Edgar Reitz, né en 1932 en Allemagne, est un auteur réalisateur célèbre pour ses films sur la vie contemporaine de ses concitoyens dans le Hunsrück. Sa trilogie Heimat (1973-2006) embrasse l’histoire politique, sociale et culturelle de son pays au XXe siècle, racontée à travers celle de la famille Simon, originaire d’un village fictif, Schabbach. Une œuvre monumentale, unique dans l’histoire du cinéma. Internationalement reconnue, elle a été saluée par les spectateurs allemands pour sa puissance narrative, la pertinence de ses analyses historiques, la sensibilité de ses portraits.
Die Andere Heimat (2013) constitue un retour aux sources, une chronique originelle de la famille…
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Le charme peu discret de la bourgeoisie
Depuis sa sortie, La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino croule sous les récompenses, entre autres, le Golden Globe du meilleur film étranger et l'Oscar du meilleur film étranger. Après la satire nationale politique avec Il Divo et le road-trip américain avec This Must Be the Place, le réalisateur italien s'attaque à Roma, la belle, la puissante, la jouissive, la décadente, avec ce dernier film.
À Rome, donc. Jep Gambardella est un homme charismatique et séduisant, malgré les premiers signes de l'âge. C'est l'homme à connaître, celui qu'il faut côtoyer, celui avec qui il faut discuter, celui chez qui il faut aller danser.…
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Avec le cœur au bord des yeux
Si vous n'avez pas pu voir en salles le dernier film de Marion Hänsel, rattrapez-vous avec le DVD proposé par Cinéart et Twin Pics! Saisissez l'occasion de découvrir cette comédie douce-amère pleine de qualités, un film étonnant à plus d'un titre. Pour ceux que rebutent ordinairement les choix austères d'une réalisatrice réputée pour aimer les sujets difficiles, ce film plus léger est peut-être une chance de découvrir le travail d'une des plus grandes cinéastes belges contemporaines: sa rigueur, son goût de la belle image et du beau son, la subtilité de ses dialogues et de sa direction d'acteurs, la…
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Au printemps, le Festival Anima ramène chez nous le meilleur de l’animation et, en guise d’apéritif, avec les crocus, arrive un DVD compilant le best of de l’édition précédente. Ce DVD est le 9e de la série et contient 10 courts métrages. Cinq sont extraits du palmarès de la compétition internationale, trois sont issus du palmarès de la compétition belge et deux représentent les coups de cœur des organisateurs.
Côté belge, on a le plaisir de retrouver Oh Willy, prix SACD mais aussi prix Cinergie. Le film d’Emma De Swaef et Marc J. Roels, avec ses personnages pelucheux, ses décors soignés et son étrange et émouvante histoire de retour…
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O'Brother
Très coté aux USA après le succès de son second long métrage Ne le dis à personne, Guillaume Canet traverse l'Atlantique et atterrit au cœur de "La Grosse Pomme" dans les seventies. Co-écrit avec James Gray, cette adaptation des Liens du sang de Jacques Maillot - dans lequel jouait Canet - aurait pu être un polar haletant. Le pari n'est hélas pas tenu.
New York, 1974. Chris (Clive Owen) sort de prison après douze ans. Il est accueilli par sa famille, et notamment son cadet, Frank (Billy Crudup), devenu un flic réputé. Bien que rivaux depuis l'enfance, Frank soutient son aîné dans sa réinsertion et l'aide à renouer avec sa femme Monica…
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Avec un titre pareil, une histoire aussi dingue qu'un comédien qui joue les morts dans les reconstitutions policières, et une telle tête de gondole, le merveilleux et hilarant François Damiens toujours aussi tendre et à côté de la plaque, on s'attendait à une comédie farfelue et fantaisiste façon Pascal Thomas, Pierre Salvadori ou version totalement barrée, à la Serge Bozon. Mais c'était sans compter avec le palmarès de Jean-Paul Salomé à qui l'on doit un bon nombre de films très ambitieux et relativement insipides comme Belphégor, ou l'Arsène Lupin avec Romain Duris. Alors, sans réelle surprise, Je fais le mort s'avère…
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De Kadija à Sarah
Dans le monde du cinéma belge, le nom de Kadija Leclere résonne. Comme directrice de casting d'abord et, comme réalisatrice, ensuite. Après ses trois courts métrages, Camille (2001), Sarah et La pelote de laine, elle s'est lancée dans la réalisation de son premier long métrage, Le sac de farine, sorti dans les salles l'année dernière. Un film entre l'ici et l'ailleurs, entre la Belgique et le Maroc, entre Kadija et Sarah.
