Lorsqu’on pense aux sorties d’usine, les vues des frères Lumière envahissent notre imaginaire, ne laissant guère de place à d’autres représentations.
Durant un festival de films documentaires, on a pu découvrir une autre sortie d’usine, celle racontée par Messaline Raverdy. Un bouleversement. Une poésie incomparable. Un film qui parvenait à aborder profondément le changement du corps féminin et les questions de transmissions impossibles.
Dans Derrière les Volets, son premier film documentaire, Messaline Raverdy retrace son histoire et interroge son nom depuis l’usine vide de sa famille. Un film qu’elle construit comme un musée imaginaire composé de lettres et de photographies. Une conversation politique et intime à partir d’archives.
Ses souvenirs qui transgressent continuellement les frontières, son goût prononcé pour les mots et ses rêveries sur l’oubli nous transportent. Inoubliable aussi cette générosité à partager ses photographies de famille devenant un observatoire révélateur d’un ontour politique et social, des images provocantes dans leur entêtement à refuser les codes cinématographiques traditionnels. Car derrière le récit personnel, se profile la volonté de montrer l’invisible, des portraits croisés de femmes, d’une grand-mère, d’ouvrières, de carmélites, qui ont façonné et habité cette usine et dont l’histoire a été occultée par le patriarcat.
Avec Messaline, nous avons parlé de grands-mères, de souvenirs d’ouvrières et de
maternité.
