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Manuel Poutte , Tremblements lontains

Publié le 11/03/2010 par Dimitra Bouras et Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

Comme beaucoup de réalisateurs belges, Manu Poutte construit ses films entre réalité  et fiction, l'un n'allant pas sans l'autre, comme les deux jambes d'un même corps. Un de ses films le montre avec force : Moï Den O (1994, 34') dans lequel un obsédé du travail, bloqué dans un embouteillage, confronté à l'oppressante réalité sociale, à son insignifiance temporelle, à deux pas du suicide symbolique renait en découvrant le monde dans un parc. Outre les superbes images dans un travelling à 360 degré et l'aspect sonore (le vent, les feuilles qui vibrent, les cris des enfants, les pas des gens), le film nous fait découvrir, à travers ce personnage proche du trauma de Karen à la fin de Stromboli de Rossellini, l'étrangeté, la vie, et la beauté d'un monde qui ne cesse de créer minute après minute une croyance à son égard. On comprend mieux le parcours cinématographique de Manuel Poutte, et sa volonté d'aller au-delà des paradigmes de la post-modernité consumériste. Qu'est-ce que l'humain ? Comment peut-on vivre humainement dans ce monde qui est le sien et le nôtre ?  

Cinergie : Avant de te lancer dans le cinéma, tu as fait des études de philosophie. Est-ce parce que tu doutais vouloir faire du cinéma ? 

Portrait de Manuel Poutte, réalisateurM. P. : Ce choix a été involontaire. J'ai été refusé deux fois aux examens d'entrée en cinéma, alors j'ai choisi de faire la philo, plus proche de mon esprit de révolte de l'époque. Je m'étais présenté à l'INSAS à 17 et 18 ans, jeune, trop jeune, révolté, totalement punk, avec des cheveux de toutes les couleurs, des épingles à nourrices dans le visage. 
Avec le recul, je me rends compte que ce n'est pas plus mal que je ne sois pas entré  à l'INSAS. Je n'étais pas dans l'état d'esprit de me soumettre à une scolarité exigeante. La philo à l'université, c'était la liberté. Je suivais les cours que je voulais, je passais mon temps à refaire le monde, à faire de la musique, à écrire et à aller au cinéma.
Je n'ai jamais eu l'intention d'être philosophe. Les études et les gens qui étudiaient la philo étaient trop sérieux pour moi. J'ai appris le cinéma en autodidacte. C'est un peu une constante dans ma vie, apprendre en autodidacte, et je le regrette aujourd'hui. Pour la première fois, aujourd'hui, je prends des cours ! Ce doit être un rapport au père, à la figure du maître que j'ai très longtemps refusée. J'avais cette prétention d'avoir le savoir inné, et de vouloir tout apprendre par moi-même. Maintenant, je reconnais que vouloir apprendre par soi-même a ses limites et demande plus de temps.

C. : Ne crois-tu pas que la philosophie est en train de renaître ? 
M. P. : La philosophie essaye de comprendre le monde et de mettre en pratique des idées. C’est-à-dire que la philosophie n'est pas seulement théorique. C'est un des reproches que je faisais à l'institution universitaire. La philosophie doit être vivante, prendre des risques. C'est pour cela que je fais du cinéma, pour partager des idées, et essayer d'éveiller à l'aspect multidimensionnel de la vie, de l'existence. J'ai toujours lutté contre ceux qui essaient de faire croire aux gens que la vie et le bonheur, c'est juste le bien être matériel, accroître sa richesse matérielle.
Cela a toujours été un de mes moteurs. Alors oui, je fais du cinéma politique. La poésie est politique, parce que dans son attention aux petites choses, au presque rien de la vie, il y a un regard anti-matérialiste dans le sens monétaire du terme. Pour moi, la philosophie va de pair avec le cinéma. Le cinéma de divertissement ou la télévision sont dangereux, car ils sont là uniquement pour endormir les consciences, empêcher les gens de réfléchir à leur propre condition, leur existence. L'association culture et divertissement a toujours été pour moi dangereuse et tendancieuse. Ce n'est pas du tout la même chose, divertir et cultiver.
Bien entendu, la culture peut divertir tout en restant proche de l'essentiel. Cultiver, c'est aussi dans le sens de retourner la terre. C'est du travail, et aussi un plaisir dans le travail. La culture est quelque chose qui demande un apprentissage, qui prend du temps. On ne peut pas faire ça rapidement.   

