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De longues vacances de Caroline Nugues-Bouchat

Publié le 14/12/2020 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Louise débarque avec ses parents dans une petite bourgade côtière pour les vacances d’été. Un séjour qui s’étire, sans qu’elle sache trop pourquoi. Alors, pour éviter l’ennui, Louise part à la découverte de la plage, de ses trésors cachés, et des légendes de sirènes et de marins perdus qui naviguent au gré de la houle et de l’imagination intarissable de son papa chéri. 

 

De longues vacances de Caroline Nugues-Bouchat

 

Issu de la pépinière de talents et d’objets animés atypiques qu’est Zorobabel, De longues vacances rassemble en quinze minutes tout ce qui fait la force et l’inventivité du cinéma d’animation belge en Fédération Wallonie-Bruxelles. Une technique maîtrisée d’abord, où se mélange de manière fluide les styles d’animation et les palettes de couleur qui font du bien. Une réalisation irréprochable, ensuite, où Caroline Nugues-Bouchat utilise chaque détail pour nous faire vivre ce moment entre rêve et réalité, entre le conte et le quotidien des personnages. En adoptant le point de vue de l’enfant, elle installe une atmosphère d’innocence, de douceur dans le film, sans pour autant se départir du message qu’elle souhaite transmettre à travers son histoire. Un propos très ancré dans la substance d’une époque difficile, qui résonne dans le sous-texte du film et dans le quotidien de la famille de Louise. Avec elle, le spectateur comprend doucement la réalité derrière le conte, alors même que Louise tente d’y échapper en se réfugiant dans son imagination, joliment mise en scène grâce aux différentes techniques d’animation dévoilées par la réalisatrice. 

Autour des briques et des brocs découverts sur la plage, Louise et son père construisent un mythe, une porte vers la rêverie et vers le monde de cette sirène un peu biscornue devenant de plus en plus métaphore du véritable propos du film. Les objets du quotidien deviennent des bijoux d’archéologie sous-marine, et les petits déchets trouvés à gauche à droite sur le sable contribuent à créer la légende d’Elga, cette sirène atypique dont le destin semble scellé par sa différence.

Un conte doux et moderne qui résonne par ses différents niveaux de lecture et par l’actualité de son propos, le tout magnifié par une poésie de l’image donnant à ce film son universalité, et la force de toucher à la fois petits et grands. 

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