goinfrent de dynomovies, comme disent les américains, préférant être secoué (shaken) qu'ému (stirred).
Nous avons quant à nous le souvenir d'une rencontre, à Anvers, entre Aki Kaurismaki, Olivier Lecomte, Alex Stockman et votre serviteur où l'entretien…
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Un cöté moitié bohème, moitié arty, du genre à éviter le mainstream avec les ruses d'un vieux routard des années septante. Un look nippes usagées, pantalon baggy et veste de cuir noir de motard usée. Il promène un regard distrait dans la pièce où Dimitra, notre webmistress, et votre serviteur, l'oeil alerte et la barbe socratique, bossent pour vous confectionner Cinergie.be. Son regard s'arrête. Clic. Sous l'oeil verdâtre et froid des écrans d'ordinateurs allumés et branchés sur internet. Clac. Enregistré. Né à Paris, Guillaume Malandrin a la chance, dans les années 80, d'avoir un père cinéphile… Lire l'article
" Je suis hanté par la peur de tomber dans la normalité. Je suis d'ailleurs réfractaire aux habitudes. C'est pas très pratique tous les jours. Comme je suis assez pondéré j'ai une réputation de diplomate. J'aime être à contre emploi de ce que l'on pourrait penser que je suis parce qu'il n'y a rie de plus déprimant que de se laisser enfermer dans les choses. Il faut explorer la multiplicité qui est en nous. Thomas est amoureux parle de ça, du fait qu'on s'enferme soi-même trop souvent dans une image de soi que la société nous demande d'assumer.On doit choisir une carrière et on doit s'installer. Ca m'effraie…
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Après le retentissement qu'a eu son film Les enfants du Borinage, Lettre à Henri Storck (une féroce polémique parmi les notables montois, les services sociaux, certains caciques politiques et les hérauts d'une l'image pieuse dela ville fracassée ! Seigneur Jésus !), on s'attend a rencontrer soit un militant en colère prêt à défaire le monde avant de le refaire soit un réalisateur que le battage médiatique (la presse l'a couvert d'éloges) a rendu prétentieux. Pas du tout.
On découvre un mec à la coule, réfléchi, avec plein de malices dans son sac (si on ne peut plus se fier aux clichés,…
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Œdipe énergumène
Fermez l'œil et le bon. Imaginez un ciel gris plombé, pluvieux. Un crachin incessant. Le froid humide et cinglant du vent âpre de l'automne, son souffle. Un glissando pulsé comme un slap de Scott LaFaro, à la contrebasse pour faire rebondir le chorus entamé par Bill Evans dans Solar, feutré, exempt de tout vibrato. Avec une régularité de tempo coïncidant avec l'apparition d'un soleil hivernal qui donne de la lumière mais ne réchauffe personne. Ou si peu qu'il est inutile d'en parler. La sonorité du vent se fait plus ronde. Avec des silences pulsés comme les reprises légères des balais entre les doigts de Paul Motian aux…
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Tous les cinéphiles connaissent Radio-Images-cinéma (tous les samedis de 8H30 à 10 heures du mat sur la première, et le lendemain, en version abrégée, sur Musique 3, émission rescapée du naufrage (dans l'indifférence de responsables irresponsables) des productions culturelles qui, jadis et naguère, constituaient le fleuron de notre télé de service public.Pourquoi ? Grâce surtout à la passion d'une équipe et d'un homme qui l'anime : Léon Michaux. Celui-ci porte - et supporte allègrement - la quarantaine. Les cheveux bruns à peine grisonnants, la chemise kaki au col ouvert, le blue-jeans avec ceinture de cuir marron, il chausse…
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Bien qu'ayant passé la nuit à corriger les épreuves de Godin par Godin, son prochain ouvrage, que vont publier les éditions Yellow Now, il respire la grande forme. " C'est la folie totale, il faut rester à la fois speed et cool !" nous dit-il en faisant du café à la manière d'Harrold Lloyd, en trois fois car il ne met jamais suffisamment d'eau dans la bouilloire ! Dès l'age de dix ans, ce roi du slapstick choisissait, pour toute la famille, les films à voir le dimanche après-midi au Palace ou au Forum de Liège. A 14 ans, il voit tous les films sortant en salles mais c'est en allant au Caméo, animé par Hadelin Trinon, qu'il découvre…
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Tout simplement vivants
"Production, consommation, récréation. Nous sommes menacés aujourd'hui par une nouvelle forme de totalitarisme. Il dégrade les hommes sans les tourmenter. Il ne brise pas les volontés mais les amollit. Il ne tyrannise pas mais il gêne, comprime, éteint." Quelques images, speed sur fond de musique techno, suffisent à Manuel Poutte, pour établir le constat d'une époque vide de sens. Pourtant, à l'heure où l'ordre des choses semble si bien installé, où toute opposition semble vaine et toute révolte éteinte, naissent de nouvelles formes de contestation, de nouveaux foyers de résistance. Dans le nord de la France, en Gaume, à Liège,…
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La mécanique des hommes
Le film démarre sur la mort de Lully, lequel battait la mesure armé d'un bâton de chef d'orchestre avec une vigueur telle que se blessant à la jambe, la gangrène s'y déclara et qu'il en mourut. Acte manqué, réussi ? Sans doute. Par désespoir d'être abandonné d'un roi dont il avait conquis les faveurs et pour lequel il avait tout sacrifié. Son agonie permet à Corbiau, fidèle à son style, de construire le film en flash-back et montage alterné (corps à corps : le jeune roi s'épuise à danser, la reine-mère agonise) pour nous conter avec éclat la passion flamboyante de Lully…
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1. Les années nonante
Les années nonante ont été fastes pour le cinéma belge. Singulièrement en ce qui concerne les films choisis par la commission de sélection, en avance sur recettes, et défendus, à divers stades de leur fabrication (dans les Festivals Internationaux via le WBI, publications de catalogues, cartes postales, etc.) par le Centre du Cinéma de la Communauté française. C'est pourquoi il nous a paru utile de nous entretenir avec Henry Ingberg, Secrétaire général de la Communauté française et Directeur du Centre du Cinéma et de l'audiovisuel, sur l'avenir d'un cinéma en plein bouillonnement.
Cinergie : Notre cinéma…
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L'image et la culture
Écrivain et cinéaste, Olivier Smolders enseigne également le français au niveau secondaire supérieur. Sous son impulsion, les élèves de l'Institut Saint-Vincent de Paul (Uccle-Forest) ont réalisé un documentaire de 68 minutes, Regards sur le cinéma belge.Tourné en DV, le film a été projeté le 26 mai dernier à la Cinémathèque Royale de Belgique. A l'origine de cette expérience, une proposition de la Fondation Roi Baudouin encourageant les projets pédagogiques mettant en valeur une partie de notre patrimoine, rejointe ensuite par un programme de la Cocof en faveur des projets artistiques en milieu scolaire. Confiant par expérience…
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