Michel Jakar nous a quitté le 23 janvier 2012
1974 | O sidarta (Philippe Druillet) CM 35mm - 12 min. |
1974/79 | L’Amante anglaise (M. Duras) - Adaptation théâtrale - Vidéo - 90 min. Strip-Tease Vol au-dessus d’un nid de coucous La noce chez les petits bourgeois Le Temps des innocents |
1978 | Bauduin des Mines (O.P. Gilbert) - Fiction TV - 2×90 min. Dialogues d’exilés |
1979 | La Visite (Victor Haïm) - Adaptation théâtrale - vidéo - 90 min. |
1984 | Maria Malibran Documentaire Fiction - 16mm - 52 min. Images d’un Opéra |
1986 | Opéra sans paroles - Variations Carmen Vidéos Musicales |
1987 | Les Pupilles du tigre (Paul Emond – Philippe Sireuil) - Adaptation théâtrale - 16mm - 90 min. Sollers/Sade/Mozart Etrange Printemps |
1988 | Extases (Philippe Boesmans) - vidéo-danse - 30 min. |
1989 | Koniec, genre théâtre (Jacques Delcuvellerie) - Adaptation Théâtrale - 35mm - 120 min. |
1990 | J’aurais aimé vous voir danser, Madame Akarova Documentaire vidéo - 56 min. |
1991 | Composition en 18 tableaux sur le thème de la couture lyrique Vidéo - 18 min. |
1992 | Silence du rouge (Génicot) - vidéodanse radiophonique - 28 min. |
1993 | Fanget an ! (Les Maîtres Chanteurs - Wagner) - documentaire - 16mm - 48 min. |
1994 | Rien de réel (Cie Mossoux-Bonté) - HD vidéodanse - 24 min. |
1995 | La chaleur du sang (Philippe Boesmans - André Delvaux - Luc Bondy) - Documentaire vidéo - 52 min. Le secret de la ligne claire |
1996 | Moreau (Marcel Moreau) - LM documentaire - 16 mm. - 80 min. |
1997 | Son Image Danse (Akarova - Michèle Noiret) - Documentaire - Vidéo - 66 min. |
1998 | La Mère (B. Brecht - Jacques Delcuvellerie) - Adaptation théâtrale - Vidéo - 136 min. Nous ne savons jamais ce que voient les yeux des femmes que nous regardons London Bridge is falling down, falling down |
1999 | Madame Charles-Quint, vous avez oublié vos pistolets Portrait (Maxime Benoit-Jeannin) - vidéo - 26 min. Charbon |
2000 | Un voyage immobile Portrait (Eva Visnyei)- Vidéo - 26 min. |
2001 | Ça me ferait plaisir ! Portrait (Nicolas Kozakis) - Vidéo - 26 min. Jonction III Off in Venezia Irreligia |
2002 | InJonction III CM vidéodanse (Cie Mossoux-Bonté) - 15 min. |
2003 | Va Pensiero (Enzo Pezella) - Vidéodanse - 42 min. Demain il fera jour |
2004 | Olympia (Vera Mantero) - Vidéodanse - 15 min. Boiling Point Ouverture I |
2005 | Générations - fragments d’une installation (Cie Mossoux-Bonté) vidéodanse - 28 min. TNBC(F)WB |
2006 | Les bains à Ostende Documentaire - Vidéo - 30 min. Holeulone Trans Danse Europe |
2007 | Métamorphose Documentaire – HDV – 75’ Partita-s Légers dérangements du réel Rustin |
Les images et les sons de mon enfance
C'est par un refus total et violent que je suis arrivé au cinéma. En disant non, à l'âge de vingt-quatre ans, à une forme d'existence, de société, à un pays, à une famille, j'ai dit oui au cinéma. Il a fallu que je passe par cet état limite de crise et de révolte contre l'immobilisme pour pouvoir me nomadiser et aborder le cinéma. Et dans ce temps où je prenais la fuite et où je m'exilais pour mieux me retrouver ailleurs - et si possible dans un terrain encore vague - je m'appuyais inconsciemment sur des images et des sons de mon enfance, pour mieux rebondir. Je suis né dans un village de montagne en Suisse, où l'on fabriquait, dans les années 50-60, les célèbres caméras Paillard Bolex. Mon père y travaillait après avoir construit des radios et des grammophones. Il fut aussi, avant ma naissance, projectionniste de films muets et parlants. Il y eut donc très vite la présence de cette industrie à fabriquer du rêve et les récits de mon père, homme orchestre à bord de sa cabine de projection. Je fus ainsi nourri entre image et son, sous influence. Je me souviens d'avoir, à l'âge de seize ans, dépensé mes économies dans l'achat d'un écran de projection parce que c'était moins cher qu'une caméra et qu'il fallait bien que je commence par un bout de la chaîne ! J'avais choisi la fin, comme pour conjurer le sort. Je devais avoir pensé qu'il était important de me procurer cet écran pour pouvoir y projeter immédiatement mes rêves, en attendant. Je suis resté dix ans avec cet écran avant de réaliser mon premier film ! Et je ne l'ai pas projeté sur ce bout de toile qui est demeuré mystérieux et symbolise encore pour moi le rapport intime et secret que j'entretenais avec les projections de mon enfance. Deux fois par an, "sponsorisées" par une grande marque de chocolat, ces projections de documentaires fêtaient la nature en couleur tandis que les fictions de Laurel et Hardy et de Tarzan, qui avaient ma préférence, restaient noires et blanches et avaient la couleur de mes rêves de cinéma. J'ai toujours aimé ce qui pouvait se déplacer facilement, s'emporter avec soi au moindre désir, à la moindre alerte ! Ainsi du chevalet de peintre qui m'accompagnait en travers de mon sac à dos dans mes marches solitaires, et que je plantais dans le paysage pour mieux le cadrer, pour me l'approprier. Mon désir de cinéma passe par ces objets mécaniques, par cet écran et ce trépied, par la possibilité et l'envie que j'avais de trouver ma bonne distance vis-à-vis de l'un et de l'autre. Deux ans après l'achat de l'écran, je me trouvai provisoirement ouvrier, dans l'industrie du verre d'une ville allemande. On me colla dans les mains un énorme tube cathodique en me donnant pour tâche d'examiner attentivement, par transparence, le verre de ces écrans destinés à la télévision. Il s'agissait d'y détecter la moindre anomalie, la plus petite bulle d'air ! Si tel était le cas, je devais briser l'écran en le jetant violemment au sol. J'y détectai bien sûr beaucoup de défauts, et ce fut certainement le début d'une autre histoire. Mais mon désir de cinéma resta intact.