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Je suis rentrée de Valentine Lapière

Publié le 09/08/2023 par Quentin Moyon / Catégorie: Critique

L’idée de rentrer chez soi induit, de fait, celle d’en être parti. Produit par Roue Libre Production, ce nouveau court métrage de Valentine Lapière, à qui l’on doit déjà le film Aube, nous invite le temps d’un week-end sur les pas de Mathilde qui revient dans la maison qui l’a vu grandir.

Je suis rentrée de Valentine Lapière

Poster de Spice World, perles, carrousel rose… les souvenirs se son enfance (heureuse ou pas, difficile à dire) affluent. Mais elle vient surtout retrouver celle qui l’a aidé à devenir adulte, sa mère qui s’apprête à passer le cap des 65 ans et qu’elle n’a pas vue depuis trois ans. Liées par le sang, rongées par le distance, les regards entre les deux femmes se croisent à peine. S’impose alors la question de la raison du départ de Mathilde, trois ans auparavant. 

Ce doute, ce flou omniprésent est sans aucun doute la grande force de ce film. Les non-dits, le ressentiment latent, permettent au spectateur de participer à la construction de l'œuvre. Plongés dans une simple parenthèse de la vie de Mathilde, à nous d’effectuer la mise en contexte.
Comment interpréter la froideur de sa mère ? Pourquoi ce retour impromptu, après trois ans sans nouvelles ? Le spectateur devra lui-même dessiner les contours de cette courte séquence de vie. 

Et doucement, mais sûrement des pistes se profilent. Ici une chute, là une référence à des médicaments, ou là encore un penchant pour la bouteille. La caméra de Kinan Massarani tente de nous aiguiller, laisse traîner quelques indices. Mais bientôt les sourires se décrispent, les silences se font évocateurs, les gestes de tendresse plus présents. Réside encore sous cette couche d’indifférence un amour mère-fille profond qui semble difficile à communiquer, à avouer… au risque de paraître vulnérable ?

Un drame de l’intime subtil, sur la difficulté d’énoncer l’évidence.

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