C. : Donc si je résume. Tu dis qu'il y a de la culture de consommation, qu'on essaye de nous faire croire qu'elle est culturelle et de la culture où on apprend. Dans la dernière, on n'est pas dans la consommation, on est dans le temps.
M. P. : C'est cette notion de temps qui est essentielle. On est dans une sorte de surabondance de cultures. On a tendance à lire, regarder, et jeter aussi vite, on ne prend pas le temps de relire, de regarder à nouveau. Moi, je prends le temps de relire des livres parce que j'aime bien les revisiter, de la même manière que j'aime revoir des films. Mais cela peut être dangereux. J'ai vécu quelques cas récemment où j'ai été très déçu, et c'est douloureux d'être déçu par ce qu’on a aimé. C'est un peu comme les amours que tu as eus auparavant et que tu recroises plus tard sans comprendre comment tu as pu être amoureux ! Un même être peut aimer à la folie un moment, et rester complètement indifférent ensuite.   

C. : Quel est le film qui reste formateur pour toi, que tu peux revoir et qui reste un grand film ? 
M. P. : Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais, que j'ai revu récemment, ou L'âme sœur de Fredi Murer que je revois tous les deux ans. Mon plaisir n'est pas seulement de les revoir, mais aussi de les faire découvrir à d'autres. Dans Mon oncle d'Amérique, Resnais a réussi cette chose rare de mélanger l'approche philosophique intellectuelle sur le monde et une poésie immense, une émotion, une vérité existentielle très simple et très riche. C'est le film qui m'a fait découvrir que le cinéma pouvait être un art plein qui permet d'aller au-delà des apparences. Je l'ai vu à 16 ans, par hasard, dans le sud de la France, et je suis resté dans la salle pour le revoir tout de suite. Ça a été une révélation.  

C. : Comment as-tu fait ton premier film ? 
M. P. : J'avais besoin d'argent rapidement, alors je me suis fait embaucher comme cobaye pour des expériences médicales. Après avoir testé des médicaments sur les animaux, puis des détenus, on les testait sur nous. On passait 2 à 3 semaines dans un hôpital. Ça payait bien, l'équivalent de 3 à 4000 €, ce qui m'a permis de payer mon premier film ! Il a eu son petit succès, et il a été primé dans des festivals. Mon deuxième projet a été acheté par Marc Lévy, à mon grand étonnement. J'avais fait ce film avec des copains qui sortaient de l'INSAS, autoproduit et auto réalisé ! J'ai vite appris qu'en réalisation, tu ne dois jamais montrer que tu n'es pas sûr de toi. Même si tu ne sais pas comment faire, tu dois faire semblant que tu maîtrises la situation.  

C. : C'est à ce moment-là que tu as réalisé  La Sensation qui a été sélectionné à Cannes ?  
M. P. : Oui, je voulais faire un film autour de la mort. Ma mère était décédée, et cela m'avait beaucoup blessé. Je me suis retrouvé confronté à ce mystère qu'est la mort, alors que j’avais fait mon mémoire de philosophie sur la représentation de la mort au cinéma. J'ai toujours pensé que c'était très important de vivre avec la mort, c’est-à-dire d'avoir conscience de la finitude. Non pas que je sois morbide mais, au contraire, cela donne plus d'importance à la vie. J'ai voulu faire un film qui traite de la mort sous forme de comédie dramatique un peu absurde, et c'est de là qu'est né ce film, La Sensation. C'est l'histoire d'un voleur qui pénètre dans une maison. Il rentre dans une pièce pour cambrioler, et se retrouve dans une chambre mortuaire, sans le savoir. Il assiste au défilé des gens qui viennent rendre un dernier hommage au mort. Il découvre, par fragments, la vie du gars qui est couché sur le lit. C'est plus ou moins humoristique en fonction des situations. C'était vraiment lié à une question qui me tenait vraiment à cœur. 

