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Henri Xhonneux

Henri Xhonneux

Décédé le 22/03/1995

Métier : Réalisateur

Date de naissance 12/06/1945

Biographie

Henri Xhonneux est né en 1945 à Eupen (Belgique). Passionné de cinéma, il suit les cours de l’Institut des Arts de Diffusion (IAD) à Bruxelles. C’est là qu’il rencontre Eric van Beuren, mais ni l’un ni l’autre ne se doutent encore que leur amitié étroite les destinera dès lors à parcourir ensemble la plus grande partie du chemin qui s’ouvre devant eux.
Au terme de sa formation, Xhonneux prend une caméra en mains et part en Afrique pour faire ses premières armes de cameraman pigiste sur le tournage de journaux d’infos et de documentaires. En 1970, épris d’indépendance, les deux amis décident de créer leur propre société de production, « Y.C. Aligator Film ».
Entre 1983 et 1985, la série Téléchat réunira le tandem Xhonneux/van Beuren avec Roland Topor pour leur première entreprise commune, suivie dans la foulée par le début de leur collaboration sur le Marquis, qui sera le dernier film d’Henri Xhonneux.
A peine six ans plus tard, en 1995, il décède à l’âge de 49 ans.

Filmographie

Marquis

Marquis

Réalisateur(-trice)
animation
1989
 
Souvenir of Gibraltar

Souvenir of Gibraltar

Réalisateur(-trice)
fiction
1975
 
Et ma soeur ne pense qu'à ça

Et ma soeur ne pense qu'à ça

Réalisateur(-trice)

1970
 

Le déclic...

Henri Xhonneux

Ce que les yeux voient et que la raison ne peut croire
Un soir d'hiver par une nuit pâlotte, les jambes endolories, je descendais la rue Lamberts. Les pantoufles moites et le short blanc dans mon sac de gymnastique accroché à l'épaule, je dégustais un cornet de frites à cinq francs plus un franc de mayonnaise. Le paquet entouré de papier journal me réchauffait les mains et l'estomac; le meilleur repas du monde lorsqu'on a dix ans... En passant à la hauteur de la devanture du cinéma Rio, je remarquai que le week-end prochain on allait y "jouer", comme on disait dans mon village de Welkenraedt (5.000 habitants), Samson et Dalila d'un certain Cecil B. De Mille. Jamais je n'avais encore eu le droit d'aller voir un film. Mes parents, bouchers-charcutiers de leur état et catholiques pratiquants, considéraient le cinéma comme "une affaire de femmes nues et d'histoires de voyous."
D'après l'affiche, le slogan publicitaire et les photos - huit de chaque côté - exposées dans les deux vitrines encadrant l'entrée, ce film-ci s'inspirait manifestement du peu que je connaissais de la Bible (je fréquentais le catéchisme). L'idée me vint en croquant les dernières frites croustillantes coincées dans la pointe du cornet... Le lendemain, je rentrai de l'école flanqué du grand Noël, de deux ans mon aîné (j'ai toujours eu pour mon meilleur ami un doubleur, jamais un premier de classe). Ma mère l'aimait beaucoup car il était orphelin et, de plus, un enfant de choeur zélé. Il argumenta avec brio :comme il s'agissait d'un sujet religieux, le film ne pouvait me faire de mal, au contraire, il allait m'instruire et même, disait-il, m'élever l'âme. J'avais peur qu'il n'en fasse un peu trop. Observant ma mère du coin de l'oeil, je la sentis cependant prête à fléchir. Je disposai négligemment mon bulletin ouvert sur la table de cuisine. Même en mathématiques, j'avais la moyenne supérieure. Elle céda. Matinée, dimanche, 15 heures. J'y étais ! Calé dans mon fauteuil en bois, je vis donc apparaître à l'écran Dalila - Hedy Lamarr -, uniquement vêtue de voiles qui me semblaient totalement transparents. Ma mère avait donc raison ! Ensuite, l'histoire s'emballa et m'emporta. Un tourbillon. Ruse, jalousie, injustice... Ce que les yeux voient et que la raison ne peut croire. C'est au moment où Samson - Victor Mature - décimait les Philistins à coups de mâchoire d'âne après avoir brisé ses chaînes d'esclave, que, comme seuls les enfants de cet âge en sont capables, je pris ma décision définitive et irrévocable. Je ne serais ni architecte, ni prêtre, ni avocat. Je ferais des films. Les chemins pour y arriver furent moins catholiques ! Mais les voies du Seigneur étant impénétrables, tous les chemins mènent à Rome surtout lorsqu'ils passent par le pieux Institut des Arts de Diffusion.

Henri Xhonneux