Média 10-10 : « Prière d’inventer ! »
Au Festival Media 10-10 de Namur, qui s’est tenu du 12 au 16 novembre, 37 courts métrages étaient programmés en compétition. De quoi découvrir de vraies perles, s’enthousiasmer pour quelques films, et s’étonner d’une mollesse plus générale qui inquiète.
Média 10-10
Revenons donc à nos moutons, les 7 séances de courts métrages (dans laquelle nous incluons la toute première qui présentait des films primés par les publics de festivals hors Belgique et où le public de Media 10-10 alla choisir son film coup de cœur, Surprise, un petit film pas très joli, mais gai et bien ficelé, dans la lignée des comédies populaires italiennes, faites de quiproquos, de rebondissements et de portraits de nos amis les humains croqués en deux coups de cuillères à pot). Parmi la programmation très diverse et variée de films d’écoles, de films d’ateliers, de films d’animations, de films documentaires, etc. etc., les films primés ne le furent pas par défaut, et bien d’autres films nous ont accrochés et tapés dans l’œil.
Petit catalogue : Thiam B.B. d’Adam Sié est un très beau documentaire très finement construit autour d’un personnage historique, figure de résistant, au Sénégal, qui fait émerger dans la réalité filmée du monde sa profondeur historique; un autre documentaire émouvant de Félix Blume, Tempo da Recolleita avait un très beau sujet sur les chants traditionnels et populaires de la Galice mais malheureusement, s’il captait de très beaux moments, n’accordait pas la musicalité de son film à son sujet ; Michel d’Antoine Russbach et Emmanuel Marre, une histoire réaliste et silencieuse, faisait le portrait d’un jeune homme complice de la monstruosité d’un quotidien presque anodin avec beaucoup de pudeur et de finesse et un scénario en béton ; Bill et Bob un film d’animation réalisé par Nicolas Fong, souple, élégant, agité et joyeux dressait deux jumeaux l’un contre l’autre; Eau-de-vie de Nadia Nezekri, filme un homme en proie à ses deuils et ses fantômes et doit beaucoup à Laurent Capelluto, son acteur principal, terriblement émouvant; L’Enveloppe jaune de Delphine Hermans et La Leçon de natation de Danny De Vent sont deux films d’animations simples, frais et fins, aux techniques très différentes mais assez étonnantes; Les Doigts de pieds, signé Laurent Denis, est une fiction courte, bien ficelée, légère et impertinente autour de la figure d’un vieil homme dans une maison de retraite (et tel est pris qui croyait prendre); Le Mulot menteur d’Andrea Kiss, un petit conte enchanteur, retourne la mortalité comme un gant avec beaucoup de joie au fil des tribulations d’une petite bête craquante et menteuse comme une arracheuse de dents; #1, film d’animation de Marion Castera, surprend par sa forme d’essai expérimental rapide et nerveux autour de l’accumulation de l’art, de la culture, et plus largement des signes; Et que justice soit faite, un court métrage très cinéphilique de Jérôme Cauwe, tourne en dérision les codes du film d’action hollywoodien avec une énergie réjouissante… D’avance, prière d’excuser cette grossière énumération : ces films mériteraient beaucoup plus de temps et d’espace que ce qui nous est imparti ici, mais nous y reviendrons...
Alors, camarades amoureux du cinéma, révoltez-vous contre les règles, les principes, les lois, les enseignements, et inventez, régalez vous, jouissez, faites-nous jouir, penser, nous émerveiller, donnez-nous des frissons, des découvertes, des surprises même si c’est maladroit, mal foutu et surtout totalement incorrect. DE LA VIE quoi !!!