Le Cantique des cantiques d'André Goldberg

Un générique incantatoire ouvre ce court envoûtant; puis une voix de femme sur une chevelure frisée, telle une planète, et un visage éclatant apparaît; celui de la bien-aimée et bien-aimante. Elle cherche celui que son coeur aime. Le texte est un récit d'amour d'un érotisme intense, aux mots juteux qui font la femme et l'homme des trésors pour les sens et qui éclaboussent des images faites de joies, de beautés et de rires. Le cinéaste échappe à la plate illustration : ni drapés, ni dorures, ni forêts de cèdres, ni verdure, ne viennent gâcher l'émoi littéraire. Seule la nudité résiste aux mots sublimes.

Dans un décor blanc presqu'aveuglant, André Goldberg sacralise les corps nus et les visages en des rituels troublants qui accompagnent les délicieux phrasés amoureux. L'amante dont on va raser la tête et le pubis, les lavages de pieds, actes de tendresse et de passion, tout participe à l'envoûtement que la poésie distille. La lenteur et les plans longs permettent l'appréhension de ce magnifique dialogue. La nudité des corps devient irréelle, les mouvements sont marqués du bruit aériens des pas, le réalisateur a créé des passages entre nous et le texte, entre nous et une idée de l'amour.