De la poussière à la poussière…
Regard éminemment politique et brûlant que celui qui ose aujourd’hui ramener l’animal au cœur de l’homme. Et c’est à travers la mort, celle qui affecte au corps son dernier devenir, uniquement organique, que Sacha Kullberg s’y attelle avec force et détermination dans un premier documentaire, Une philosophie des yeux fermés, découvert lors de sa projection en avant-première, au Beursschouwburg, ce mardi 14 février. Mais paradoxalement, au lieu de nourrir une autre vision du réel, plus le film avance, plus il se fige, glacé dans la démonstration réitérée.
À l’ouverture, un instant vibrant…
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Dans le titre du film, tout est dit : le personnage principal étant un mobile home, un lieu de séjour itinérant. Les habitants ? Deux trentenaires qui, voyant les années s'écouler à grande vitesse, décident de rattraper leurs rêves d'adolescents, quand ils passaient des nuits blanches à noircir du papier gras et remplir des casiers de vidanges de bière, à chanter et gratter les cordes de leur guitare. A l'âge tendre de la peau délicate et du regard clair, le sac à dos et la tente étaient des éléments superflus à la panoplie du globe-trotteur. Une dizaine d'années plus tard, on pense à préserver ses os et ses muscles et on opte pour… Lire l'article
Depuis plusieurs dizaines d'années, l'arrivée sur le marché de caméras domestiques a permis à d’innombrables foyers de découvrir en leur sein un parent endossant, le temps d'un baptême ou d'un séjour à la mer, la casquette d'un Renoir du dimanche. Combien de réalisateurs se sont découverts une vocation devant les vieilles bobines de super 8 de papa remisées dans un coin du grenier ? S'il n'est pas toujours évident de trouver dans ces petits films amateurs l'intention et le panache qui les rendraient soutenables hors du cadre restreint de la famille, leur ontologie sociale mérite pourtant que l'on s'y arrête. Le cinéma des… Lire l'article
Réunir dans un court-métrage Laurent Capelluto (Rien à déclarer, Où va la nuit…), Sophie Quinton (Miss Montigny, Poupoupidou…) et Mourade Zeguendi (Les Barons), telle a été la petite prouesse du réalisateur Manu Coeman, lauréat cette année du Magritte du Meilleur documentaire pour LoveMEATtender.
C’est en tendant une oreille chez son …coiffeur que Manu Coeman a vu germer l’idée de ce qui constitue son retour en fiction, quatorze ans après Ketchup, un autre court métrage qui fut multi-primé à l’époque, notamment au FIFF. "En fait, précise le réalisateur, j’étais en pleine écriture de Half & Half, mon prochain…
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Mort au mois de juillet 2012, à 91 ans, Chris Marker est un écrivain, illustrateur, traducteur, photographe, essayiste, critique, poète, producteur et réalisateur de nombreux films.
Assistant d'Alain Resnais sur Nuit et brouillard (1956), Chris Marker, habitué de la petite salle de la Cinémathèque royale de Belgique, réalise, en 1962, un film de vingt-huit minutes d'images fixes accompagnées d'un commentaire en voix off, La Jetée.
La Jetée est un film expérimental de science-fiction apocalyptique (présenté comme un photo-roman) dans lequel les cinéphiles bruxellois ont pu reconnaître Jacques Ledoux, fondateur avec André Thirifays de la Cinémathèque.…
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« La vérité subsiste éternellement. » (Blaise Pascal)
Le Havre, une ville reconstruite après la guerre 40-45. Une ville portuaire dans laquelle les bateaux sont plus grands que les immeubles, au point de boucher la perspective vers la mer. Une nuit, une jeune fille est poignardée en bas de l'immeuble. La police enquête, mais personne n'a rien vu et rien entendu dit-on. Il s'agit du pacte du silence d'une communauté qui a entendu les cris atroces de la jeune fille assassinée, près de chez eux mais qui ne veut pas en supporter les conséquences. Le mensonge semble se consolider ad vitam aeternam, lorsque surgit une journaliste particulièrement futée qui pratique le journalisme…
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Mary Jimenez, la zone aveugle et visible de la vie au studio 5 de flagey, Cinematek, programme dans un cycle intitulé Docu-mentaires, des films de Mary Jimenez. Quel est donc le déclic qui a poussé, une jeune péruvienne, née à Lima, étudiant l'architecture, la peinture et la musique à venir à Bruxelles (à L'INSAS), pour apprendre à réaliser des films ?
