La Maison du Bonheur
Clémentine (Camille Claris), 19 ans, s’ennuie à mourir dans la maison familiale qu’elle partage avec son boulet de frère, Raphaël (Louka Minnella), et sa mère (Anne-Pascale Clairembourg) qu’elle décrit, lors d’une violente dispute, comme « une ménagère frigide, mal baisée et sans passion, enfermée dans sa petite vie de merde. Une femme morte depuis dix ans, sans le savoir et qui a provoqué le départ du père de ses enfants. » Ambiance.
Souffrant du manque d’une figure paternelle, Clémentine cache un secret qui ne le restera pas très longtemps. Sa seul échappatoire est la « sex cam » qu’elle a installée dans sa chambre. Barricadée pour ne pas être dérangée, elle s’exhibe pour des hommes plus âgés sur un site pornographique. Jusqu’au jour où elle oublie de fermer la porte à clé et est interrompue par son frère, qui, en traître, va ensuite cafter chez Maman…
Accord Parental questionne le rapport des enfants et des adolescents à l’image numérique et à leur apprentissage de la sexualité à l’heure où la pornographie est disponible pour tout le monde en un seul clic. Clémentine a beau être une adolescente en colère et en crise, elle ne réalise pas que les shows qu’elle offre à des inconnus sont susceptibles d’être enregistrés et postés sur des sites pornographiques. Comme lui fait remarquer sa mère, ces images-là, aussi anodines soient-elles dans l’esprit de la jeune fille, restent à jamais sur le net et peuvent ruiner une vie entière. Quant à Raphaël, c’est un enfant-roi qui tue le temps à se filmer et à raconter des idioties pour son blog, image-même d’une jeunesse égocentrique et irréfléchie, qui se regarde le nombril et qui fait du vide son seul centre d’intérêt. Le film fait le triste constat de cette culture de l’image pervertie.
Ces thématiques passionnantes sont abordées avec élégance et sans vulgarité. Accord Parental a le mérite de poser des questions qui mériteraient d’être étirées sur un récit plus long. On peut également envisager ce court-métrage comme une jolie bande-démo pour le talent de la prometteuse Camille Claris, actrice française de 28 ans à la déjà longue carrière, aperçue récemment dans Mon Bébé de Lisa Azuelos.
