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Guillaume Kerbusch, comédien, coach et réalisateur

Publié le 18/12/2018 par Dimitra Bouras et Tom Sohet / Catégorie: Entrevue

Diplômé du Conservatoire de Mons, Guillaume Kerbusch est le désormais célèbre Sebastian Drummer, acolyte de l'inspecteur Yoann Peeters de la série La Trève. Il a commencé sur les planches du Théâtre Varia, du Manège, de l'atelier 210, entre autres. Le comédien est également l'auteur de la pièce pour adolescents Le Trait d'union, récompensée lors des Rencontres théâtre jeune public de Huy en 2014. Depuis quelques années, et surtout depuis son apparition remarquée dans La Trève, le jeune acteur a décidé de se tourner de plus en plus vers le cinéma. En 2018, il a notamment joué sous la direction de Thomas Vinterberg dans Kursk et dans Judith Hotel, court métrage de Charlotte Le bon, réalisé dans le cadre des Talents Adami à Cannes. Cette année, il coréalise aussi Seul avec elle avec sa femme, Laura Petrone, avec qui il organise en parallèle des stages face caméra à destination des jeunes comédiens.

Cinergie : Depuis La Trève, il y a plein de chemins qui se sont ouverts à vous.
Guillaume Kerbusch: Tout à fait. Grâce à La Trève, j'ai commencé à travailler dans le cinéma, j'ai trouvé un agent, ce qui est paradoxal parce que c'est une série télé.

 

C.: Pourquoi à votre avis?
G.K.: Pour plusieurs raisons. Cette série est un gage de qualité, elle s'est exportée. J'avais le deuxième rôle et cela a été très vite identifié. C'était très spécial parce que du jour au lendemain, dans toutes les soirées de cinéma et de théâtre, on savait qui j'étais. C'était très agréable. Même au niveau des institutions (Wallimage, Centre du cinéma), ça a été beaucoup plus facile de s'intégrer dans le milieu du cinéma, en tant qu'acteur, réalisateur ou producteur. Cette série a été un boulevard. Je ne remercierai jamais assez Matthieu Donck, Stéphane Bergmans et Benjamin d'Aoust et Hélicotronc.

 

C.: Cela vous a offert beaucoup de possibilités au cinéma mais aussi au théâtre.
G.K.: Oui, même si j'en fait moins maintenant. Je dirige une compagnie de théâtre jeune public et ma participation à La Trève a eu un impact pour diffuser les spectacles au sein des écoles. Quand je dis que j’ai joué dans la série, c’est tout de suite plus facile.

 

C.: Les stages face caméra se sont aussi mis en place après?
G.K.: Tout s'est mis en place après La Trève. Avant la série, j'avais déjà fait un peu de cinéma. J'avais joué dans trois longs métrages mais j'avais des petits rôles. Je me suis vite rendu compte de la difficulté de travailler dans ce milieu-là. Quand on sort du Conservatoire de théâtre, on ne connaît personne, on n'a pas de réseau, on n'a pas accès à ce métier. Donc, on a eu l'idée de mettre en place ces stages face caméra pour s'entraîner. Les comédiens et les réalisateurs s'entraînent, les uns à jouer, les autres à diriger. Tous les mois, on organise un stage de jeu face caméra et on s'entraîne avec le réalisateur. Il vient, il prend sa matière, le long métrage qu'il est en train de préparer ou qu'il vient de faire, et on travaille avec lui cette matière-là. Pour le moment, on travaille avec Guérin van de Vorst, on a travaillé avec, entre autres, Philippe van leeuw, avec Guillaume Senez, Savina Delicourt et Delphine Noëls.
Je fais les stages avec ma femme, Laura Petrone, qui est comédienne aussi. Elle a commencé le cinéma en faisant ces stages-là. Elle voulait vraiment se former au cinéma. La meilleure manière étant la pratique, elle a participé à ces stages. C'est comme cela qu'on peut se faire connaître des directeurs de casting en organisant des stages de jeu face caméra avec eux. Maintenant, on commence à aller en France car, grâce à La Trève, j'ai eu un agent qui m'a fait rencontrer plein de directeurs de casting et on les invite en Belgique. Ainsi, les directeurs de casting nous rencontrent mais ils rencontrent aussi tous les jeunes qui participent au stage. J'ai envie de faire connaître les Belges en France pour faire des ponts. Je crois que c'est très compliqué de ne faire du cinéma qu'en Belgique, il faut pouvoir le faire en France aussi. Je considère cela comme un grand territoire. J'ai l'impression que les deux vont de pair.

