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Au crépuscule d’une vie de Sylvain Biegeleisen

Publié le 15/10/2015 par Serge Meurant / Catégorie: Critique

Au crépuscule d’une vie de Sylvain Biegeleisen a fait l’ouverture du festival des documentaires en Suisse, Visions du Réel, le 18 avril 2015. Il était également présenté à Louvain, au Festival Internationai du film documentaire, Docville, le 2 mai et maintenant, en octobre au FIFF de Namur 2015, dans la séction "Ragards du présent". 

Au crépuscule d’une vie de Sylvain Biegeleisen« Quand ma mère tomba gravement malade, écrit Sylvain Biegeleisen, son médecin nous fit comprendre que ses jours étaient en danger. Je suis venu lui faire un dernier adieu, mais à ma grande surprise, elle restait présente parmi nous. Je décidai alors de partager avec elle ces jours, ces mois d’incertitude et de mystère. »

Un visage, marqué par le temps, est le seul théâtre de l’hommage rendu à sa mère par le cinéaste. À chaque visite, il surgit du sommeil et fascine par son expressivité intacte. Il interpelle le fils et lui assigne la place du témoin. La chambre où la vieille dame attend la mort, avec sérénité, est le décor non d’un drame, mais d’une réconciliation, d’une épiphanie. Un rituel s’installe et se poursuit au long des jours, comme s’il s’agissait de mesurer le temps de cette attente, d’en approfondir le sens. Et les paroles fortes, sans réplique, empreintes d’humour et d’amour de la mère, répètent à l’infini l’héritage de cette vie qui s’éteint : aimer, c’est combattre, jusqu’au dernier souffle.

Les mots d’amour échangés entre mère et fils, la caresse de leurs mains, sensuelle, donnent à ces adieux la légèreté d’une danse, troublée parfois par cet appel vers l’inconnu de la mort. La souffrance est pudique, même lorsqu’elle s’exprime parfois par l’expression d’effroi qui marque le visage. Le rire est présent, frondeur, et la tendresse affleure sur les lèvres maternelles. Accompagner les derniers jours d’une mère, questionner ses angoisses, partager son quotidien, y insuffler la joie de la musique et du chant, caresser son visage, échanger des regards complices, ces gestes filiaux et universels font, du film de Sylvain Biegeleisen, plus qu’un témoignage, un acte d’amour.

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