Rencontre dans le cadre du Festival Méditerranéen de Bruxelles du réalisateur de Viva Laldjérie.
Cinergie : Votre film montre une Algérie qui commence enfin à panser ses plaies, à se découvrir une nouvelle liberté.
Nadir Moknèche : Oui, c'est ça ! C'est vraiment une volonté de ma part de sortir l'Algérie de son isolement et de la montrer comme elle est... De sortir des clichés, des pensifs, et de montrer comment les gens vivent de façon quotidienne, comment ils arrivent à s'en sortir après toutes ces années de terrorisme : par les combines, le système D, la surenchère, les satisfactions immédiates.…
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Belle, bien campée sur ses deux jambes, fonceuse car la vie le veut ainsi, débrouillarde et autoritaire avec sa mère Papicha (Biyouna), pour la préserver de son délire mélancolique d'ex-chanteuse de cabaret, Goucem, incarnée par Lubna Azabal, comédienne belge d'origine marocaine, est une jeune fille romantique qui rêve d'amours éternelles, de bonheur et d'enfants mais qui doit se contenter d'être rebelle et ambitieuse dans cette Algérie où l'on disparaît sans plus d'inquiétudes, où les artistes sont des parias, où l'administration se plaque sur une structure féodale et où les jeunes filles et jeunes garçons se déchirent…
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Le Temps du pardon
Quelques dates pour servir de repères. D'avril à juin 1994, le Rwanda est le lieu d'un effroyable génocide. Plus d'un million de Tutsi et de Hutus modérés y sont massacrés dans l'indifférence générale. Sept ans plus tard, en avril 2001, se déroule à Bruxelles, le procès dit des "Quatre de Butane" qui voit quatre présumés génocidaires reconnus coupables et condamnés à de lourdes peines de prison. Au cours de ce procès des veuves d'un petit village rwandais, Sovu, trouvent le courage de venir témoigner et racontent ce qu'elles ont vécu. Pour elles, sans justice, il n'y a pas réconciliation…
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Cinergie : Comment avez-vous rencontré Nadir Moknèche ? Lubna Azabal : Par l'intermédiaire d'un attaché de presse qu'on avait en commun. Moi j'avais vu « Le Harem de Mme Osmane », et lui « Loin ». Il voulait qu'on se rencontre. Ca a tout de suite bien collé. Il m'a parlé du personnage de Goucem et du scénario, et ça m'a tout de suite plu parce que j'étais totalement surprise par cet Alger que je ne connaissais pas. Et puis Nadir parvient à parler de choses très dures et très fortes avec finesse, intelligence et légèreté.
C : Vous sentez-vous proche du…
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Rien à voir, tout à regarder
Pertinence du cinéma qui emporte le regard et le fait voyager. Nous sommes dans le petit village de Kuma Konda au Togo à la veille de l'an 2000. Devant une épicerie des hommes et des femmes se parlent. Nous ne comprenons rien et pourtant nous sommes-là. Un peu comme ces enfants que nous découvrons, passé la grand'rue, dans cette école de tôle et de ciment, attentifs et surpris face aux mystères du système digestif des ruminants. Plus loin un homme repeint à la brosse la façade d'un bâtiment. Il n'ignore pas la caméra qui le filme et déjà dans les regards qui se croisent, une complicité s'installe…
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Un peu de fièvre
Le premier plan nous fait découvrir un archet qui glisse sur les cordes d'un violoncelle. Nous entendons le largo de la 5ème Sonate pour violoncelle d'Antonio Vivaldi. Le plan s'élargissant, nous découvrons Alexandre, instrumentiste, travaillant avant le concours qu'il passe le lendemain au Conservatoire. Son professeur s'exclame, derrière lui : « A aucun moment je n'ai entendu de la musique, instrument que vous avez choisi lorsque vous avez perdu votre voix ! » Le tout suivi d'un flash back qui nous montre Alexandre à 13 ans, chantant en soliste, l'Agnus Dei de la Messe du couronnement de Mozart. C'est le thème du film :…
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Un cocktail détonnant
Le principe du jeu est simple : vous avez trois armoires correspondant à trois lieux (la ferme, le bois et la savane), et dans chacune de ces armoires, trois bouteilles, chacune équivalant à un personnage. Une infinité de mélanges s'offrent à vous. Tous à vos shakers !C'est selon ce principe que Fabrice Luang Vija choisit de nous conter trois - chiffre fétiche, mais bon, il faut bien se limiter, il s'agit d'un court-métrage tout de même ! - trois, donc, petites fables, partant chacune de la même situation de départ : une poule picore tranquillement avant de se trouver face à un prédateur sorti du bois. Ce seront le loup…
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Miam Miam
Le nouveau film de Roland Lethem est une histoire d'amour physique, sensuelle. Une femme (une forme humaine de sexe féminin ?) est étendue sur un lit et un homme va l'aimer, avec sa bouche, avec sa langue, son nez, ses oreilles ( l'emploi extrêmement dynamique de la bande son confère au film une importante dimension supplémentaire), avec son estomac, son ventre, tout son corps. Bien entendu, on est dans l'univers fantasmatique de Roland Lethem. On se doute bien que les choses ne seront pas exactement comme elles devraient être dans la morale bourgeoise. Et même, on risque fort de s'attirer les foudres des intégristes de la position du missionnaire. Mais le réalisateur…
