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Irréprochables, de Sophie Breyer, Flore Mercier et Angèle Bardoux

Publié le 10/05/2024 par Dimitra Bouras / Catégorie: Critique

Séance unique ce lundi 13 mai à la Sauvenière, en présence des réalisatrices.

Des mamans désenfantées qui se réunissent régulièrement pour se soutenir contre la violence d’un système qui les a privées de leurs droits parentaux ont rencontré des réalisatrices et comédiennes de l’association liégeoise Anotherlight. Cette association est gérée par le cinéaste Christophe Hermans, documentariste avant tout, et réalisateur de la fiction La Ruche, sur les conséquences de la bipolarité au sein de la famille. Anotherlight organise des formations pour donner accès à l’outil cinéma à toutes et tous. On y considère que le langage cinématographique permet de véhiculer autrement les idées, les sensations ou les émotions. C’est ainsi que des mères à qui on a retiré leurs droits parentaux réalisent ce film avec l’aide de comédiennes et de réalisatrices.

Irréprochables, de Sophie Breyer, Flore Mercier et Angèle Bardoux

Les procédures judiciaires ne leur permettant pas de s’exprimer publiquement, ce sont des comédiennes qui portent leurs témoignages. Les comédiennes sont coachées par les mères qui leur expliquent ce qu’elles vivent et comment elles vivent les séances de confrontation face aux agents du Service d’Aide à la Jeunesse ou de la Protection de la Jeunesse. Ces services sont leurs interlocuteurs quand elles veulent dénoncer des cas de violence que subissent leurs enfants. Les mères que nous rencontrons dans ce film ont toutes été déchues de leurs droits parentaux. On leur a retiré la garde des enfants. Avec les comédiennes, nous essayons de comprendre comment une maman qui dénonce la violence que subit son enfant par le père, arrive à ne plus pouvoir être avec son enfant. Par leurs témoignages, leurs explications, leur rencontre avec les comédiennes, nous nous rendons compte que la procédure qu’elles ont voulu enclencher se retourne contre elles. L’incompréhension ou les a priori des agents les accusent de mensonge, imaginant qu’elles utiliseraient des accusations graves contre leur ex pour résoudre leurs conflits de couple. L’imbroglio dans lequel elles se trouvent peut atteindre son paroxysme d’incompréhension, pouvant jusqu’à les accuser de fragilité voire d’instabilité psychologique. Irréprochables est le titre de ce court métrage de 30 minutes. Irréprochables comme doivent l’être les mamans qui entament ce processus judiciaire si elles veulent, un tant soit peu, avoir gain de cause. Les panneaux en fin de film précisent que c’est par manque de temps que ces agents des services d’aide (les SAJ) deviennent incompétents, manque de temps et d’effectifs, préférant résoudre une situation qui pourrait être dangereuse en plaçant l’enfant plutôt que de chercher à savoir si le père est réellement violent ou pas. Cette conséquence ne peut que provoquer la colère d’une mère qu’on n’entend pas, qu’on accuse de menteuse et de manipulatrice.

Ce documentaire, mêlant mises en situation interprétées par des comédiennes et témoignages exprimés par les mères, trouve sa force dans cette forme hybride, nous positionnant en tant que spectateur, juge de l’exactitude du jeu des actrices et acteur. Nous sommes conviés à participer à ces rencontres, à y prendre part. Comme les comédiennes, nous écoutons les témoignages et nous voyons leurs réactions, les émotions qu’elles vivent en découvrant ces réalités.
On lit sur leur visage les mots que disent les mères.

Présenté au festival Millenium à Bruxelles en mars 2024 dans la section des Jeunes Talents belges, ce film a été primé par le jury des rédactrices et rédacteurs de Cinergie.

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