Personnellement, j'y ai vu la transposition d'un immense corps humain en une ville. Complexe, en constante et rapide évolution, inlassablement déconstruite, reconstruite, peut-être, par endroit, régénérée. Et à l'intérieur de celle-ci, un être - l'âme peut-être - ou juste une part de conscience - qui est nécessaire à supporter tout ce qui entoure. Le rythme n'est pas cardiaque mais il est propre à cet être-là qui suffoque, qui fume, qui s'aère. Qui se détruit ?
Le film est maîtrisé et nous conduit à travers des artères pas si imaginaires que cela.
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Le fabuleux pouvoir du réel
Dans une forêt profonde, un homme marche. Sur sa route, il croise divers personnages : deux enfants, un chevalier au lion, une pucelle gardée prisonnière dans une chapelle par un ogre monstrueux, l'épouse de l'ogre, une gente dame strictement végétarienne. Avant de tuer l'ogre et de délivrer la jeune fille, la dame et les enfants, le jouvenceau devra affronter de dures épreuves : retirer une épée de l'autel où elle était profondément enfoncée par un mystérieux enchantement, échapper aux bras tentateurs d'un arbre magique, surmonter la mort de son meilleur ami et son impuissance à le sauver, et…
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Nous savons ce qu'il faut penser des frontières entre rêve et veille : il suffit de demander au philosophe chinois ou au papillon. Le Tour du jour en quatre-vingts mondes. Julio Cortazar, Ed. Gallimard
Séquence
Quelque part la réalité du tournage rejoint un petit peu la réalité de l'histoire du film. » nous a confié Nacho Carranza peu de temps auparavant. Combien de temps ? On se gardera bien de vous le dire. Surtout que le réalisateur et votre serviteur, en fidèles lecteurs de Julio Cortàzar, développons une notion singulière de l'espace/temps.(1) Donc, nous sommes près de la place Rogier dans un hôtel vieux style qui évoque les hôtels de…
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Wergifosse, sa vie, son oeuvre, ses amis.
Mais qui donc est Jacques Wergifosse? Et pourquoi lui consacrer un film de 48 minutes? Son nom me rappelait vaguement quelque chose. Enfant du même pays que lui, je l'avais lu souvent au bas d'articles de journaux. Pendant 28 ans, en effet, il a exercé la profession de journaliste. Pas de quoi cependant allécher l'intérêt du documentariste Claude François. Dans ce portrait de pellicule où il se raconte, Wergifosse se refuse d'ailleurs à tout commentaire sur cette activité, sinon pour dire qu'elle lui a apporté Léa, la femme de sa vie, rencontrée à la rédaction. En fait, ce charmant vieux monsieur que l'on voit chez lui, assis…
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Dans un univers moyenâgeux, un fermier plutôt démuni vend son âme au diable contre une fortune assurée. Mais il a la présence d'esprit d'y mettre une condition : pour que le contrat soit valable, il est impératif que toutes les feuilles des arbres soient tombées. On retrouve ici le plaisir rare de voir un court métrage d'un genre pratiquement disparu : un peu d'épée, beaucoup d'effets maléfiques et magiques et en fin de compte un conte pour enfants qui se nourrit d'un peu d'écologie, de quelques valeurs humaines et d'une dose d'impertinence pour oser braver celui qui normalement est plus fort que soi. Pour ma part, je regrette le format 1/66 qui réduit…
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Le temps passe et on se lasse : de la famille, des conventions, de son couple, de soi-même. Le film a le mérite de soulever LA question : derrière quoi courrons-nous ? Saint-Nicolas, habitué au 6 décembre, doit combiner avec les agendas de tout le monde et espérer qu'en mars on lui fera encore un bon accueil. En observant les trois générations qui se montrent à nous, de l'enfant à la grand-mère, ce sont les intermédiaires qui nous pourrissent la vie. Ceux qui ont des enfants tentent d'assumer et finissent par se souvenir qu'ils en ont un. Les autres critiquent forcément les premiers et oublient qu'ils sont démunis de cet enfant-là justement. Finalement,…
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L'Atelier Zorobabel nous a habitués depuis quelques années à un travail d'animation tout en rigueur et en finesse. Leurs personnages de prédilection restent avant tout les marionnettes articulées par un collectif de passionnés.Ici, l'univers est restreint à un huis clos pesant et mystérieux. Un homme visiblement mal dans sa peau, complètement perverti par une forme de parano aiguë s'en prend à tout ce qui bouge autour de lui : ses deux enfants. Le scénario est noir à souhait et c'est l'animation qui nous tire d'un imaginaire que nous aurions pu transposer en live sans difficulté. En quelques minutes tout est dit et, seul petit regret, la fin reste malgré…
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7', fiction expérimentale, noir et blanc, 35mm, 2003
Au tout début du monde, il y eut les instants de la création et Dieu y travailla ferme pour parvenir à mettre un peu de vie sur notre belle planète. En fin de création, en pleine jouissance, il opta pour donner à la terre une petite chose qui va s'avérer essentielle dans notre vie à tous : la Bintje. (une patate mais pas n'importe laquelle !)Dans un décor tiré tout droit de la Genèse, Eve (Cécile) et Adam (Jean-Yves) se rencontrent comme à l'origine, nus et curieux, reniflant leurs odeurs et touchant ici et là de petites choses érectiles. Dans un chaos indescriptible, un attroupement de femmes…
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Fuck the legend
Fondé en 1951 par Julian Beck et Judith Malina, le Living Theatre explose la scène théâtrale dans les années soixante. Pressentant qu'un autre monde serait possible, il s'attaqua à toutes les bornes de la société bourgeoise, pourfendant l'autorité, vilipendant l'armée, proposant une sexualité libre et débridée, inventant une poésie en révolte faite de corps et de cris, poussant le geste théâtral jusqu'à son extrême provocation, le happening total, avec ce projet formidable : être la vie même. Vague déferlante de passions créatives, sans cesse en état de rébellion,…
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Heureux Cifas ! Le Centre international de formation en arts du spectacle qui, il y a peu, fêtait joyeusement ses vingt années d'existence et présentait pendant deux jours quelques-unes de ses réalisations où l'on pouvait voir entre autres deux films de Raoul Ruiz, produits à son initiative, Le professeur Taranne datant de 1986 et le tout récent Vertige de la page blanche.
Conçu dans le cadre d'un stage de direction de comédiens, Le vertige de la page blanche est une aventure étonnante tant par la singularité de son processus de création que par la qualité de sa réalisation. Le travail de Raoul Ruiz y est exemplaire de ce que le cinéma a de plus passionnant…
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Une énigme irréductible
Il y a cinquante ans, Helga et Yann, sans se connaître, fuyaient leur pays natal et trouvaient refuge en Belgique. D'origine juive, ils emportaient avec eux les blessures d'une période noire et douloureuse où chacun à sa manière avait été frappé par l'horreur et la mort violente. Ayant connu l'exil et les difficultés de se voir acceptés dans un milieu où ils étaient d'abord l'étranger avec tout ce que cela suppose d'indifférence, d'incompréhension et trop souvent de mépris, ils vivent aujourd'hui dans un quartier populaire de Bruxelles où se rencontrent un grand nombre d'immigrés…
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