Certains mots restent gravés plus longtemps que d’autres, comme ceux de l’historienne Arlette Farge, des mots qui rendent compte des histoires invisibles, des mots qui transportent au milieu de la ville, dans un quotidien qui tourne en rond, flottant et désincarné.
Ces mots, ce voyage parmi celles et ceux qui se reconstruisent, qui ont tout perdu et qui rêvent encore, on les retrouve dans les images d’Alexandra Kandy Longuet, une réalisatrice-glaneuse qui s’est confrontée à la violence subie par des personnes qui vivent en marge.
Son film Vacancy est un portrait de l’Amérique contemporaine qui présente les habitants et les habitantes de ces innombrables motels qui jalonnent les routes du pays. Face à ses images, quelque chose se produit : le temps du particulier s’imprime en nous.
Quelque chose de non tracé et d’incertain, comme une histoire intranquille qui nous aide à repenser la place de notre regard. Ici, le motel n’est plus un lieu de fantasmes et d’imaginaires cinématographiques, mais un lieu où se fracassent des trajectoires individuelles, où se réfugient les personnes oubliées de l’American Dream.
Des images critiques donc, des images qui libèrent et renversent l’ordre des représentations.
Avec Alexandra, nous avons parlé des jours qui recommencent sans appui, des avant-dernières choses, des infimes et infinies ruptures, tout ce qui parfois n’a pas de nom et a cependant une histoire.