Née au tournant du siècle, héritière des pratiques et des coutumes qui l'ont précédées et en même temps résolument moderne, la fête foraine a plus d'un point commun avec le cinéma. Un univers issu de l'imaginaire, protéiforme et multiple, auquel le 7e art qui lui est si proche rendra hommage dès ses débuts.
Inventer la fête foraine
Publié le 03/05/2022 par Kevin Giraud / Catégorie: Livre & Publication
Mettant en avant ces nombreuses similitudes, Théo Esparon propose une analyse comparée dans cet essai bref mais dense, à l'image d'un manège qui vous emporte le temps d'un ride. Car l'esthétique de la fête foraine, si elle a quelque peu évolué depuis ses origines, a été capturée à maintes reprises par le cinéma et suscite toujours aujourd'hui les passions. Un lieu d'effroi dans Nightmare Alley de Guillermo del Toro, de vertige, de dérèglements mais aussi d'excitations, de corps et de personnalités qui se rencontrent, à l'image du récent Kind Hearts d'Olivia Rochette et Gérard-Jan Claes. Pour explorer cette relation qui se poursuit encore étroitement aujourd'hui, l'auteur nous plonge dans l'esthétique des attractions du cinéma des premiers temps, à l'heure de l'invention des techniques et culminant avec l'Aurore de Murnau, avant que la couleur et le son n'envahissent les écrans, donnant à la fête une dimension encore plus onirique, ou encore plus troublante. Hitchcock, Clair, Welles, autant de cinéastes qui se sont emparés de la fête foraine pour la refléter dans leurs films. À moins que ce ne soit cette dernière qui se soit emparé d'eux. Un premier ouvrage de l'auteur édité par Yellow Now, tout à fait passionnant.
