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André Delvaux. Sa vie, son œuvre

Publié le 15/05/2013 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD

Il est intéressant, à une époque où le processus se développe, de nous montrer pourquoi et comment se déroule un film. Du détail à l'ensemble, comment les artisans du métier et les metteurs en scène pratiquent le 7e art. André Delvaux n'est pas qu'un grand cinéaste et un pianiste (il jouait pour les films muets à la Cinematek), c’est aussi un grand pédagogue.

André Delvaux. Sa vie, son œuvre

En découvrant Derrière l'écran (1966), le premier épisode en noir et blanc d'une série de cinq autres (pour la BRT) consacré à la création et à l'articulation des Demoiselles de Rochefort, André Delvaux nous offre un supplément très important sur le film de Demy. Retenons les belles séquences sur la préparation de ce « musical movie » avec le dialogue entre Michel Legrand (pianotant et chantant) et Jacques Demy à ses côtés (écoutant et rectifiant). Et aussi, et surtout, lorsque Florence Dorléac et Catherine Deneuve apprennent à danser chez Norman Moen, un chorégraphe londonien au Mayfair Gymnasium. Tous les gestes sont étudiés pour que le mouvement reste vivant : la structure et le vécu, avec la vita activa des deux jumelles qui ne cessent de se contredire et de parler ensemble. Une scène hallucinante filmée en plan fixe qui permet à l'émotion de ne pas être surjouée. Dorléac : « En Angleterre on respecte un acteur de cinéma », Deneuve: « En France on lui met la main aux fesses »...On en redemande, la suite s'il vous-plait. On a pu découvrir les émissions de Delvaux sur Federico Fellini et les autres à une époque où la télévision faisait du cinéma avant de se perdre dans l'audimat de la réclame...

Re-mastérisé, Met Dieric Bouts (1975), nous montre le processus d'un film réalisé par André Delvaux du scénario à la réalisation autour du la dernière Cène, une peinture de Bouts consacrée au Christ et ses douze apôtres. Delvaux développe l'idée que le peintre et le cinéaste sont deux artistes sous contrat. Nous voyons donc en pré-générique le contrat de Dieric Bouts avec la ville de Louvain et celui de André Delvaux avec la VRT/RTBF. Le réalisateur nous montre la maîtrise de la perspective du peintre, en faisant monter la caméra à 2m50 car à hauteur du regard humain l'un des apôtres cache toujours l'autre. Un film d'art en couleur.

Très beau, mais très connu 1001 films (1989). Sept minutes vingt-huit sur la Cinémathèque Royale de Belgique, Cinematek devenue, sur comment on conserve notre patrimoine et qu'est-ce qu'une archive.

L'INA belge s'appelle SONUMA. C'est à partir d'archives que Erik Martens a fait un montage qui nous offre le tournage de différents films d'André Delvaux. Puis, Erik Martens, l'artisan de ce DVD, rencontre, converse et filme différents acteurs qui ont participé à ses films. Jean-Claude Batz son producteur, Frédéric Devreese, compositeur de ses films depuis L'homme au crane rasé, Marie-Christine Barrault et Charlie Van Damme son directeur photo mais aussi celui qui a supervisé l'étalonnage des masters numériques. Il nous parle de la beauté qui met d'accord André Delvaux et Hannah Arendt, du tempo de la vie qui offre une durée juste au cinéma et qu'il faut respecter, que les films demandent de développer une structure plutôt que des recettes et de plein d'autres choses.

Enfin, le DVD permet de voir et entendre l'Auteur dans la cité, une version raccourcie de la conférence donnée à Valence par André Delvaux (très mal filmée, par contre...juste quelques images et des propos). L'intégrale écrite vous est offerte dans le petit livret qui accompagne le DVD. Il y défend la Belgique contre la séparation Flandre/Wallonie et termine en disant : « à quel point est heureuse l'idée des cultures mélangées, et riche le métissage des valeurs. »

André Delvaux. Sa vie, son œuvre. Un DVD de Cinematek.

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