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Rencontre avec Maxime Dieu, (nouveau) délégué général du (nouveau) Festival International de Mons

Publié le 15/02/2019 par David Hainaut et Tom Sohet / Catégorie: Entrevue

« On veut replacer Mons sur la carte des festivals »

Après une année de transition, l'événement cinéphile montois centré sur l'amour lancé en 1984 revient sous un nouveau nom – le Festival International du Film de Mons - et avec un nouveau délégué général, Maxime Dieu, présent dans l'équipe depuis 2005 et bien connu comme programmateur. C'est au sein des bureaux du festival, situés à La Louvière, que le successeur d'André Ceuterick nous a reçu pour évoquer sa mission de relance de l'événement, qu'il entend inscrire dans la continuité de sa riche histoire. Tout en le renouvelant, avec déjà, une édition 2019 annoncée comme consistante.

Rencontre.

Cinergie : À quelques jours de la relance de votre Festival, comment se présentent les choses ?
Maxime Dieu : Bien. Nous sommes sereins et prêts pour cette nouvelle aventure, qu'on prend avec beaucoup de plaisir. Tout se passe comme cela… devrait se passer, malgré une équipe réduite et deux mois de retard dans la préparation, car nous devions revoir tous les partenaires habituels. Heureusement, les retours ont été positifs et même enthousiastes, ce qui est encourageant. Mais c'est quand le festival aura vraiment redémarré que le cours normal des choses reprendra, et qu'on pourra apprécier tout ça d'une autre manière, encore...

C. : Un événement qui change donc d'appellation. Pourquoi ?
M.D. : Cela fait partie de l'évolution. Après l'annulation de l'édition 2018, on a trouvé logique que la question se pose. Au final, il y avait plus d'arguments plaidant en faveur d'un changement de nom, même si l'amour restera toujours notre fil conducteur. Car si de grands festivals internationaux peuvent se permettre d'être généralistes, les plus petits, comme le nôtre, se doivent de garder leur thématique.

C. : De cette période de transition, assez délicate à vivre avec cette annulation en 2018, vous l'avez commentée en disant que vous étiez «Comme un boxeur KO qui devait remonter sur un ring». Vous y avez toujours cru ?
M.D. : La figure du boxeur, c'est toujours une belle image de cinéma (rire). Mais oui, relancer un festival est un vrai combat. S'il n'y avait pas eu de réaction rapide, il n'y aurait plus de festival à Mons. On devait tout de suite se réveiller. J'avoue que quand, autour de moi, tout le monde me disait que c'était «foutu», j'étais à peu près le seul à y croire. Mais il a toujours subsisté en moi la possibilité de faire renaître une formule car le cinéma est une passion, et je n'imaginais pas cette ville sans festival !

C. : Vous l'avez également annoncé dès votre arrivée, il n'est pas pour autant question de repartir avec un festival allégé...
M.D. : Non, car si on veut garder un certain niveau d'exigence, répondre aux subventions que nous recevons, satisfaire nos partenaires et notre public, il nous fallait une certain volume de films et d'activités. Il fallait revaloriser, aussi, un certain cinéma – le cinéma belge inclus - en recevant des noms connus. C'est une première version de ce vers quoi on va, car on a déjà beaucoup d'idées pour l'avenir. Il y a donc eu une rupture, mais le festival a un riche passé qui s'est construit grâce à ceux qui l'ont porté pendant plus de trente ans : on a juste envie de lui redonner un rayonnement belge et international, de replacer Mons sur la carte des festivals. Sans renier ce qui a été fait, sans quoi, on se serait d'ailleurs appelé le «1er» Festival International de Mons...

C. : Pour cette édition, 71 films figurent donc au menu...
M.D. : Oui. Sur les plus de 300 visionnés (NDLR: avec un nouveau comité de programmation), on a gardé 57 longs – dont 35 inédits, comme Blaze (d'Ethan Hawke), Deux fils (avec Benoît Poelvoorde), L'homme fidèle (de et avec Louis Garrel), The old man and the gun (avec Robert Redford) – et 14 courts-métrages. Dans les thèmes, deux variations reviennent souvent : les adolescentes en quête d'identité et des pères qui cherchent à s'assumer. Duelles d'Olivier Masset-Depasse fera l'ouverture le vendredi 15. Il sonnait comme une évidence pour nous, pour ses qualités esthétiques et ce qu'il raconte, et puis, une partie s'est tournée dans notre région. C'est Thunder Road, de Jim Cummmings, un acteur et réalisateur américain très prometteur, qui clôturera l'événement le 22. C'est un premier film indépendant américain où l'on passe du rire aux larmes. Pendant la semaine, on recevra une référence du cinéma mondial qu'est Hugh Hudson (Les Chariots de Feu, Greystoke, la légende de Tarzan...) et c'est l'acteur français Sam Karmann qui est le président de notre jury international.

 

Maxime Dieu

 

C. : Vous semblez visiblement vouloir mettre le cinéma belge plus en avant que jamais...
M.D.: Oui, peut-être que parce qu'un peu comme nous, il rayonne à l'international mais comme on le sait, moins chez lui (sourire). Mais je pense que c'est le rôle des festivals belges de mettre en évidence le cinéma national. On a des artisans et des personnalités de talent très demandés. Raison pour laquelle outre Duelles nous programmons par exemple Escapada (Sarah Hirtt), Cavale (Virginia Gourmel) ou Coureur (Koen Mortier), et que viendront des comédiens comme Bouli Lanners, Jean-Luc Couchard, Jonathan Zaccai...

C. : On imagine que vous avez conscience de faire face à une concurrence assez rude. Tant belge, vu la pléthore de festivals qui existent aujourd'hui, et internationale, puisque vous faites face au Festival de Berlin et à la Cérémonie des Césars...
M.D.: Complètement. Mais, face à cette concurrence internationale, qui n'est pas toujours évidente, on a justement une réflexion pour peut-être un jour décaler le festival. Pour les festivals belges, c'est moins grave : ils sont complémentaires et déroulent à des moments différents moments et entre les directeurs de festivals, l'entente est bonne. Il y a certes beaucoup de festivals, à Bruxelles surtout, mais pour la Wallonie, c'est plutôt positif que des villes comme Liège, Mons, Namur, Tournai (...) aient leur propre festival, surtout que la plupart ont leur identité et leur spécificité. Le pire serait d'en avoir à la chaîne comme dans certains pays, avec des festivals construits sur une même formule et qui se ressemblent tous...

C. : Pour conclure, qu'espérez-vous cette année ?
M.D. : Que le festival soit accessible au plus grand nombre. Nous travaillons avec plusieurs publics: un public cinéphile, un public friand de films à débats – une section qu'on développe d'ailleurs -, un public pédagogique, la programmation scolaire attirant des milliers d'élèves. Et puis bien sûr, le grand public, qu'on veut remobiliser, car on aimerait que le spectateur vienne au festival en prenant du plaisir, qu'importe ce qu'il voit. Et qu'il s'étende au-delà de Mons, ce pourquoi on a développé une billetterie en ligne. Ce festival doit pour moi être plus rock and roll, plus vivant, moins sérieux peut-être, en offrant la gamme la plus large d'émotions et d'activités...

Infos pratiques:http://www.festivaldemons.be/

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