C. : Et avec ce film qui te tenait à  cœur, tu es sélectionné et invité à Cannes. C'est la consécration pour toi, cinéaste autodidacte dès le début de ta carrière ! 
M. P. : J'ai l'impression de toujours rentrer par des portes dérobées. Pour le festival de Cannes, j’y suis allé avec la bande de Lux Fugit, Arnaud Demuynck, Catherine Motondo et Dominique Lohlé. On logeait dans une caravane à 30km de Cannes. On s'attendait à des soirées décadentes avec de la cocaïne et des filles à poil, et finalement très peu de ça… On était très déçu. Depuis, j'ai appris à relativiser les sélections dans les festivals ou les prix. Les choix sont tellement arbitraires, cela tient parfois à si peu de choses, parfois même à des malentendus.  

C. : Oui, sauf que moi je suis dans la salle lors de la projection de La Sensation et je vois le public et les professionnels qui sont subjugués.  
M. P. : Oui, tout à fait, mais il y a quand même une chose assez importante : c’est le public. J'ai remarqué que pour un même film, et c’est valable pour la Sensation, parfois le public est super enthousiaste, parfois pas du tout. J'ai l'impression qu'il suffit que des scènes fassent écho chez 3 ou 4 personnes pour emmener le public. Evidemment, il y a des films pour lesquels il n'y a pas de discussions, ça marche toujours, et d'autres pour lesquels ça ne marche jamais... Si tu vas voir les Ch'tis et que personne ne rit, je peux te dire que ce n’est pas drôle.  

C. : La Sensation a reçu le Prix spécial du Jury. Cela n'a pas dû te laisser indifférent. 
M. P. : C'est la même chose pour n'importe quel sportif qui gagne une épreuve, ou n'importe quelle personne qui gagne un prix. On ressent une énorme fierté. On espère surtout qu'avec un prix, les portes vont s'ouvrir plus facilement. Mais je n'ai pas su utiliser l'occasion, je n'en ai pas profité. Je n’avais pas un long métrage tout prêt. Au contraire, je voulais réaliser un film que j'avais déjà écrit, hyper conceptuel, un film contemplatif, et j'ai réalisé Moï den O. À ce moment-là, j'étais dans une approche assez nihiliste de la vie. J'étais accablé par l'existence. Et il se fait que j'ai vécu une expérience quasi spirituelle, de l'ordre de la contemplation, moi qui ne suis pas bouddhiste et n'appartiens à aucune confession. 
J'ai eu cette « révélation » que le désespoir n'est pas un problème en soi. Être désespéré, c'est ne plus avoir aucune valeur absolue, mais cela ne doit pas empêcher de mettre quelques valeurs relatives à certaines choses, et ces valeurs peuvent être très importantes. Tout à coup, le désespoir qui était vécu de manière très traumatisante et mortifère se transforme en un moment de vie. Je peux regarder la vie telle qu'elle est, goûter les choses. Je me rends compte que j'étais trop tourné sur moi-même, sur ma propre fin, sur mes propres déceptions, que j'étais pris dans un ego surdimensionné.
Je me suis permis de prendre simplement du plaisir, même si je n'étais pas grand-chose, ou plutôt parce que je ne suis qu'une infime partie de l'univers et que celui-ci ne dépend pas de moi. Cette petite expérience m'a redonné confiance dans la vie, et c'est devenu Moï Den O. C'est une expérience difficile à transmettre cinématographiquement, car comment transmettre l'invisible ? 
Moï Den O, c'est une réflexion sur le temps, la journée d'un gars qui, pour la première fois de sa vie, découvre que prendre le temps lui permet de découvrir le monde, de jouir du monde, d'être emporté par quelque chose de plus large. C’est quelque chose qui touche une dimension supérieure, quelque chose que n'importe qui peut toucher à n'importe quel moment. Pour cela, il ne faut pas croire au paradis ou à une vie après la mort pour donner du sens à l'existence. 
Je viens d'un milieu catholique très intransigeant, mon père vivait vraiment sa foi avec ferveur, on priait tous les jours au repas, il allait à la messe tous les jours, il aurait pu être moine missionnaire, mon père... Pour lui, Dieu c'était beaucoup plus qu'une croyance, une question de salut, c'était quelque chose qui l'accompagnait dans sa vie. Mon père venait d'une famille d'athées, mais il a eu une vision. Il a vu la Vierge Marie quand il avait 23 ans, et cela lui a donné une conviction profonde. Effectivement, ce n'est pas par hasard qu'il y a quelque chose de religieux dans chacun de mes films, même si je suis agnostique. 
Je me suis révolté contre mon père, mais pas à cause de ses croyances. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne m'a pas forcé à croire. Il a accepté mes doutes, il a essayé de me convaincre, mais il ne m'a pas forcé. Pour cela, je lui suis très reconnaissant. Par contre, je ne supportais pas l'autorité et c’était quelqu'un de très autoritaire. Alors, c'était la guerre ouverte entre nous.

