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Les Fleurs du malt de Dominique Loreau

Publié le 01/11/1999 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Tournage

Séquence

Au studio de montage Cross Road, 93a rue Général Leman, Dominique Loreau achève avec Jacques Martin le montage son des Fleurs du malt, le troisième épisode d'une série (dont le premier volet a été réalisé par Marc-Henri Wajnberg et le second par Claudio Pazienza).

Les Fleurs du malt de Dominique Loreau

Plan moyen de Noël Godin qui lève son verre de bière. "Ça monte ça monte ça monte, le bonheur ! " Brouhaha. Voix off. : " La bière donne le courage d'accomplir un acte civique ! "
Godin : "Plus on en boit plus la lucidité s'aiguise, plus l'euphorie monte en même temps, plus c'est délicieusement aphrodisiaque, bien sûr!
Séquence de l'attentat pâtissier contre Bill Gates.
Le patron de Microsoft se prend une tarte à la crème Chantilly en plein visage qui l'aveugle un moment. Un slapstick digne des bandes du cinéma muet des années vingt. Retour sur Noël Godin en plan américain, hilare : "Il faut bien avouer qu'il n'y a rien de plus idyllique que d'absorber de la bière avant un attentat pâtissier. Les opérations - notamment l'opération Bill Gates - ont été favorisées par l'absorption de Zottegem deux heures avant le crime...et Gloup...Gloup...Gloup!"
Après une brève séquence de cocktail chez les chefs d'entreprise, on enchaîne sur Verlipack, usine de verre en faillite. Un homme se dirige vers La Cantine de chez Toni, un bistrot. Raccord en plan américain sur deux ouvriers attablés devant leur "pils" qui discutent (en off, brouhaha de consommateurs qui parlent à haute voix) : "Les verriers ont toujours été traités d'alcoolique. C'étaient des buveurs de bière, quand vous avez bu vingt bières, tout part dans la transpiration " Les yeux fixés sur la mousse qui coule sur le verre, son camarade enchaîne : "Vous savez, ici, le café est ouvert jour et nuit. Il y avait 6 à 700 personnes dans l'entreprise. Tout le monde venait boire sa bière après la journée." Depuis la faillite certains ouvriers continuent à se retrouver chez Toni. "Ensemble on se voit quelque fois dans un bistrot et on met une stratégie au point, on ne saurait le faire qu'ici, dans un café, autour d'une bière. Chez moi? ma femme va dire : alors quoi! ou alors à l'usine. On nous dirait : que faites-vous là! " Travelling sur le grillage qui ceinture l'usine de Verlipack. Gros plan sur une main qui secoue les cendres d'une cigarette dans un cendrier. Plan moyen sur l'ouvrier attablé, les pupilles fatiguées, qui boit une gorgée de bière puis repose son verre : " Les délégués d'entreprise tenaient des cafés, à côté des entreprises. C'est de là que sont partis des regroupements de camarades à coté d'un pot, d'une bière, en disant on fera ceci ou cela demain, surtout chez les verriers, en sidérurgie, dans la métallurgie." Plan du patron qui sert une pinte, un essuie à carreaux sur l'épaule. "Ici, dès que vous entrez dans le bistrot, on met un verre devant vous"

 

La blonde et la brune

"L'ensemble du film s'inscrit dans une soirée thématique d'Arte sur la bière, nous confie la réalisatrice de Divine carcasse (un film passionnant qui montrait les transformations d'un objet usuel lorsqu'il passe d'une culture à l'autre). Personnellement, je raconte la fabrication de la bière et un peu tous les rituels actuels. Je filme les buveurs de bière en Belgique. On évoque la fabrication de la bière, les légendes qui tournaient autour de la fermentation, c'est resté un mystère jusqu'à ce que Pasteur l'explique. Ce sont plutôt des petits rites que des rituels comme il en existait auparavant. Avant lors des enterrements on versait de la bière sur les tombes ou pour sceller des pactes comme on le fait encore aujourd'hui en Afrique (notamment chez les Dogons, c'est la bière de mil pas la bière d'orge). "
" Le film accorde plus attention aux buveurs de bière, poursuit Jacques Martin, Ce qui est intéressant ce sont tous ces endroits différents dont la seule caractéristique est qu'on y boit de la bière. "
" C'est un lien social, poursuit Dominique Loreau. Avant, on buvait de la bière de table dans les écoles, il parait que ca va revenir. 85% des bières se consomment dans les cafés, au restaurant ou sur les parkings à la sortie des usines, donc même les canettes devant la télé ne sont rien par rapport à ce qui se consomme dans les cafés. On a filmé Thielemans, l'Echevin de la Culture à la ville de Bruxelles qui fait la tournée des bistrots et on voit que les gens jouent encore pas mal au billard, aux cartes. C'est surtout des vieux mais aussi parfois des jeunes dans les quartiers ouvriers mais comme ceux-ci ont tendance à diminuer, ca s'éteint. Ils font des concours de fléchettes, des concours de jacquet, etc. Ça se passe dans la région de Tubize, de Charleroi, le vendredi et le samedi soir. Il y a un rituel qui est exceptionnel et folklorique, c'est la fête à Ellezelles où il y a une distribution de bière gratuite. Pour le reste on est resté dans la réalité quotidienne : les retraités à Ostende, les employés dans les gares.
La structure du montage était évidente par rapport au tournage. Le film est divisé en deux parties : la fabrication, avec sa mythologie, puis la consommation. On a commencé à filmer la fabrication dans une ancienne brasserie parce qu'on voit tout le processus de fabrication tandis que dans les brasseries modernes tout est automatique. La deuxième partie s'appelle " Autour du pot " parce qu'il s'agit de montrer le lien social. Ce que devient la bière une fois qu'elle est passée dans le circuit de consommation ce qu'elle devient, comment elle rassemble les gens. "

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