À l’occasion de la 6e édition des Bridges Film Days organisés par Bozar en ce début d’année 2023 et consacrés au cinéma d’Europe de l’Est et d’Europe centrale, nous avions découvert le dernier long-métrage de la réalisatrice macédonienne Teona Strugar Mitevska, L’Homme le plus heureux du monde. Centré sur les résurgences du traumatisme de la guerre en Yougoslavie, ce film met en scène la rencontre imprévisible d’une femme et d’un homme à Sarajevo. C’est non sans un frisson glacial qu’ils découvrent que trente ans auparavant, l’homme avait tiré sur la femme au moment du siège de la ville. Dans… Lire l'article
Sarajevo, de nos jours. Asja, une femme célibataire de 45 ans semble mener une vie ordinaire en tant que conseillère juridique et se rend à un speed dating dans l’espoir de nouer des relations. Elle y rencontre Zoran - candidat qui lui a été attribué par les organisatrices -, un homme du même âge qui, derrière ses regards de supplications et ses tremblements incessants, s’efforce de dissimuler une vérité glaçante qu'Asja va devoir affronter.
Ils ne semblent pas se connaitre, mais un malaise ineffable s’installe insidieusement entre eux. En un éclair, Zoran craque littéralement et reconnaît devant Asja qu’il est l’homme qui lui a tiré dessus trente…
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D’un monde à l’autre, d’un projet à une révélation. Quand Sergio Guataquira Sarmiento est parti à la rencontre de sa culture, il ne s’attendait sans doute pas à un tel choc, et à une telle remise en question. Découverte d’un cinéaste qui se retrouve submergé par ses personnages, avant de retrouver son sujet au détour de ce qui est tout sauf un long fleuve tranquille.
Dans Adieu sauvage, Sergio Guataquira Sarmiento part d’abord en quête de réponses. Le taux de suicide parmi les jeunes des communautés amérindiennes d’Amazonie est stratosphérique, en particulier chez les Cacuas. Est-il possible que les gens de ce peuple ne ressentent aucune…
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Luka s'inspire de la nouvelle Le désert des Tartares (1940) du romancier italien Dino Buzzati. Dans ce nouveau long-métrage de Jessica Woodworth (The Barefoot Emperor, King of the Belgians), le personnage principal est un jeune sniper prénommé Luka qui rêve de se battre contre un ennemi invisible venu du Nord dans un paysage désolé et post-apocalyptique. Pour ce faire, il décide de rejoindre le dernier bastion de la résistance, le légendaire Fort Kairos.
Le choix du noir et blanc ainsi que les paysages désertiques de l'Etna en Sicile renforcent l'intemporalité de l'histoire qui se situe dans un futur incertain. Luka relate l'impact d'un seul homme sur un système militaire…
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Docteur en anthropologie active à l’UCL, Séverine Lagneaux, en compagnie de son collègue de l’EHESS de Paris, Joffrey Becker, a réalisé le film Routines comme un prolongement direct de son étude autour du concept d’ « humanimachine ». Abattage, domestication, robotisation sont des sujets sur lesquels Séverine Lagneaux travaille au quotidien en tant qu’anthropologue au Laboratoire d’Anthropologie prospective de l’UCL. Routines a été projeté lors de la dernière édition du festival Jean Rouch du film ethnographique à Paris.
D’abord, c’est au plus près du plancher des vaches que nous roulons. Le mouvement saccadé d‘une…
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Neuf ans que l’on n’avait plus de nouvelles de Benoît Mariage, depuis la sortie des Rayures du Zèbre en 2014. Le réalisateur, qui est également enseignant en cinéma à l’IAD, nous revient avec une comédie fidèle à son style poético-humoristique inimitable. Abordant les questionnements identitaires d’un jeune acteur d’origine marocaine, Habib, la Grande Aventure marque le retour en force d’un cinéaste trop rare.
Cinergie : Pouvez-vous nous raconter les origines de Habib, la Grande Aventure ?
Benoît Mariage : Le début de l’écriture est venu d’une anecdote personnelle. Je dirige les travaux de réalisation à l’IAD.…
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Salut l’Artiste
Habib (Bastien Ughetto) est un jeune acteur et poète bruxellois d’origine marocaine qui rêve de théâtre et de cinéma mais qui enchaîne les rôles sans envergure, voire de la simple figuration. Pour ne pas se mettre à dos les directeurs de casting qui rechignent encore souvent à engager des acteurs maghrébins, Habib se fait parfois appeler Philippe et incarne des personnages qui le mettent en porte-à-faux avec sa culture et sa religion. Sa famille a bien du mal à comprendre cette passion qui ne lui rapporte pas un rond et lui vaut parfois des déboires avec l’ONEM et le fameux ‘statut d’artiste’… jusqu’au jour où Habib décroche un…
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The Chromakey Man s’intéresse à un métier méconnu du cinéma contemporain, à savoir celui d’homme ou de femme vert.e, grâce à qui les effets visuels des blockbusters sont opérés. Un homme vert, au milieu d’un fond vert, sur lequel on incruste l’objet ou le décor de son choix. Au fil des jours de tournage, alternant les rôles de pierre et de vaisseau spatial, Dan fait face à un vide immense et se met à interroger ses ambitions profondes. Las de disparaître derrière des objets et de servir des prouesses technologiques propres à l’illusion, Dan rêve de devenir acteur et de jouer des superhéros.