Une mémoire flottante comme relais vibrant d'un songe ? Peut-être bien. Un jour dans un rêve, nous confie-t-elle, elle décrypte à travers les images d'une femme qui bouge comme au ralenti, son désir de les porter à l'écran. Elle nous précise : « on…
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« Entre 2000 et 3000 expulsions en France depuis le début de l'été », « 1595 arrestations durant la chasse aux sans-papiers du week-end à Athènes », « Naufrage d'une embarcation près de Lampedusa, une centaine d'immigrants à bord ». Ces chiffres que l'on retrouve quotidiennement dans la presse, se perdent parmi d'autres drames, dans le flux assommant d'une information qui finit par tout déshumaniser. Au-delà des annonces de politiques "responsables" et des procès moraux de comptoir aux relents de gros rouge, une réalité s'impose, difficile pour beaucoup à concevoir, impossible à accepter.
On a…
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Jean-Claude Neckelbrouck livre ses souvenirs de cinéma, depuis ses classes avec André Delvaux, ses études à l'INSAS, une des premières promotions et son expérience de stagiaire sur les plateaux français. Un monde d'images en création. Lire l'article
Alors que sur les écrans l’acteur français Melvil Poupaud déambule en tailleur et talons hauts dans le dernier film de Xavier Dolan, Laurence Anyways, la collection Belfilm ressort de ses tiroirs magiques Jean Gina B. de Jean-Pol Ferbus, un film de 1984, retraçant le parcours de Jean Bella devenu Gina.
Commençons par le commencement, et le commencement a presque toujours une origine mythologique. Le jeune Tirésias, au cours d’une promenade, bute sur deux serpents entrelacés. D’un coup de bâton, il tue la femelle et se retrouve immédiatement transformé en femme. Sept ans plus tard, c’est dans la peau féminine que Tirésias tombe de nouveau sur deux serpents. Tuant le mâle, Tirésias…
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Dans un pays où l'expression « cotisation de solidarité » rime avec « refuge fiscal des grosses fortunes », les antinomies ne font pas exception. Ridicule contradiction pour certains, droit à la liberté pour d'autres, la démocratie admet les opinions les plus hétéroclites. Comme les opinions, le cinéma joue sur les variations. La diversité est une richesse qu'il faut entretenir sous peine de morosité. Les divers et multiples modes de conjuguer la création existent (encore), il suffit d'aller les chercher. Mais aux freins culturels s'additionnent souvent les barrières économiques. Dans ce contexte, on ne peut que souligner avec enthousiasme…
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Salaam Ispahan de Sanaz Azari a la singularité de l'espace temps différent entre l'Orient et l'Occident. Les plans du début , nous mènent dans les rues et au final on aboutit aux toits. Du bas vers le haut puisque l'un est l'espace public et l'autre l'espace privé. Le jeu du cadre photographique qui veut arrêter le présent tout en se servant du mouvement qu'offre une caméra de cinéma. Un zig-zag entre la perspective et l'aplat. Questions et réponses à la réalisatrice dans les rues de Bruxelles, un autre Ispahan.
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À quelques semaines de son départ pour le Chili, nous rencontrons Hubert Toint, qui règle les derniers détails du tournage de Mirage d'amour, tiré du roman éponyme de Hernan Rivera Letelier.
Hubert Toint : Tout a commencé quand j'ai coproduit le troisième film de Bernard Rapp, Pas si grave, une très chouette histoire de fratrie. Il était venu tourner en Belgique, et c'est comme ça qu'on est devenu amis avec Didier Crest, son coproducteur. Didier voulait produire un projet de Bernard Giraudeau, Mirage d'amour. J'ai directement été associé au projet. J'ai trouvé que c'était un des plus beaux scénarii que j’avais lus depuis très…
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Décédé le 7 août 2012, Luc de Heusch ne fut pas que l'assistant d'Henri Storck qui lui enseigna une certaine éthique du cinéma en tant que témoin du réel entre 1947 et 1949 (Au carrefour de la vie), il fut surtout écrivain, cinéaste, ethnologue…un grand essayiste de son temps.
Le déclic cinématographique
Etudiant d'Anthropologie à l'Université Libre de Bruxelles, il découvre le cinéma à l'Ecran du séminaire des Arts, animé par Henri d'Ursel et André Thirifays. Ils lui font rencontrer Henri Storck. Il nous avait confié : « Ce fut lui l'étincelle... Je cherchais du travail pour payer…
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