 

C.: Comment s'organisent ces stages?
G.K.: On propose l'inscription à des acteurs, non aguerris au cinéma, qui ont fait une école de théâtre ou à des acteurs qui ont déjà une expérience. Ce n'est pas pour apprendre le cinéma, c'est pour pousser les curseurs là où on peut les pousser, pour favoriser l'émergence des nouveaux acteurs.
Les stages de jeu face caméra durent une semaine de 10h à 17 heures. L'idée n'est pas de faire apprendre le cinéma mais de pratiquer le cinéma. On demande aux réalisateurs de venir avec la matière qu'ils sont en train de travailler et ils peuvent nous utiliser comme des cobayes. D'une part, les réalisateurs viennent pour faire des recherches sur leur matière et nous, en tant qu'acteurs, on travaille notre outil. C'est la première partie du travail de jeu face caméra.
Et la deuxième, ce sont les ateliers casting qui se déroulent pendant deux jours où on travaille avec deux directeurs de casting. On coupe le groupe en deux et on est tout le temps actif car on fait à tour de rôle, le casting pour soi, la réplique et on tient la caméra. De cette manière on est toujours en train de réfléchir à ce qu'est le casting. Le casting est un exercice assez compliqué. Les directeurs de casting viennent avec des scènes qu'ils ont déjà travaillées dans certains films, parfois avec des scènes qu'ils sont en train de caster. Ils nous les donnent à l'avance, on les travaille et on doit proposer quelque chose. Après, ils retravaillent avec nous. On va vraiment en profondeur. C'est l'occasion pour les acteurs qui n'ont pas encore rencontré de directeurs de casting de se présenter dans des conditions relax.
Les stages de jeu face caméra sont constitués de dix participants et les ateliers casting, ce sont des groupes de douze. On fait huit stages par an de jeu face caméra et quatre stages de casting par an. Cela fait deux ans et demi qu'on fait ça. Aujourd'hui, on est aidés par la Ministre de la Culture via La Loterie Nationale et par la fondation Bernheim, une fondation qui s'occupe des jeunes demandeurs d'emploi. Grâce à ces aides, nous avons pu réduire le prix d’inscription de nos stages.
Les formations ont de plus en plus de succès, et on reçoit beaucoup de retours positifs de la part des participants. C'est très épanouissant et c'est une bonne manière de rester actifs, de rester dans le travail. Cela vaut pour les comédiens mais aussi pour les réalisateurs qui peuvent pratiquer entre deux films. On a la chance de travailler avec des réalisateurs avec qui on n'aura peut-être jamais la chance de tourner.
On essaie de rapprocher le travail sur le plateau et le travail pendant les stages. On est juste moins dans l'efficace et plus dans la recherche. Cela m'a beaucoup aidé pour les castings que j'ai faits. On espère avoir un partenariat avec Actiris pour que les stages soient reconnus.

 

C.: Cette année, vous avez participé aux talents Adami et vous voulez mettre en place la « Belge Collection ». De quoi s'agit-il?
G.K.: Les « Talents Adami Cannes », c’est une initiative qui propose à cinq réalisateurs ou acteurs très connus de réaliser chacun un court métrage et de mettre en scène quatre jeunes talents dedans. Il y a vingt jeunes talents, qu'on appelle les talents Adami, et on présente cette collection-là en première à Cannes. J'étais le seul Belge car c'était une initiative française, même s'ils sont très ouverts. Et je me suis demandé comment on pouvait faire la même chose chez nous. Avec Laura Petrone, on a proposé ça à la Ministre de la Culture qui a été séduite par le projet et qui nous a mis en contact avec le Centre du Cinéma et qui nous a poussés. Maintenant, on a Betv, PlayRight et la Sabam dans le projet et Émilie Dequenne qui sera notre marraine pour la première édition. Le but est de faire quatre courts métrages qui vont être projetés dans plusieurs gros festivals. On veut les montrer en un bloc donc il y aura une diffusion à la télévision sur Betv, peut-être à la RTBF. On mettra ainsi dix à douze jeunes comédiens en avant. Les réalisateurs seront Guillaume Senez, Ann Sirot et Raphaël Balboni, Pablo Muñoz Gomez et Laura Petrone et moi.

 

C.: Sur les planches, vous continuez uniquement avec votre troupe de jeune public?
G.K.: Essentiellement, car j'essaie de faire beaucoup plus de cinéma maintenant. On a nos deux premiers spectacles qui tournaient et qui tournent encore avec d’autres acteurs. Je suis en train de mettre en scène mon nouveau spectacle, le deuxième que j’ai écrit. J'essaie d'être moins sur les planches pour me consacrer à l'écriture, à la mise en scène de théâtre et au jeu au cinéma.

 

C.: Pourquoi ce changement?
G.K.: C'est un rêve d'enfant de faire du cinéma et La Trève est un trop beau cadeau que pour se dire qu'il y en aura d'autres après. Il faut saisir la chance maintenant. J'essaie de jouer un peu plus et depuis deux ans, ça marche bien. Cette année, j'ai eu un premier rôle dans un téléfilm suisse où je jouais un homme politique. J'ai dû beaucoup travailler sur mon accent. J'ai joué dans Les Rivières pourpres qui vont sortir prochainement. J'ai tourné en anglais pour Thomas Vinterberg dans Kursk. C'était impressionnant car on a fait des bootcamp, habillés en militaire dans les bois avec Matthias Schoenaerts. J'ai joué aussi dans Dreamland avec Juliette Lewis. J'ai joué dans les talents Adami avec Charlotte Le bon. J'ai aussi participé à une websérie, Lucas etc. qui sort sur Ouftv où je joue un prof de gym. J'ai co-réalisé un court-métrage avec Laura Petrone, Seul avec elle, dans lequel on a aussi joué. On a été dans plusieurs festivals : Le Court en dit long, le Chéries-chéris à Paris, au FICFA au Canada ou encore chez nous au festival « Les Enfants Terribles », et au « Pink Screen ».

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