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Bonne Nuit de Valéry Rosier

Publié le 01/12/2009 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Critique

Silence, on roule !

Une carrière autour, une voiture garée, un homme roule (et cache) son matelas dans le coffre … quelques images suffisent parfois à évoquer une vie, une détresse, tout en profondeur, sans fioritures et sans pathos.

Bonne nuit de Valéry Rosier


Philippe, la quarantaine, n’a plus les moyens de s’offrir un toit. Ni alcoolo, ni clodo, Philippe est un travailleur sans abri. Il a eu une autre vie, dans un joli pavillon avec sa femme, ses enfants … des enfants qui font encore le lien entre ce qu’il était et ce qu’il est aujourd’hui. Séparation, dépression… tout se devine alors même que rien ne s’énonce. Ce soir, justement, il doit venir les chercher pour les conduire chez lui, mais de « chez lui », il n’en a plus. Entre silences, mensonges, faux-semblants et subterfuges tout va se jouer dans l’univers clos d’une voiture devenue désormais son unique refuge. Comment trouver une issue, une échappatoire ?

 

Bonne nuit de Valéry Rosier
Le film de Valéry Rosier, tout en finesse, parvient à capter une situation désespérée sans jamais tomber dans le misérabilisme en déplaçant sans arrêt les sentiments ressentis sur des éléments extérieurs (un klaxon actionné, une chanson partagée). Les visages, le plus souvent de profil ou de trois quarts, filmés au plus près, participent du refus d’accepter la vérité, de communiquer la détresse. À fleur de peau, le réalisateur, tisse son film à travers le lien qui unit ce père à ses enfants, et rend ainsi plus émouvant et plus fort le message social qu’il transmet.
Pudiquement, la vérité se découvre et, sans un mot, l’angoisse et le désespoir font place à l’acceptation, la compréhension mutuelle, les plaçant désormais tout trois dans un rapport nouveau. 

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