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Quelque chose dans le noir
Dans l'obscurité de la route, trois hommes enfermés dans une voiture cherchent le chemin pour se rendre à une fête. Soudain ils écrasent une blonde qui fait de l'auto stop. Si ça vous dit quelque chose, ce n'est pas par hasard. Le premier court-métrage de Jean-Jacques Goffinon est en fait inspiré du livre Il y avait quelque chose dans le noir qu'on n'avait pas vu de Thomas Gunzig (Prix Rossel en 2001) Et, je vous l'avoue, s'il y a quelque chose dans le noir du cinéma belge, c'est bien l'apparition d'un nouveau talent. Mais en quoi consiste exactement le talent de Goffinon? Deux mots peuvent définir son premier " opus…
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Bienvenue à Gattaca
Dans un petit parc d'une grande ville anonyme, Stan savoure la vie. Jeune, brillamment diplômé d'une école de commerce, publiciste plein d'avenir au centre commercial, apprécié de ses collègues et de ses voisins, sans souci matériel, Stan est l'exemple parfait de la réussite néolibérale. Un incident banal va cependant troubler l'harmonie de sa journée : lors de son arrivée à son bureau, les portes automatiques refusent de s'ouvrir à son passage. En consultant un ami électronicien, il apprend que les senseurs qui en commandent l'ouverture ont été récemment remplacés…
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Triangle dramatique
Norah est une adolescente convaincue que tout acte que l'on pose dans la vie entraîne une autre action en miroir quelque part dans le monde. … ? Un exemple et vous allez comprendre. Un jour, la petite Norah assiste à la télévision à l'accident de son idole, le coureur automobile Nico Marcuse. Pendant que ce dernier, à l'hôpital, lutte entre la vie et la mort, la petite fille croise très fort les doigts, persuadée que si elle les croise assez longtemps, le pilote sera sauvé. Hélas, elle décroise, juste un instant, ses doigts et quelques minutes après, Nico Marcuse succombe à ses blessures. Norah est désormais persuadée d'être…
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Débuts
Chantal Akerman: Mes premiers chocs cinématographiques ont été la vision de Pierrot le fou, à quinze ans, et, un peu plus tard, la découverte du cinéma expérimental américain. Je devais avoir vingt et un ans à l'époque et ça m'avait très fort impressionné. Je n'imaginais pas qu'un cinéma comme ça puisse exister, où tout pouvait être exprimé avec une telle force sans raconter d'histoire, avec ce qu'on pourrait appeler, avec beaucoup de guillemets, du "cinéma pur". C'était comme découvrir tout d'un coup qu'il existe un art contemporain au cinéma aussi. Parce que le cinéma…
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Mante amante à l'amende
Une surprise cette année au programme du Festival international du Film Fantastique de Bruxelles : le spectateur attentif repère un long métrage belge : le Festin de la mante. Ce n'est pas tous les ans que notre pays peut proposer une production susceptible de se voir retenue dans cette programmation de puristes des films de genres. Et on n'attendait pas son réalisateur, Marc Levie, à pareille fête. On le connaissait surtout pour ses travaux publicitaires et pour avoir produit et réalisé nombre de téléfilms de la très kitsch Série Galante, des séances éroticoquines, quoique très familiales, qui firent les belles nuits du…
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Le film
Any way the winds blows n'est pas sans évoquer le microcosme artistique qu'entretenait Andy Warhol à la Factory. Tom Barman y fait clairement allusion. Sauf - et c'est important de le souligner - qu'il s'agit chez Tom Barman du milieu arty et bohème d'Anvers à l'aube du millénaire saisi sur un tempo planant et cool, par le leader de dEUs qui nous entraîne à la suite de huit personnages dans un film choral et chorégraphié en autant d'histoires entrelacées au gré du vent. Des tranches de vie se déroulant sur une période de 32 heures, en été, d'un pas nonchalant, dansant ce qui nous amène au second clin d'oeil :…
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Plein soleil sur une campagne verte et abondante. Forcément les feuilles ne tombent pas encore... au contraire du riz. C'est le mariage du frère de Jacques. Les hostilités commencent sur le perron de l'église avec le défilé, deux par deux des invités et de leurs mines expressives. En contrebas, un photographe, le cousin du Jacques, se démène avec un plaisir évident à maintenir le rythme d'une photo toutes les deux secondes. Enfin, façon de parler. Jacques est imperturbable. Faciès du style Nain Grincheux, au bras de sa Nénenne (traduisez « grand-mère », « boma » pour les Bruxellois de nos lecteurs), Jacques est le garçon…
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