En 1975, à Alsemberg, Sarah, 8 ans, vit dans un foyer d'accueil catholique. Sans racine, sans parents, la petite fille cherche, fouille, tente, en vain, de découvrir la vérité. Un jour, cet homme inconnu, son père…
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Ballade en demi-teinte
Toujours titillé par l'envie d'aborder des sujets provocants ou subversifs, Ozon trace ici le parcours d'une adolescente qui (re)découvre, après une perte de virginité estivale, le désir et la sexualité à travers des rencontres sexuelles tarifées. De la prostitution donc. Ozon fait tout pour ne pas aborder ce sujet dans sa dimension sociale ou romantique, mais il en fait quand même le sujet central d'un film opaque où les questions morales s'échappent pour laisser place à une ballade indécise, souvent ennuyeuse. La jeune Isabelle/Léa n'exprimera réellement aucune motivation et restera une inconnue pour ses proches. Une femme qui a peut-être,…
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L’histoire est écrite par les vainqueurs, on le sait. Et lorsqu’ils ont perdu la bataille, qu’ils ont eu tort ou commis des abominations, ils n’aiment pas qu’on le leur rappelle. Pas étonnant donc que les deux longs métrages de fiction tournés par Claude Vermorel en 1952 et 1955 en Afrique n’aient pas eu, en leur temps, la place qu’ils méritaient dans les cinémathèques d’Europe et les encyclopédies du cinéma. Heureusement, le travail de mémoire de l’association Belfilm nous permet, avec la réédition en DVD de La plus belle des vies et Les Conquérants solitaires, de découvrir des films qui nous rappellent, comme le disait Jean Rouch, que lorsqu’on… Lire l'article
Oeil pour oeil, dent pour dent
Le dernier film d'Arnaud des Pallières est inaccessible, impalpable, d'un autre temps. À l'heure de l'impatience et de la vitesse, Michael Kohlhass débarque comme un ovni. Un objet qu'on ne saisit pas immédiatement, qui glisse entre les doigts. Adaptation du roman homonyme d'Heinrich von Kleist, Michael Kohlhass, même s'il est revenu bredouille du Festival de Cannes 2013, a connu un succès public notable. Faisons un bond de cinq siècles en arrière...
Dans les Cévennes, Michael Kohlhass est un marchand de chevaux prospère. Il mène une vie familiale heureuse jusqu'au jour où il est victime de l'injustice d'un jeune baron. Pour sauver…
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Michel Ocelot, ce Georges Méliès contemporain
« Kirikou, c'est moi en beaucoup mieux », avoue timidement Michel Ocelot. Kirikou est altruiste, vaillant et honnête. Trois qualités qu'on peut facilement reconnaître à son géniteur. Philanthrope dans l'âme, le réalisateur veut donner du plaisir à ses spectateurs. Vaillant. Il fabrique avec du vieux, avec du neuf, avec des thèmes inédits. Il n'a pas peur. Honnête. Pas d'artifice ni dans les dialogues, ni dans les effets. En espérant que le père Noël dégotte le coffret DVD incluant Azur et Asmar (2006), Les Contes de la nuit (2011) et Kirikou et les Hommes et les Femmes (2012), petits et…
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Au XVIIIe siècle, un jeune marquis tombe sur l’autobiographie de Suzanne Simonin, une jeune fille qui croit que son destin est lié à une fausse note jouée au piano. À l’âge de 16 ans, Suzanne est contrainte, par sa famille, à entrer dans les ordres pour des raisons financières alors qu’elle ne rêve que de connaître la vie. Refusant, au départ, cette condition qu’elle n’a pas choisie, Suzanne voit son entourage la persuader de prendre l’habit. Le jour de son engagement, elle refuse d’entrer en religion et de rejoindre le Seigneur. Suzanne accepte pourtant de retourner au couvent et d’embrasser les vœux. Elle y découvre un tout autre milieu ecclésiastique… Lire l'article
On se souvient que dans In the mood for love de Wong Kar-Wai, le vécu est toujours différé par la mémoire du passé. Mais aussi que la mémoire individuelle est recouverte par la mémoire collective (1). Dans les années 60, Charles de Gaulle se rend àPhnom Penh, la capitale du Cambodge, et y tient un discours sur la neutralité d'un pays qui évite d'intervenir pendant la guerre du Vietnam. Tout au long de son parcours, de l'aéroport à la ville, il est applaudi par la population khmère (2).
The Grandmaster, le dernier film de Wong Kar-Wai, nous parle aussi des labyrinthes de l'Histoire, de l'individu à la communauté. Dans la Chine des années 30, du…
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La période marocaine de Jérôme le Maire.
Des quelques années de vie passées dans le sud marocain, Jérôme le Maire en a rapporté deux longs métrages, édités conjointement en DVD, Le Thé ou l'électricité et Où est l'amour dans la palmeraie ?Partant d'une rencontre insolite avec un habitant de la palmeraie dans laquelle le réalisateur s'était installé, il prend prétexte d'une enquête sociale qu'il veut mener dans le village pour approcher ses habitants. Mansour Jebrane lui servira de guide, de traducteur et d'interlocuteur dans sa réflexion d'occidental confronté à l'étrangeté…
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Les amateurs de films noirs apprécieront ces cinq heures menées tambour-battant dans un délire à la John Woo plutôt qu'à la Francis Ford Coppola. Deux parties pour respecter une durée de soixante années qui racontent la lutte sur trois générations entre deux familles mafieuses : les Khan et les Singh. L'action se passe aux confins de l'Etat du Bengale, dans la région du Bihar, près de la ville minière de Wasseypur. En 1947, Nerhu annonce l'indépendance de l'Union indienne. Les mines abandonnées par les Anglais sont reprises par les Singhs dont les hommes de main sont les Khan. Mister Singh dit à son sbire : « L'Inde est libre. Les ouvriers…
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