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Entrevue avec Rimvydas Leipus

Publié le 01/05/2001 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue

Lumière

Cadreur et directeur photo des films de Sarunas Bartas (The House, The Corridor et Freedom, tourné récemment au Maroc), le chef op. lithuanien Rimvydas Leipus travaille désormais en Belgique. Il vient d'assurer le cadre et la lumière des derniers films d'Eva Houdova, Daniel De Valck et Anne Deligne et Laurent Van Lancker.

Entrevue avec Rimvydas Leipus

 

Cinergie : Quel est l'esthétique qu'Eva Houdova t'a demandé pour la Parenthèse et le Retour en Bohême ?
Rymvydas Leipus : Eva m'a demandé d'avoir un regard cinématographique, de considérer que je travaillais sur un film et non sur un reportage télévisé. Le côté formel était important pour la réalisatrice parce qu'il s'agissait de traduire visuellement ses souvenirs d'enfance.

C. : Est-ce à dire que tu as joué sur plusieurs plans chromatiques ? Par exemple en séparant les couleurs chaudes pour le passé et froide pour le présent ?
R.L. : Non. Il n'y avait pas une structure visuelle différente au niveau chromatique pour les souvenirs et pour le voyage. La réalisatrice a voulu une image chromatique fixe qui s'inspire des images que l'on perçoit dans sa mémoire, c'est-à-dire qu'on ne voit plus d'images vives et contrastées. Donc les couleurs sont plus diffuses, un peu pastel, mais sans pour autant utiliser un traitement sur la pellicule comme la dé-saturation des couleurs. J'ai exposé et filtré de manière à obtenir les images que souhaitait Eva Houdova.

C. : Tu as tourné en 16mm ou en 35mm ? Avec des Cooke ou des Zeiss ?
R.L.
 : En Super 16, avec des objectifs Zeiss.

C . Que penses-tu de l'utilisation du zoom ?
R.L.
 : Je n'aime pas le zoom, je préfère le raccord dans l'axe. Mais dans des films à faible budget, on n'a pas le temps de changer constamment les objectifs. Dans ces cas-là, le zoom sert à changer très vite de focale.

C. : Quel est le premier film que tu as tourné ?
L.R.
 : To Open the Door, un documentaire d'Andrius Stonys, en noir et blanc, tourné en 35mm.

C. : Tu as été le chef op. de tous les films de Sarunas Bartas. Quand vous êtes-vous rencontrés ?
L.R.
 : Nous nous sommes rencontrés en 1992. Très exactement le 13 janvier parce que c'était la bataille entre les Lithuaniens et les pro-Soviétiques. Bartas cherchait un caméraman, il m'a proposé de travailler avec lui sur un film décrivant les événements de 91 et après, j'ai enchaîné avec Corridor.

C. : Qu'est-ce que Bartas t'a apporté, sur un plan esthétique et plus général?
L.R.
 : Bartas travaille sans script, de manière assez intuitive. Les choses se font au moment même, Bartas laissant beaucoup de liberté au directeur de la photo. Les films se construisent sur le décor choisi par le réalisateur. Bartas demande à tout le monde d'être créatif par rapport à l'histoire qui se tourne et il réagit en fonction de cela. Je dois ajouter qu'il a un grand souci du cadre, notamment pour la direction d'acteur : leur jeu et leur déplacement dans l'espace.

C. : Quels sont les réalisateurs avec lesquels tu aimerais travailler en Belgique ?
L.R.
 : Avec les frères Dardenne. J'ai beaucoup aimé la Promesse et Rosetta.

C . : Tu aimes travailler caméra à l'épaule ?
L.R . : J'aime bien travailler caméra à l'épaule. Je l'ai fait encore tout récemment sur le film d'Eva Houdova.

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