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Jonas Bloquet : un Belge à la conquête du monde

Publié le 24/10/2023 par Quentin Moyon / Catégorie: Portrait

2008. Un jeune adolescent, étudiant dans le secondaire à l’école européenne d’Uccle, enchaîne coups droits et revers sur le macadam face à son père, professeur de tennis. En plus de son goût pour la balle jaune, sa combativité, sa volonté, sa concentration et sa confiance en lui - lui qui s’est depuis fait tatoué I Can en hommage à la chanson de Nas - font partie des apprentissages que Jonas Bloquet tire de ce sport et qui lui permettront dans quelques semaines de faire sensation sur un tout autre terrain : celui du 7e art.

Il décroche son premier rôle dans Elève libre de Joachim Lafosse, à tout juste 15 ans, et la découverte de ce monde qui lui est pour l’heure encore inconnu est une véritable révélation : il sera acteur.

Jonas Bloquet : un Belge à la conquête du monde

16 ans après, à aujourd’hui 31 ans, Jonas a troqué la balle de tennis pour celle du padel, ce nouveau sport à la mode, rencontre du tennis et du squash. Il a aussi troqué Bruxelles, par Paris, ville-monde où il a atterri à 18 ans. Nouvelle vie parisienne oblige, la pratique de ce jeu de paume moderne coûte cher pour un aspirant acteur, qui, contrairement aux nepo-babies, ne profite pas d’un nom, de relations, d’un talent “inné” pour se faire une place. C’est donc par l’école - “méritocratie” - que Jonas, adepte du jeu très corporel et physique d’un James Dean, fera ses armes. D’abord en suivant les cours de l’école Eva Saint-Paul, qui le forme à appréhender son nouveau statut d’acteur. À jouer évidemment. À connaître son corps. À maîtriser sa voix. À exister dans ce monde d’”entre-soi” qui nécessite un réseau. Il y rencontre sa compagne, elle aussi comédienne avec laquelle il partage sa vie depuis 13 ans, et ses amis avec lesquels il rêve à des projets de films, de collaborations. Car pour lui le cinéma est tout ce qu’il y a de plus collectif : ce qu’il aime c’est la discussion avec le réalisateur, le scénariste, les autres comédiens. Avoir le temps d’appréhender son personnage, de le comprendre, de le travailler. Des rythmes propres au cinéma, auxquels Jonas goûtera dans le cinéma d’auteur aux côtés d’Isabelle Huppert dans le Elle de Paul Verhoeven ou dans les films de Joachim Lafosse donc (Elève libre), d’Arnaud des Pallières (Orpheline) et de Guillaume Brac (Tonnerre) qui lui permettront d’être nominé aux Magritte et aux César. Mais qui lui semblent aussi parfois longs et barbants.

 

Il est hyperactif, a besoin que les choses bougent, avancent, évoluent. Il touche alors à d’autres formats. Les séries télévisées à l’image de Germinal et plus récemment Rivages de David Hourrègue. Celles de plateformes telles que Netflix, pour laquelle il a participé à la nouvelle production des créateurs de Dark, Jantje Friese et Baran bo Odar, 1899. Ou pour revenir dans le cinéma, les grosses productions, sous la houlette du réalisateur Luc Besson (Malavita, Valérian et la Cité des Milles Planètes) en France, jusqu’à ce qu’une opportunité hollywoodienne ne le pousse à rejoindre le casting de La Nonne 1 et 2 de Corin Hardy. Pour un amoureux du cinéma d’horreur comme lui, et tout particulièrement de James Wan et de son film Conjuring, les dossiers Warren dont La Nonne est un spin-off, c’est le rêve! 

 

Mais incarner les personnages des autres ne suffit pas à Jonas Bloquet. Rejoignant les rangs de l’école de Luc Besson, celle de la Cité dont les portes sont désormais fermées depuis la recrudescence des accusations qui ombragent la figure du réalisateur français, il se forme à la réalisation pour enfin donner vie à ses propres histoires. Au sein de cette école démocratique et gratuite, c’est la débrouille qui règne. En tant que touche-à-tout, Jonas s’éclate, et est amené à participer à de beaux projets : Lucy de Luc Besson, Jacky de Pablo Larrain. Une formation en or, qui lui permet d’accoucher de quatre courts-métrages en tant que réalisateur : Je suis un corps, Un long weekend, Conte sur moi, Max. Et d’un cinquième, en cours de production, qui aura vocation à évoquer la longue maladie de sa mère.

 

Car ce qui anime Jonas au quotidien, dans ses films, mais aussi dans sa manière d’être “à la recherche du bonheur”, sorte de maxime qui le guide dans la vie au quotidien, c’est de partager ses aventures avec ses proches. Sa famille, sa femme, ses amis et depuis peu de temps maintenant son fils qui chamboule sa manière d’aborder sa carrière. Si son envie de cinéma n’a en rien diminué, il ralentit. Il veut prendre du temps pour voir son fils grandir et lui transmettre sa passion. Il commence alors à refuser des rôles. À consacrer du temps aussi pour penser ses films - mais pas pour les écrire, ce qu’il déteste. Un premier long-métrage pour raconter plus en profondeur sa mère et la maladie qui a partagé un temps sa vie, leur vie, et qu’il se doit de raconter avant de pouvoir envisager d’autres projets. Pour ensuite, sans doute, mettre en scène et incarner des histoires pleines de challenges, à la manière des True-crimes qui depuis jeune l’intéressent. Ou pour pouvoir enfin pousser la chansonnette, lui qui imitait Michael Jackson à la perfection. Et s’il mixait les deux qu’est-ce que cela donnerait ? 

 

Cause this is thriller, thriller night

And no one's gonna save you from the beast about to strike

You know it's thriller, thriller night

You're fighting for your life inside a killer, thriller tonight, yeah

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