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Naître d’une autre de Cathie Dambel

Publié le 02/12/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Naître d’une autre, le film réalisé par Cathie Dambel accompagne le processus d’une gestation pour autrui qui s’est établi sans contrepartie financière. En immersion pendant un an dans un hôpital de Bruxelles, le film nous plonge dans les questionnements que suscitent la gestation pour autrui (GPA).

 

Naître d’une autre de Cathie Dambel

Les premières images nous plongent immédiatement au cœur des réunions des soignants et médecins qui accompagnent les femmes dans le processus de GPA. Entre le cadre légal et les affects, différents exemples et histoires de personnes sont énoncés, parfois débattus, toujours dans un souci de bienveillance. Ce premier comité soulève les questions qui sous-tendent et traversent tout le film : le respect de la mère porteuse, le droit à l’enfant, la « dette » de celle qui ne peut pas le porter. Alors que le cadre légal est posé dans ses spécificités propres, entre la Belgique et la France principalement, le film nous montre une femme née d’une GPA qui visite les lieux de l’hôpital et interroge les spécialistes. L’intelligence du film est d’avoir proposé, à partir de l’épicentre des médecins et soignants, des regards multiples et croisés sur le processus de GPA. Ainsi, à travers les séquences, une jeune femme visite les lieux de l’hôpital dans lesquels se déroule l’accompagnement, des mères ayant recours à la GPA sont interviewées face-caméra, mais aussi des souvenirs de certains spécialistes, ou encore les images d’une mère porteuse dont la grossesse évolue au cours du film. Tous ces cas de figures d’une parole libérée, dressent un état des lieux entre éthique, humanité et sollicitude. Entre les Ardennes, Bruxelles et le Nord de la France, toutes se livrent et questionnent leur place dans la grossesse, la peur de ne pas être reconnues par l’enfant, l’incertitude à l’égard de la place que prend cette « dette » qu’une autre ait porté leur enfant. Finalement, les témoignages creusent les sillons d’un cadre légal encore  fragile et à réinventer, à l’instar de cette question posée par une soignante : qui contrôle vraiment la grossesse lorsqu’on n’arrive pas à avoir d’enfant naturellement ? Qu’est-ce qu’être mère ? Y a-t-il un cadre qui le définit ? Comment gérer le sentiment d’imposture ?

 

La place de la caméra s’efface complètement pour entrer dans cette intimité. Passive et observatrice du réel, elle s’oublie, pour laisser à la voix et aux visages de ces femmes l’espace nécessaire. C’est donc avec la même bienveillance et sollicitude dont sont habités les soignants que la réalisatrice Cathie Dambel capture les moindres moments de joie, d’anecdotes, de souvenirs et de réflexions. Un film qui laisse enfin parler les mères, les femmes, les premières concernées par un sujet si complexe

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