Par un judicieux procédé de…
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Dans les coulisses d’un parc d’attractions sur le thème des contes de fées, une femme nommée Wanda fait sa première journée en tant que comédienne, sous les traits d’un lutin puis d’une princesse. Mais une machine à rêves qui est aussi une machine à sous n’a que vanité pour seule féérie.
Après avoir refusé les premières recommandations de sa conseillère Pôle Emploi pour devenir développeuse web puis soldate, Wanda opte pour lutin. Poussant les portes du parc d’attractions, elle croise le chemin d’autres personnages merveilleux, mais aussi de femmes et d’hommes venus comme elle gagner leur argent du mois ou compléter…
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Pour son premier long métrage de fiction, Rosine Mbakam filme le quotidien d’une artisane dans les faubourgs d’une mégapole camerounaise. Très tôt remarquée à travers le monde pour la grande qualité d’approche dans ses films documentaires, la réalisatrice tente un premier pas dans le monde de la fiction sans décrocher de son désir de filmer le réel et témoigner des préoccupations des personnes de sa génération. Mambar Pierrette était sélectionné à la Quinzaine des cinéastes du Festival de Cannes.
La bicoque est fébrile, du plafond pendent mille soleils et, sur sa table de bois bricolée, Pierrette agence les couleurs en plis…
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Ce court-métrage réalisé par Michel Collige met en scène un huis clos dans la plus pure tradition du polar noir. Interprétés par Solal Boyer et lui-même, les deux gangsters qui auraient pu figurer dans une aventure de Dick Tracy ou être des fidèles d’Al Capone ont une discussion surréaliste et captivante. Cinergie.be est allé à la rencontre du gagnant du prix jeunesse de la compétition 2023 du BIFFF de Bruxelles.
Cinergie : Comment avez-vous décidé de vous lancer dans la réalisation de votre premier court-métrage, Amours noires ?
Michel Collige : Ce projet fait suite à plusieurs projets initiés durant la pandémie. C’est une…
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The pain of memory
Thessaloniki or Salonika was called Madre de Yisrael (Mother of Israel) in Ladino, the language of the Sephardic Jews. After the Christian "Reconquista" finalized in 1492, Muslims and Jews were expelled from Isabel of Castile and Fernando of Aragon 'Spain, and found refuge all over the world, but mainly in Morocco and in Thessaloniki. For a long time, the Jewish community constituted more than half of the population of the city, which was then under Ottoman occupation.
In 1912, following the First Balkan War, the city came under Greek control. The 1917 fire in Thessaloniki marked a turning point in the reality of the community. Concentrated in the lower city, the community was strongly affected by the disaster. From 1918, following the Greek-Turkish war which ended…
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La douleur de la mémoire
Thessalonique ou Salonique était nommée madre de Yisrael (mère d'Israël) en ladino, la langue des Juifs sépharades. Après la « Reconquista » chrétienne finalisée en 1492, les musulmans et les juifs sont expulsés de l’Espagne d’Isabel de Castille et Fernando d’Aragon et trouvent refuge partout dans le monde, mais principalement, les uns au Maroc, les autres à Salonique. La communauté juive a longtemps constitué plus de la moitié de la population de la ville, alors sous occupation ottomane.
En 1912, suite à la Première Guerre balkanique, la ville passa sous contrôle grec. L’incendie de 1917 de Thessalonique…
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Histoire d'oeil
Présenté en compétition au dernier festival de Berlin, le premier long-métrage de Giacomo Abbruzzese dresse le portrait puissant de deux hommes aux ambitions et aux désirs totalement différents, évoluant dans des univers éloignés et dont les destins vont se croiser au cœur de la jungle nigériane.
Prêts à tout pour s’enfuir de Biélorussie, Aleksei et Mikhail, unis par une amitié fraternelle indéfectible, profitent d'un match de foot pour se rendre en Pologne et de là, espèrent pouvoir rejoindre la France, pays qui cristallise tous leurs rêves. Hélas Mikhail disparaît lors de la traversée d'une…
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Le monde a bien changé depuis le 18e siècle. Pourtant entre le Turc Mécanique, sorte d’automate qui affrontait les plus vaillants joueurs d’échecs dans les cours européennes, et dans lequel était en fait dissimulé un être humain, et le Mechanical Turk, plateforme de microtâches fondée par Amazon, il n’y a qu’un pas.
Cette plateforme est le personnage principal du documentaire, En attendant les robots, réalisé par Natan Castay. On la découvre au travers des yeux innocents de Otto, incarné par Harpo Guit à qui l’on doit Fils de plouc. Alternant entre expériences de la plateforme, Otto réalisant une série de tâches répétitives…
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