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Dominique Wittorski

Dominique Wittorski

Métier : Réalisateur, Scénariste , Comédien

Ville : 77820 Châtillon la Borde

Pays : France

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Filmographie

Bosna Air-Lines

Bosna Air-Lines

Réalisateur(-trice)
fiction
2001
 

- "Correspondance " en 1993
- "Sans regrets éternels" en 2002, avec Yann Collette
- "Lux Fugit" en 2004
- "Sixième Ciel" en 2008 - Prix du meilleur acteur au festival de Cabourg

Le déclic...

Dominique Wittorski

Ma rencontre avec Dieu

Je suis né en 1965. Vous voyez, je remonte aux sources. La question de l'événement déclencheur d'une passion vaut bien que l'on se penche sur toute sa vie... Or donc !
En mai 68, tout indiquait que d'une semaine à l'autre, j'aurais trois ans. Et il me souvient, du plus profond de ma mémoire d'enfant que, ce jour où le festival de Cannes fut interrompu par solidarité avec le mouvement parisien, ce jour donc où l'on avait dénoncé au Palais des festivals le cinéma le plus bourgeois, ce jour-là, moi aussi j'avais eu envie de dénoncer la bourgeoisie de ce caillou qui m'avait blessé le genou lors d'une chute dans l'escalier empierré du jardin : les marches d'Odessa, la poussette en moins. Les cris de Cannes, de Paris et d'ailleurs ne me parvenaient pas. Peu importe ! Le parallèle était flagrant. Là se jouait déjà l'inéluctable : ma rencontre osmotique avec le Septième Art.
Sautons les mois et les années, si vous le permettez. Non qu'il n'y ait matière... Je ne peux pas vous dire mon âge pour ce nouvel épisode. L'âge des premiers émois, celui où l'on use plus volontiers son fond de pantalon sur un tabouret devant la télé qu'au cours, même si c'était dans un fauteuil. Surtout si l'émission est tardive, histoire d'entrer en conflit avec la gent parentale.
A cet âge, ma religion était faite, et elle était cathodique ! Forcément, question de génération -pour rassurer l'esthète atterré par l'origine prolétaire de mes premières images, je souligne que notre télé était en noir et blanc bien que la couleur existât depuis longtemps, ce qui conférait aux séances un côté années 30 qui réparera peut-être l'outrage au bon goût. Or donc, ma religion : le grand prêtre en était Selim Sasson. Les yeux d'autant plus brillants de goûter au cinéma que la chose était quasi interdite, j'entends encore la voix de ma mère interrompant les extraits et leurs commentaires par des "Dominique, va te coucher" déclinés à tous les genres et psalmodiés sur tous les tons. Une fois de plus, l'affaire était entendue; cette chose-là, sur le petit écran, était captivante à plus d'un titre, il fallait donc vérifier si le passage au grand écran allait multiplier le plaisir par la surface ! Gasp ! Le plaisir allait être exponentiel. Finis les extraits, plus d'interruptions maternelles - peut-être préfiguration des futures coupures publicitaires - et enfin le plaisir de choisir, l'élaboration du désir, la rencontre, l'excitation du rendez-vous. Hélas, ces plaisirs et désirs-là allaient m'apprendre à supporter quelques réalités : les sujets âpres parfois, mais aussi les départs qui rendraient tout nouveau rendez-vous impossible, comme ce départ précipité, il y a quelque temps déjà, de Patrick Dewaere.
Mais les départs laissent des espaces où l'on doit s'engouffrer. Il fallait que j'y aille. Je n'appris que beaucoup plus tard qu'il y avait beaucoup moins de place qu'il n'y paraissait. Parti pour faire l'acteur, et cet acteur-là attendant la rencontre avec un réalisateur, je décidai d'être ce réalisateur-là ! Voilà tout !... J'entends d'ici ceux qui se demandent pourquoi avoir intitulé mon récit "Ma rencontre avec Dieu". Chouette titre, non ? Ça accroche et c'est - un peu - moins vulgaire que "Mon cul sur la commode". Et puis dans Citizen Kane, hein !, vous voyez, le mot Rosebud n'a de signification qu'à la toute fin... Franchement, j'espère ne pas encore avoir tourné mes dernières images.

Dominique Wittorski

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