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31e Festival Le Court en dit long au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris

Publié le 17/11/2023 par Thierry Zamparutti / Catégorie: Événement

Nous ne présentons plus Louis Héliot aux habitués de ce festival qu'il a fondé et rendu compétitif dès sa 10e édition. Mais, tous les nouveaux et nouvelles cinéastes gagnent à le rencontrer et le connaître. Ce fut donc chose faite du 24 au 28 octobre dernier. Exit le short tennis façon Roland Garros, exit les t-shirts, tops et autres résistances aux rayons du soleil, nous avons abordé cette édition de manière exceptionnelle façon chasseur de gibier ou cueilleur de légumes automnaux, en doudoune pour certains et parapluie pour d'autres. Les travaux au Centre Wallonie-Bruxelles ont impacté la date du Festival en l'éloignant de juin pour ne pas l'annuler ou le rendre déficitaire par les frais qu'engendrait un changement de lieu. C'est Paris tout de même ! Bref, la stratégie fut la bonne avec un public au rendez-vous et une bonne dose d'auteur.e.s présent.e.s.

31e Festival Le Court en dit long au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris

Et s’étalent alors 7 programmes selon des thématiques concoctées par Louis Héliot inspiré par plus d'une centaine de films inscrits au départ de la sélection. Les 37 finalistes représentent donc une certaine crème du court métrage belge produit au sein d'écoles de cinéma, d'ateliers ou de maisons de production voire d'un garage ou d'un grenier d'autodidactes autoproduits. Sont considérées également les nécessaires coproductions et les apports minimes, mais précieux, de nos financements belges. Le défi ouvert à tous et toutes reste d'attirer le regard avisé et la sensibilité du chef d'orchestre considérant qu'un court est une œuvre en soi. Depuis des années, nous nous régalons d'y être des observateurs privilégiés. Tenez, par exemple, du parcours du couple Sirot et Balboni dont le second long métrage Le Syndrome des amours passées sortait justement le 25 octobre en salles en France. Hasard du calendrier, suprême synchronicité, chemin de vie d'auteurs cohérent du court au long.

Quant au chef d'orchestre, il laissa sa place le temps de deux apothéoses, le dernier jour du festival, à une encablure du palmarès, à Frédéric Durrmann et au No Limit Orchestra. Spécialisés dans l'interprétation de musiques de jeux vidéo, de films et d'animations, les 15 musiciens ont réinterprété en direct la bande originale de L'Odyssée de Choum. Cette création musicale du verviétois David Reyes accompagne l'aventure vécue par une très choupi petite chouette qui vient d'éclore. Les deux séances affichèrent complet et virent des spectateurs émerveillés quitter une attraction tant pédagogique – chaque instrument fut dûment décrit dans son rôle en rapport avec les intentions du réalisateur Julien Bisaro – que poétiquement festive !

Enfin, sur le coup de 18h, pour éviter toute collision avec la finale de la Coupe du monde de rugby, l'attribution des prix s'est égrenée sous la houlette d'un jury dont il semblerait que les débats furent parmi les plus longs connus – ce qui fait planer en général une haute idée de la sélection. Lola Naymark (actrice et réalisatrice), Sarah Teper (directrice de casting), Reza Serkanian (auteur, réalisateur et producteur), Gaspard Richard-Wright (de l'équipe Format court) et Florian Fessenmeyer (éditorialiste ciné pour Canal+) furent les incorruptibles qui donnèrent le Grand Prix à Tu préfères rester seul ? (au programme des Films de genre) la première fiction du Namurois Victor Ridley où on accompagne le jeune Ahmad subissant un terrible stress post-traumatique à la suite d'un exil forcé.

Le jeune comédien qui rehausse Ahmad de son interprétation, Aziz Temori, fut récompensé pour ce tour de force tandis que le Prix d'interprétation féminine allait à Vivian de Muynck, vieille vampire affamée, néanmoins sur sa retraite, dirigée par Sarah Carlot Jaber dans Les Yeux d'Olga (dans le programme Films de genre).

Toujours dans ce même programme, la comédie policière noire met en scène des gens qu'on aime revoir : Bérangère McNeese en caissière super lente, Gilles Vandeweerd en bad boy, héros amoureux, nul à souhait, Evelyne Demaude en ce qui se fait de mieux comme fille de joie et on en passe.

Binaud & Claude, Prix de la mise en scène, propose un braquage original qui échappe à toute narration classique portée par Mélanie Laleu au scénario et à la réalisation.

Le Prix du meilleur scénario a honoré Aimé  (programme Films d'école) de l'IAD/Mediadiffusion de Louvain-La-Neuve. Le principe connu depuis plusieurs années et accompagné par Benoît Mariage met ensemble deux auteur-e-s qui collaborent au scénario d'un court métrage qui aboutira en général après une semaine de tournage à deux montages séparés et personnels. Gillie Cinneri - qui vient d'être primée du Prix du public au Festival du Film fantastique de Menton pour son dernier court Allegresse - et Anouk Ferreira Da Silva signent ainsi une partition à 4 mains qui donne un rôle sensible et empathique au Montois Frank Onana (La Trêve, Le jeune Ahmed, Ritueel,...).

Le Prix du public fut âprement disputé comme jamais. Le décompte des bulletins de vote concentra du beau monde dans un mouchoir de poche et on se serait cru réinventer l'École des Fans. S'en sort tout juste, le premier film de Paul Vincent de Lestrade, Un bon garçon. Un 19' porté par un Igor Van Dessel mature et transformé en nageur compétitif et, aux seconds rôles, par Sandrine Blancke et Steve Driessen, ses parents, séparés, effarés, perdus par ce qu'ils découvrent : des abus sexuels présumés attribués à son coach.

Les infos sur les films et le reste du palmarès sont à retrouver sur Centre Wallonie Bruxelles | Palmarès du 31e festival le Court en dit long 2023 (cwb.fr)

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