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Otomi de l'Atelier Zorobabel

Publié le 01/04/2006 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique
Otomi de l'Atelier Zorobabel

En 1868, Tokyo vit les derniers jours d'une guerre qui marquera la fin du pouvoir traditionnel et despotique des shogun, et l'entrée du Japon dans l'ère moderne. Dans un quartier évacué dans l'attente d'une offensive toute proche erre un curieux vagabond. Ce dernier, Shinko, finit par se réfugier dans une boutique abandonnée afin d'y trouver un abri pour la nuit. A peine a-t-il déroulé sa natte, qu'arrive Otomi, une jeune servante venue rechercher pour sa maîtresse le chat de la maison, oublié dans l'évacuation. Entre eux, c'est la méfiance et la tension qui ne fait que croître jusqu'au moment où Shinko tente de faire chanter Otomi afin de pouvoir abuser d'elle. Mais Shinko est-il vraiment le vagabond qu'il prétend être?
Vous vous souvenez sans doute de Barbe Bleue, précédent projet d'envergure de l'Atelier Zorobabel qui, déjà, avait suscité l'émerveillement de la rédaction. Otomi, leur nouveau film, aux ambitions comparables, confirme de manière spectaculaire les progrès techniques encore accomplis par l'atelier ces dernières années. Il s'agit d'une animation de poupées qui nous transporte dans le Japon du XIXe siècle, de manière assez inattendue. Les auteurs ont en effet poussé le perfectionnisme jusqu'à dialoguer le film en japonais. Ils renforcent ainsi le dépaysement ressenti par le spectateur, ce qui confère au film une crédibilité accrue (cela nous change agréablement de tous ces films qui se passent au bout du monde et où tout le monde parle anglais avec l'accent du Bronx). Perfectionnisme est vraiment le mot qui caractérise cette réalisation impeccable à tous points de vue. On pourrait peut–être relever un relatif manque de lisibilité du scénario, surtout sur la fin, mais ce serait vraiment le seul point d'ombre à mettre au débit d'un film qui témoigne, une fois de plus, de la maîtrise atteinte par l'Atelier Zorobabel tant au niveau technique, qu'artistique. Globalement, Otomi se situe au dessus du lot de la compétition 2006 d'Anima, et on ne peut que s'étonner de le voir curieusement absent du palmarès.

 

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