Assoiffé, de Lisa Sallustio

Par une belle journée ensoleillée s’étale un paysage verdoyant qui pourrait faire penser à ces grands champs de bataille d’une autre époque. Cependant, des plis et des taches légèrement brunes trahissent la supposée réalité qui n’est finalement qu’une photographie punaisée sur un mur et dont la quiétude contraste avec l’essoufflement stressé d’un type, assis là, tout de bleu vêtu. Une sueur moite a envahi son corps qu’il ventile comme il peut, à bout de souffle, semblant proche de l’évanouissement. Le beau temps qui s’est invité dans notre champ de vision dégage une sensation de sécheresse fortement contraignante et nous fait ressentir une empathie bienveillante pour le pauvre assoiffé. C’est alors qu’un autre type, tout en rouge, entre dans la pièce tirant une fontaine d’eau bienfaitrice.

Lauréate de la Bourse VOCATIO en Arts de la scène en 2021, Lisa Sallustio confirme sa passion pour la danse en chorégraphiant la rencontre entre deux individualités représentant de manière manichéenne celui qui possède et celui qui n’a rien. Or, boire est un besoin fondamental qui ne souffre d’aucune restriction ni d’empêchement même si celui qui détient l’or bleu le fait sien. Le partage n’est pas chose innée chez l’être humain qui s’accapare plutôt que se défaire d’une partie de son bien. Même si cela met à terre celui qui devient blême, douloureusement proche du rat coincé dans un coin.

L’autre, cruel sire, fourbira ses armes pour protéger vaille que vaille sa source de survivance et s’opposer à son adversaire devenu de plus en plus insistant et combatif. Un appel aux renforts deviendra une absolue nécessité pour prendre le dessus.  

Assoifé fut présenté dans le programme CANAL+ au dernier Festival du Court métrage de Clermont-Ferrand.