C’était durant le mois d’août. Un mois d’août comme les autres à Bruxelles. Un mois où l’on redécouvre les soirées d’été, la lumière vive, et les pluies qui ouvrent des brèches de souvenirs.
Les paroles des réalisatrices rencontrées résonnaient : des mots qui démêlaient tant d’histoires personnelles, des images émancipatrices et désireuses de changer l’ordre des représentations et nos imaginaires.
Durant ce même mois pluvieux, nous découvrions les images de Rosine Mbakam, comme une pluie qui gronde et rafraîchit. Une réalisatrice engagée dont la conscience politique se reflète dans ses images.
Une réalisatrice qui relie l’intime et l’histoire coloniale en libérant la parole. Une femme qui amorce une décolonisation des regards.
Nous aurions pu la rencontrer dans un salon de coiffure où les vitres sont des frontières, des cicatrices intérieures autant qu’une distance douloureuse, ou au détour d’une rue dont le nom ou la statue nous rappelle trop bien la domination vécue.
À ce jour, elle a réalisé des portraits de femmes qui se mélangent à sa propre histoire, entre le Cameroun et la Belgique. Comme Les Prières de Delphine qui raconte l’histoire d’une jeune Camerounaise broyée par les sociétés patriarcales et livrée à cette colonisation sexuelle occidentale comme seul moyen de survie. Une parole qui met à nu les schémas de domination qui continuent à enfermer la femme africaine.
Comment se positionner par rapport à cet héritage des images lorsque l’on est issue de l’immigration, lorsqu’on est une réalisatrice, femme et noire ? Comment utiliser le cinéma, inventer un autre langage pour parler des formes d’exclusions et de racismes?
Avec Rosine, nous avons parlé de décolonisation des images, de coiffures, et de regards qui brisent les stéréotypes.