L'Indispensable revue Bref
Comme l'ensemble de la presse écrite sur papier, la revue Bref ne se porte pas bien (1). Elle a réduit les publications annuelles de six à quatre numéros. Pourtant, on voit mal les dossiers de cette revue singulière dans le mass marketing du rouleau compresseur d'Internet.
Aujourd'hui que les films majoritaires sont devenus aussi futiles et détachés de la vie de ceux qui la construisent, il existe encore des films marginaux de résistants – pour paraphraser Gilles Deleuze - qui nous montrent la présentation du monde plutôt que la doxa de sa représentation, autrement dit qui arpentent la réalité dans laquelle on vit et transmettent une…
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De la naissance des dictateurs
L’Expérience Blocher est un face à face entre un réalisateur et le leader populiste Christoph Blocher, milliardaire à la tête du parti suisse du peuple, qui aura conquis, en moins de 20 ans, près d’un tiers de l’électorat. Une fable sur le pouvoir à l’heure où, dans l’Europe en crise, se lève le vent des nationalismes.
Qu'est-ce qui est le plus triste : être dépourvu d'intérêt pour la « polis », enfermé dans sa bulle domestique, ou défendre l'ostracisme, le repli sur des valeurs identitaires avec, pour corollaire, la haine de l'étranger, source de tous les maux ?
« Indignez-vous »,…
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Ceux qui s'enfoncent dans l'oubli
De l'autre côté du téléphone, des gens vieillis, malades, isolés, ne savent plus allumer la lumière, sont coincés sous une chaise, ne peuvent pas quitter leur lit ou ont oublié leur nom. En face de nous, sur l'écran, des femmes et des hommes répondent à leurs appels, les guident dans la nuit perpétuelle qu'ils habitent, celle de leur solitude et de leur isolement.
À partir d'un dispositif narratif plutôt simple, Au secours nous entraîne, avec beaucoup d'intelligence et pas mal de pudeur, aux abords de ceux que guettent la mort et l'oubli.
Une fois seulement, Alexandra Laffin passe de l'autre côté…
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Remise des prix des lycéens 2014 en présence de Matthieu Donck, Bouli Lanners, Stephan Streker, François Pirot et Marc-Henri Wajnberg. Lire l'article
La puissance et la joieDans le vif et violent bordel d’un quartier pauvre de Kinsasha, les shégués, ces enfants qu’on balance à la rue sous prétexte qu’ils sont sorciers, nous embarquent dans une fiction en forme de docu d’une vitalité très précieuse et d’une intelligence rare. Une heure et demie de bastringues et de bastons, de cris et de musiques, d’éclats de violence et de joie…
Marc-Henri Wajnberg serait plutôt documentariste, et si son premier film (Just Friends) était une fiction raide dingue de jazz, elle était en partie nourrie (c’est lui qui le dit) par le travail génial et hors normes du grand maître Peter Watkins (Punishment…
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Quand le silence crie et qu'on avance à reculons
Après La mer monte, coréalisé avec le réalisateur français Gilles Porte en 2004, Yolande Moreau se lance seule dans la réalisation de son deuxième long métrage : Henri. Seule, oui, mais bien accompagnée, Henri est interprété par le metteur en scène italien, Pippo Delbono.
Rencontre improbable entre deux êtres atypiques, entre le langage cinématographique et le langage scénique, entre le burlesque belge et le théâtre brut italien.
Henri et sa femme, Rita, tiennent un petit resto à Charleroi, La Cantina. Les habitués vont et viennent. Le pâté saute de plat en plat, les nappes sont…
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Edgar Reitz, né en 1932 en Allemagne, est un auteur réalisateur célèbre pour ses films sur la vie contemporaine de ses concitoyens dans le Hunsrück. Sa trilogie Heimat (1973-2006) embrasse l’histoire politique, sociale et culturelle de son pays au XXe siècle, racontée à travers celle de la famille Simon, originaire d’un village fictif, Schabbach. Une œuvre monumentale, unique dans l’histoire du cinéma. Internationalement reconnue, elle a été saluée par les spectateurs allemands pour sa puissance narrative, la pertinence de ses analyses historiques, la sensibilité de ses portraits.
Die Andere Heimat (2013) constitue un retour aux sources, une chronique originelle de la famille…
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Le charme peu discret de la bourgeoisie
Depuis sa sortie, La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino croule sous les récompenses, entre autres, le Golden Globe du meilleur film étranger et l'Oscar du meilleur film étranger. Après la satire nationale politique avec Il Divo et le road-trip américain avec This Must Be the Place, le réalisateur italien s'attaque à Roma, la belle, la puissante, la jouissive, la décadente, avec ce dernier film.
À Rome, donc. Jep Gambardella est un homme charismatique et séduisant, malgré les premiers signes de l'âge. C'est l'homme à connaître, celui qu'il faut côtoyer, celui avec qui il faut discuter, celui chez qui il faut aller danser.…
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