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Loupiote : la transmission du cinéma

Publié le 05/05/2006 / Catégorie: Dossier

Une loupiote sur le cinéma 

Les lettres, les mots, les phrases, les chiffres, les nombres,...voilà ce que nos enfants apprennent aujourd’hui à l’école. Inintéressant ? Non, pas du tout, mais dans un monde où l’image prend de plus en plus de place, pourquoi les enfants n’y sont-ils pas encore initiés ? Il est vrai que certains films servent de support visuel à la théorie mais comment apprécier quelque chose qu’on connaît peu ou pas ? Les enfants n’apprennent pas l’image comme les mots ; pourtant ils en sont les premiers consommateurs. Les parents, eux, s’inquiètent de l’influence des images sur leurs enfants. Pourquoi ne pas alors expliquer aux jeunes ce qu’est le cinéma ?

Loupiote : la transmission du cinéma

Pour remédier à ce manque d’information, l’asbl Loupiote propose un projet pour éduquer les enfants et développer leur esprit critique face à l’image. Pour qu’ils puissent se rendre compte, eux-même, du danger potentiel. L’association a mis en place un projet appelé Les enfants du ciné. Durant une semaine, les enfants ont l’occasion de découvrir le monde de l’image et l’envers du décor cinématographique. Pour Loupiote, pas de définitions à retenir, de pages à étudier ou de mots à réciter,...rien de mieux que la pratique. C’est pourquoi les enfants ont l’occasion d’écrire leur propre scénario.

Durant le stage, les jeunes choisissent un thème autour duquel ils émettent leurs idées de récit. Ensuite, ils initient les enfants au jeu d’acteur, à l’improvisation, et au jeu face caméra. Un travail d’équipe, donc, pour ces enfants qui entrent ainsi dans le vrai monde du cinéma : « Quand c’est une longue scène, parfois c’est crevant, parce qu’il faut la refaire. Et pour une fois que toi tu le fais bien, il y a un truc qui foire. » Entourés par des professionnels, nos apprentis comédiens vont passer à la réalisation de leur scénario..

Ce concept de création n’est pas qu’une idée. Loupiote a déjà eu l’occasion d’encadrer plusieurs réalisations de courts métrages. L’un d’eux met en évidence les jeux de pouvoir entre deux clans : l´arrivée d’élèves de la ville dans une école de village entraîne une prise de territoire, les choses se compliquent lorsque l’un d’eux tombe amoureux d’une fille du clan adverse...Un mini Roméo et Juliette donc, revu et corrigé par des enfants de 8 à 12 ans. Une autre réalisation a soulevé le problème du racket dans le milieu scolaire. Quand on leur donne la parole, ce sont des sujets difficiles qu’ils choisissent de traiter.

Après le succès confirmé auprès des 8-12 ans, l’association a décidé d’étendre ses activités aux adolescents. Ayant plus d’expérience et une meilleure connaissance du cinéma, Loupiote compte développer avec eux les questions techniques et pratiques.

Mais le projet ne s’arrête pas là. En effet, les courts métrages réalisés servent ensuite d’outil pédagogique pour l’asbl qui parcourt les écoles. Un apprentissage pratique de ce qu´est une image, un plan, un montage. Un documentaire sur la réalisation des courts métrages est montré aux élèves. Après la diffusion, la discussion s´engage d´une part autour du thème choisi et des valeurs soulevées par le film et d´autre part sur les conditions de réalisation : la démarche des enfants, les différents plans, les éventuels trucages, la sécurité... Les enfants proposent et les animateurs expliquent : une collaboration intéressante pour apprendre et comprendre en s’amusant. 

Sur leur site Internet, Loupiote propose plusieurs activités qui permettent de découvrir les métiers du cinéma. Depuis peu, l’asbl offre la possibilité d’écrire un scénario en ligne : les administrateurs ont commencé une histoire, aux surfeurs d’inventer la suite... Frédéric a 10 ans, et ses parents vont divorcer. Son père est d’origine flamande et sa mère wallonne. D’autres problèmes vont alors entrer en ligne de compte, problèmes que le jeune garçon ne comprend pas toujours. L’histoire prendra fin en juillet 2006 et sera réalisée par la suite. Cette initiative a remporté le prix du scénario de Promimage en 2004.

Tout un programme donc pour initier les plus jeunes au cinéma. Une très bonne initiative, parrainée par Pierre-Paul Renders, réalisateur belge de Thomas est amoureux. Pour lui, les images ont pris une telle place dans la société, qu’on ne peut plus laisser les enfants livrer à eux-mêmes face à elles.

Etre dans la peau d´un scénariste, d´un réalisateur, d´un comédien : quoi de mieux pour découvrir le 7ème art ? Enfin, une loupiote s’ouvre pour les jeunes sur le monde de l’image. On peut espérer que celle-ci allumera d’autres envies d’enseigner le cinéma!

Céline Charlier

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