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Stijn Coninx, réalisateur, vice-président de la Cinémathèque Royale de Belgique

Publié le 06/02/2009 par / Catégorie: Événement

En tant que cinéaste, il me semble important d'être impliqué dans la conservation des images. Cela fait plus de 100 ans maintenant que l'histoire et la mémoire passe aussi par les images. Et aujourd'hui encore plus qu'avant avec les archives télévisuelles. Pendant de longs siècles, la mémoire collective était constituée de paroles, d'écrits, de dessins, de sculptures et de peintures. Mais aujourd'hui, nous avons aussi le cinéma. Il est de notre devoir de protéger cette mémoire fragile par son support, ne pas l'oublier ni la perdre.

Texte écrit et lu par Stijn Coninx à l'ouverture de la nouvelle installation de la CINEMATEK. 

« Ils partent d'un mythe, d'une saga, d'une légende,
De l'ancien, traduisent dans des mots,
Des classiques et de la rhétorique,
Ils sont magiciens du verbe, de la dialectique,
De la philologie, de la création, de la rime et des strophes,
De la poésie et de l'allégorie,
Des chansons de gestes et de mots,
Des mélodies et compositions,
Des moments et des photos,
Ils vont vers le mouvement, la réalité, dense, enjolivé ou durci,
Adorné de fantaisie, de récit,
Le film, un document, des images à la seconde, immortalisé,
La fiction,
Toute une histoire, conservée pour la chérir, pour la transmettre…
Depuis plus de cent ans, les cinéastes projettent leurs perceptions de la vie sur le grand écran. Les émotions absorbent les évènements,
Un regard particulier, Un point de vue,
La cinematek conserve ces films avec amour.
Quand on déménage ou qu’on aménage, c’est tout un art que d’éliminer.
Ici l’art est de ‘conserver’.
La cinematek est et veut rester un point de contact, et demeurer pour ouvrir le patrimoine culturel,
fixé sur la pellicule ou d’autres supports, les rendre accessibles et attrayants à tous et aux jeunes en particulier.
La cinematek est plus qu’une ‘-thèque’ où l’on consomme un brin de sensation pour 3 euro...
Tout ce qui se dégrade ou ne se dégrade pas, ce qui est neuf, ce qui est osé doit être mis en perspective, à l’attention des esprits critiques, à la disposition des écoles, des cinéphiles, encore, et toujours, et encore.
Demeure libertine du grand écran.
Les films aident depuis longtemps à écrire l’histoire.
Les cinéastes exposent les émotions, combattent l’injustice, alimentent des rêves, animent des miroirs, projettent leur imaginaire, éveillent les tensions, les émotions, font rire, objectivement, très subjectivement, subversifs.
La réalité est colorée, adaptée, interprétée, rétablie.
Le coeur parle et retient. L’âme est conservée.
La surconsommation appelle l’oeil critique,
Pour que les perles ne soient pas perdues
Tableaux de lumière
Plus vivants qu’on ne le pense
Non pas une cave, remplie de boîtes empoussiérées, mais un espace d’images et de sons qui permet de regarder l’avenir depuis le passé.
Des perceptions sans limites, retenues, pour mieux les libérer, les analyser, les commenter, les travailler ou les transformer.
Des pièces de l’alphabet de l’image
Cinema – tek
Images et sons d’autrefois, illusions, pour créer la nouveauté et la comprendre…
Communier dans le film,
Dans l’amour de l’art,
Partager le repas tous ensemble dans le parc. »

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