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Rencontre avec Geneviève De Bauw et Isabelle Truc : DVDOC

Publié le 01/01/2008 par Dimitra Bouras / Catégorie: Entrevue

Mi-décembre de l'an passé, sollicités par un service presse très efficace, nous signalions l’ouverture d’un site de vente de DVD de documentaires, DVDOC. Curieux de découvrir ce qui se cachait derrière ce coup médiatique, nous avons voulu en savoir plus sur ce nouveau venu dans le paysage de la distribution « on line ».  Rencontre avec deux jeunes femmes d’affaires dont le documentaire, sa production et sa distribution n’ont plus de secret.
Celle-ci sera suivie par d’autres rencontres de personnes actives dans la distribution du documentaire, nous pensons à Thierry Detaille, vendeur pour le CBA/WIP.

Cinergie : Pourriez-vous, en deux mots, nous expliquer le pourquoi et le comment de DVDOC ?
Geneviève De Bauw : DVDOC est une plate-forme de vente en ligne de DVD de documentaires de création. Le projet est l’initiative de quatre producteurs belges indépendants (Isabelle Truc (Iota Production), Geneviève De Bauw (Thank You & Good Night Productions), Denis Delcampe (Need Productions), et Jacques Martin (Crossroads)), actifs dans le documentaire et qui se sont dit : « c’est dommage, nos films ont une certaine visibilité dans les festivals, à la tv, etc. mais après, qu’est-ce qu’ils deviennent ? ». Or, ce sont souvent des films qui peuvent intéresser des gens qui n’ont pas été exposés à une première vision, qui peuvent aussi rappeler de bons souvenirs à des gens qui les ont vus auparavant. En constatant ce vide dans la distribution du documentaire, nous avons voulu créer quelque chose qui soit accessible pour un public large et qui permet également aux producteurs de s’y retrouver.

C. : Chacun aurait pu faire cela de son côté, puisque chaque maison de production possède son propre site et fait la promotion des films qu’elle produit.
Isabelle Truc : L’idée est que nous sommes toujours plus fort à plusieurs. Cette envie est venue de l’énergie que nous pouvons y consacrer, elle est venue aussi des films que nous avons produits chacun. Ensemble, au démarrage, nous sommes avec une vingtaine de films que nous pouvons mettre sur le site DVDOC, avec vraiment l’espoir et l’ouverture que d’autres viennent nous rejoindre. Plus nous proposons des films intéressants et variés, plus nous avons de chance d’exister dans le monde audiovisuel. C’est également un très grand plaisir de savoir que les films que nous avons produits sont toujours facilement disponibles même après cinq ou dix ans. Nous avons voulu faciliter l’accès aux documentaires, avec un prix le plus modeste possible et en proposant, selon les moyens de distribution actuels, un site d’achat en ligne pour les amateurs de documentaires ou les curieux, ou ceux qui ont envie de suivre le parcours et le travail d’un réalisateur.

C. : Comment établissez-vous votre catalogue ?
G. De B. : Pour le lancement, nous nous sommes basés sur le catalogue existant de chacun des quatre producteurs. À nous quatre, nous avons quand même une jolie petite somme de très beaux films à proposer ! Dès le départ, lors de la création de la plate-forme, il était clair que nous allions nous ouvrir à d’autres producteurs, à d’autres réalisateurs qui auraient envie de trouver une vitrine de vente de leurs films en DVD. Nous ne sommes pas du tout exclusifs quant à la nationalité. Il se fait que nous sommes Belges, mais si nous sommes approchés par des producteurs ou des réalisateurs étrangers, nous sommes prêts à les accueillir. Nous avons une petite exigence de qualité qui est minime, mais nous restons attachés au documentaire de création, avec un point de vue, avec une ouverture sur le monde. C’est donc dans cette optique-là que nous comptons développer notre catalogue. Nous avons déjà lancé un appel à toute une série de professionnels, et nous sommes confiants dans le fait que, durant les prochains mois, le catalogue va vraiment pouvoir s’élargir avec des films d’autres producteurs. La plate-forme est là, essayons d’en faire profiter le maximum de gens, que ce soit des acheteurs mais aussi des producteurs ou des réalisateurs. C’est un moyen de faire exister les films en DVD, à un moindre coût et avec une possibilité de retour assez importante.

C. : Concrètement, que proposez-vous aux réalisateurs ou producteurs de documentaires ?
G. De B. : Nous avons plusieurs formules. Si un réalisateur ou un producteur veut mettre en vente son DVD sur la plate-forme DVDOC, il a le choix. Soit il a déjà des DVD existants et là, c’est un placement du DVD sur le site, moyennant une petite rémunération annuelle et une formule de  partage des bénéfices. Soit, il arrive avec un Master du DVD : à ce moment-là, on le place et on le grave à la pièce en fonction des demandes, mais de manière professionnelle. S'il n’a pas encore de DVD, là, nous travaillons avec le producteur et/ou le réalisateur pour faire un mastering et avoir un DVD que nous pouvons ensuite graver. L’idée est donc, en fonction de la demande, de pouvoir y répondre dans la semaine et nous ne rencontrons pas le problème du stockage.
I. T. : Dans le souci d’ouverture vers l’international, marché important pour le documentaire belge facilité par l’accès à Internet, nous demandons que tous les films en vente sur DVDOC soient sous-titrés en anglais, avec synopsis et informations techniques dans les deux langues. Nous mettons également, à disposition des internautes, une « salle des profs », une page sur laquelle on peut trouver les caractéristiques thématiques des documentaires, des références bibliographiques, des hyperliens vers des sites de référence, etc. Mais également, d’un point de vue cinématographique, étoffer l’analyse du film avec des rencontres avec le réalisateur pour connaître son point de vue, sa démarche, sa manière de filmer, la genèse du film.
DVDOC n’est donc pas seulement un site de vente de DVD mais également un site de présentation des films, avec le souhait de susciter l’intérêt du public. C’est ainsi que nous souhaitons développer un forum du documentaire. Les spectateurs pourront déposer leurs avis sur les films, poser des questions et y répondre. Sont déjà disponibles une page de liens, des extraits de films, des bandes-annonces, etc.
G. De B. : Dans le développement, nous sommes également très attentifs à l’évolution d’autres moyens de distribution, comme la VOD. Pour le moment, nous nous cantonnons au DVD, qui est un objet facilement identifiable et qui donne aussi une seconde vie à l’objet film, mais il est évident que nous suivons de très près le développement du marché de la VOD. Nous espérons pouvoir être à même de donner, dans ce domaine-là, de bons débouchés aux films documentaires.

C. : Vous passez du rôle de producteur à celui de distributeur. C’est différent de ce que vous avez fait jusqu’à présent ?
I. T. : Je trouve que ça fait partie de mon métier. Je ne produis pas des films pour qu’ils restent dans un tiroir, ou sur une étagère.
G. De B. : Pour commenter l’idée « l’union fait la force », j’ai récemment vu une étude qui avait été commanditée par la Commission Européenne, notamment en matière de VOD, et qui concluait sur le fait que les plates-formes de distribution de films par Internet qui marchaient le mieux étaient celles créées par des groupes de producteurs, qui s’unissaient et qui, ensemble, parvenaient à mieux négocier au niveau gestion des droits, etc. Nous, c’est un petit pas dans cette direction. Il est clair que cette idée de s’associer pour donner une meilleure visibilité à des films, qui ont une visibilité déjà très relative par rapport aux blockbusters de fiction, permet de leur donner une place et nous le faisons ensemble, parce qu’il faut s’unir dans nos efforts. C’est prouvé, ça marche !

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