C. : Tu utilises la spiritualité comme moyen d'expression de la révolte.
M. P. : C'est une définition dans laquelle je me retrouve assez bien, et je pense que la spiritualité, ça permet en tout cas d'échapper à soi-même, à une réduction de la vie, à sa propre existence. On est traversé par des forces qui sont plus fortes que nous. Finalement, on n’est pas grand-chose, on est juste le vecteur des forces qui nous dépassent, c'est un peu la thématique de mon film,  Tremblements lointains. La plupart du temps, on croit pouvoir contrôler, mais souvent, ce sont des logiques du passé familial ou social qui nous traversent. Nos actes véhiculent des forces bien plus fortes que nous, sans besoin de croire pour autant au surnaturel. Ça fait partie simplement du vécu, de nos générations précédentes.

C. : Pour nourrir tes documentaires, tu aimes rencontrer des personnes qui se battent pour vivre, tu cherches des résistants. 
M. P. : Dans un documentaire, on croit choisir un personnage pour ce qu'il est, et parfois, il se découvre totalement différent de ce qu'on imaginait. On le choisit sur des aspects qu'on croit deviner en lui, et il finit par nous échapper.

On ne parle pas assez de cette difficulté quand on fait un portrait documentaire. On met beaucoup d'espoir dans un personnage. Souvent, j'ai été déçu par la réalité, mais ce qui arrive aussi, c'est qu'après la déception, je suis à nouveau enchanté par mes personnages ou plutôt j'essaie de les faire sortir de leur réserve. Faire un film, documentaire ou fiction, relève également de la découverte de soi.

C. : Tu as un côté Deleuzien qui est de croire dans le monde. Deleuze dit qu'il faut arrêter d'être cynique si on veut faire de l'art et être dans la croyance du monde.
M. P. : Deleuze m'a beaucoup inspiré. Surtout L'image-temps qui est un magnifique livre sur le cinéma. Je pense que c'est un livre essentiel si on veut comprendre une certaine forme de cinéma. J'ai toujours essayé d'échapper à l'intellectualisme du cinéma. J'essaie d'avoir plusieurs niveaux de lecture, et aussi une lecture purement narrative, au premier degré.
Je ne veux pas être happé par le dogmatisme, par la tyrannie de l'histoire. Aujourd'hui, il y a une survalorisation du scénario. De ce point de vue, on vit un retour d'avant les années 70, où il n'y a plus que l'histoire qui compte. Même dans les documentaires de télévision, ils veulent de l'histoire, de la dramaturgie. On écrit des scénarios de documentaire comme des histoires de fiction, mais ça n'a aucun sens. C'est comme si on pouvait tout manipuler. La lenteur convient beaucoup mieux à une image grand écran, parce que c'est un tableau, et que c'est très différent de l'image télé. Je cherche, sans prétention, à révéler de l'invisible, parce qu’il n'y a que ça qui m'intéresse, le magma humain des valeurs, des consciences, des luttes du mal et du bien... C'est tout ça qui est intéressant. 

