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Etouffés d' Ely Chevillot

Publié le 17/12/2020 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Ce deuxième court-métrage d'Ely Chevillot après Ce qui échappe en 2018 est une captivante et redoutable analyse du harcèlement scolaire. C'est également un précis de mise en scène et de montage, sans fioritures ni pathos.

Etouffés d' Ely Chevillot

Louise, jeune adolescente, fait l'objet de harcèlement constant de la part d'un groupe de garçons menés par Mayeul, petit-bourgeois autoritaire, sadique et vicieux. Gangrené par ce personnage antipathique - subtilement interprété par Thomas Willi, qui lui donne beaucoup de nuances - le groupe de harceleurs commence à se fissurer. Les détails corporels filmés en gros plans, regards, mains, constituent le fil de la réalisation, le silence étant le premier mur que le harcèlement construit.

Ely Chevillot s'intéresse à ce qui se joue dans l'espace clos de ce jeu pervers, dans cette intimité, terrifiante, en dehors du monde, parents, enseignants qui ne voient rien. Le gros plan aussi est celui des textos qui tombent comme des pierres de lapidation, des bombes qui font exploser le cœur. La précision de la mise en scène et du montage, crée une tension qui ne lâche pas et qui va crescendo. La dynamique de l'humiliation et de la culpabilisation de la victime est parfaitement dévoilée, mais sans excès. Le réalisateur n'en n'est pas moins optimiste et ose certains procédés inattendus comme ses magnifiques plans ralentis; il met également en avant une sororité solidaire, et offre enfin une libération publique de la parole, garantie que l'impunité n'a plus sa place. L'œil blessé de Louise lui aura permis de voir qui elle est, non plus une victime, mais une résistante.

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