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Un Père de Christophe Prédari

Publié le 22/04/2022 par Fred Arends / Catégorie: Critique

Ils ne sont plus vus depuis un an. Un père et son fils. Le silence qui sourd, pesant, lors de leur rencontre dans un restaurant va petit à petit laisser la place à une parole, une communication qui vont filtrer dans les interstices de leur éloignement et de leurs non-dits emplis de reproches.

 

Un Père de Christophe Prédari

Pour son deuxième court-métrage, sélectionné en compétition nationale au dernier Brussel Short Film Festival, Christophe Prédari revisite et se réapproprie la figure stylistique du champ contre-champ. Il installe d'emblée l'alternance de plans rapprochés de ces deux personnages que rien ne semble lier. Le visage fermé et impatient du fils répond à celui interrogateur et maladroit du père. La tension est palpable. Le champ/contre-champ marque le fossé entre eux, cette communication lasse et fatiguée.

Par le truchement d'une montre, héritage familial, que le père offre à son fils, une tentative de détente et d'approche se solde par un échec. Le père ne parvient pas à mettre la montre au poignet de son fils sans lui faire mal, toucher impossible car douloureux. C'est l'évocation des souvenirs et de l'enfance qui permettra l'ouverture, par des plans sur ce qui se passe autour d'eux dans le restaurant alors que jusque là, celui-ci n'existait que dans le hors-champ. Au fil du montage, un rapprochement sera possible. Celui-ci se fera cependant à distance, lorsque père et fils se retrouveront physiquement séparés. Le champ/contre-champ se fait alors répondre en miroir les détails du visage; la barbe et les yeux. Père et fils raccordés par le tissage du montage. Le plan final de la montre oubliée sur la table, passé délaissé, achève l'ouverture nouvelle de cette relation filiale.

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