C. : Quelle est la place de l'écrit dans ta vie ?
M. P. : L'écrit est devenu une pratique fondamentale, parce qu'elle me permet de mieux comprendre ma vie au quotidien. Tu peux être au plus proche de tes émotions juste en ouvrant un carnet. Après, j'utilise tous ces carnets, je les retranscris cinématographiquement ou à travers des documentaires, en tout cas dans les intentions de mes films. L'écrit, c'est fondamental. D'ailleurs, cette immédiateté de l'écriture fait que parfois j'ai juste envie d'être écrivain. La machine cinématographique est parfois si lourde, surtout aujourd'hui où les films coûtent de plus en plus cher. Tout devient si difficile à mettre en place, parfois ça donne juste envie d'y renoncer, de partir sur une plage blanche et de tracer quelques lettres. Mais bien d'autres aspects du cinéma font que je continue. J'aime bien le travail en groupe, la rencontre, il y a plein de choses dans le cinéma que j'adore. Mais c'est sûr que je pourrais aujourd'hui arrêter et simplement écrire.  

C. : As-tu déjà publié ce que tu écris ?  
M. P. : J'écris des moments de ma vie que je pense suffisamment précieux pour les retranscrire, pas pour les publier. Mon journal intime est destiné à moi-même et, inconsciemment à ma mère, que j'ai perdue jeune. Depuis que je suis papa, je pense aussi à mon fils quand j'écris. J'aime beaucoup écrire les dossiers, même s'ils ne servent à rien. J'aime parler de la manière dont je voulais faire le film, comment il prend corps à travers les mots. C'est un travail d'orfèvre, tout le contraire du cinéma. Sur le plateau, tu dois gérer des personnalités, des caractères, des équipes, du matériel, des techniques, c'est énorme pour arriver à réaliser une image. C'est de l'art monumental, à l'inverse de l'écriture, qui est toute petite : un mot devant l'autre, un adjectif à la place d'un autre.   

C. : Quels sont tes projets dans un futur proche ? 
M. P. : J'ai plusieurs chantiers en cours. Un documentaire, Les Sens de la vie, dans lequel je vais à la rencontre de mes contemporains, des gens que j'aime et que je voudrais mettre dans la lumière. La question que je pose est comment donne-t-on du sens à son existence ? Quel bricolage mental met-on en place pour que la vie ait un minimum de sens ? Et il y a beaucoup de réponses, contrairement à ce qui existait, il y a trente ou quarante ans, où la religion était souvent la seule. Par exemple, j'ai une copine accoucheuse pour qui l'acte de naître est un acte magnifique. En discutant avec elle, j'ai découvert qu'elle croyait dans les mondes invisibles des elfes et des fées. Je n'aurais jamais imaginé cela venant d'elle, si pragmatique ! Un autre gars aussi que j'apprécie beaucoup vit comme un ermite dans une gare qu'il a aménagée, depuis trente ans. Elle se trouve au bord d'une voie ferrée abandonnée. C'est une sorte de palais magique dans lequel il a mis des objets magnifiques. 
Puis, je fais un autre film avec ARTE, la RTBF et le WIP sur une friterie, sorte de dernier lieu social existant à Bruxelles, où il y a un vrai mélange de populations. Des riches et des pauvres, des gens de toutes origines confondues s'y rencontrent. On n'est ni dans un restaurant chic, ni dans un café populaire. C'est un endroit où il y a encore une diversité sociale, ce qui est très rare à Bruxelles. J'ai pas mal voyagé et ce qui est très agréable en Inde, en Afrique, c'est la mixité dans la rue : les gens se parlent, se rencontrent... Le dernier lieu qui existe comme ça chez nous, c'est la friterie. Alors j'ai trouvé une friterie très vivante, une sorte de réceptacle de toutes les histoires. La dame qui sert connaît tout le monde, elle les fait parler, elle tient le rôle de psychologue sociale. 
J'ai aussi un projet en cours avec La Partie. Pour la première fois, je m'attaque à une comédie sociale. J'ai pris beaucoup de plaisir à  l'écrire. Je l'ai écrite en fonction de certaines personnalités. Disons que le casting est déjà réalisé. 
Enfin, j'ai encore un autre court métrage auquel je tiens et qui s'appelle Puni, l'histoire d'un gars qui est en liberté surveillée, avec un bracelet électronique autour de la cheville.C'est une réflexion sur la surveillance et sur une société qui nous met tellement sous contrôle qu'on n'a plus besoin de prison. Et je pourrais encore parler de l'un ou l'autre film qui commence à prendre forme, dans ma tête et sur le papier... 

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