João Correa

Filmographie

Le Consul de Bordeaux

Réalisateur(-trice)
fiction
2017
 

Le déclic...

Un rêve proche et lointain

A mon arrivée en Belgique en 1963, jamais je n'aurais imaginé que cette terre d'asile deviendrait en fait ma patrie. Le cinéma était encore un rêve proche et lointain. A Lisbonne, ville où j'ai grandi, j'avais été expulsé de l'Université à la suite de la révolte des étudiants en mai 1962. Pierre Kast m'avait pris comme assistant de l'assistant-réalisateur pour ma connaissance des langues. Je parlais déjà très couramment le français, l'anglais, l'espagnol et un peu l'italien. Mais ma famille m'avait fait comprendre que je devais d'abord obtenir mon diplôme universitaire avant de "faire du cinéma". Je m'étais inscrit à l'ULB, et pour survivre, je travaillais le soir dans les théâtres. C'est ainsi que j'ai connu Otmar Kretja au Théâtre National. Il y mettait en scène un inoubliable Hamlet. Je me liai d'amitié avec les comédiens de la troupe dont Bernard Verlay, et je découvris, ébloui, la Cinémathèque royale de Belgique. C'est son univers magique, les personnalités de Jacques Ledoux, André Delvaux et Henri Storck qui m'ont entraîné vers l'INSAS et l'IAD. Mon avenir s'ouvrait ainsi pour le meilleur et pour le pire car il faut une sérieuse dose de volonté et d'inconscience pour résister au pouvoir destructeur de ce métier, surtout quand on l'exerce dans un petit pays peu enclin à soutenir sa propre identité. Aujourd'hui, en 1995, malgré les obstacles, le cinéma de Belgique, et en particulier celui de notre communauté francophone, existe. Nous pouvons être fier de posséder un patrimoine puissant. Tous ces films sont autant de fenêtres ouvertes sur nous-mêmes, offrant aux yeux du monde nos rêves et nos indignations. Puisse-t-il grandir encore