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D'un mur l'autre de Patric Jean

Publié le 01/05/2008 par Dimitra Bouras / Catégorie: Critique

La belle Europe, objet de tous les désirs

Berlin 1989, c'est la chute du mur; la fin de l'autarcie de l'aire communiste, le début de la libre circulation des citoyens de l'Est. Les jeunes qui n'ont pas connu le couloir barbelé qui traversait les territoires est-allemands pour rejoindre le Berlin libre et capitaliste, écoutent attentivement un guide qui s'évertue à matérialiser dans leur imaginaire la réalité du Check Point Charlie. 

D'un mur l'autre de Patric Jean

 

Aux pieds des restes du mur, deux hommes tentent les nostalgiques de l'ancienne Europe avec des casquettes militaires au bandeau rouge, des queues de renard ou autres bestioles poilues pour ces dames. « Je suis un berlinois » dit l'un d'eux. Il a connu Berlin avec son mur, il y vit depuis 1981. Son job, vendre des souvenirs aux touristes car il n'est pas encore parvenu à rassembler les fonds nécessaires pour ouvrir sa boulangerie. Depuis 26 ans, loin de sa femme et de ses enfants, il lutte seul, avec pour unique compensation le sentiment de réaliser son devoir d'homme : nourrir sa famille, les pourvoir d'une éducation digne, à la mesure de ses moyens. Une fois par an, il retourne au Pakistan faire le plein d'amour. Tout au long des territoires qui séparent Berlin à Ceuta, Patric Jean part à la rencontre d'hommes et de femmes portant en eux l'histoire de l'exil. « On a toujours la nostalgie du pays où on est né, mais il faut essayer de ne pas la cultiver, cette nostalgie-là, sinon, on devient fou ! ». 

Des visages, des histoires mille fois vues, entendues. L'histoire de l'immigration, racontée, rabâchée tant et si bien que l'on en devient insensible. Mais comme aurait pu le dire Pie Tshibanda, lorsque les cerveaux deviennent sourds, il faut s'adresser aux cœurs. C'est ce qu'a fait Patric Jean dans son dernier long métrage D'un Mur l'autre.

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