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Balance de Timothée Crabbé

Publié le 12/04/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

On ne le dira jamais assez, mais l'une des plus grandes forces du cinéma d'animation est sa capacité à faire fi de la parole tout en sublimant son propos par la suggestion.
Balance de Timothée Crabbé, présenté dans la sélection This is Belgium au Pink Screens Festival 2021, ne déroge pas à cette règle.

Balance de Timothée Crabbé

De la magie des corps à l'ambiance sonore très travaillée du film, le réalisateur nous immerge dans le spectacle bref mais intense de deux acrobates, unis par l'amour du sport et l'amour de l'autre. Un récit tout en simplicité et un doux conte centré sur une relation subtile et pleine de nuances, et sur le besoin de se construire par et pour l'autre.

Avec sensibilité, Timothée Crabbé insuffle dans ses personnages doutes, chagrins, instants de grâce et moments de désespoir. Des émotions dont l'artiste fait l'essence de son court-métrage, jouant sur leur matérialité grâce à un médium qui lui semble tout dévoué. Ainsi, un échange de regards, un simple soupir semble suffire à déclencher l'empathie chez le spectateur, tant ils sont d'une puissance simple, brute, tangible, portés par une technique de pâte à modeler extrêmement précise.

Le corps des personnages est malmené, mis à l'épreuve par le fond et la forme d'une oeuvre jouant sur l'immobilité et le mouvement, sur la chair et sa fragilité.

Cette mise en abyme des corps, pour citer Dick Tomasovic, est et reste caractéristique du cinéma d'animation. Un art qui excelle dans la mise en images de l'impossible à représenter, dénichant la métaphore et se jouant des codes de la réalité pour la transcender. Cette réalité devient alors autant rêverie que réel, ou plus réelle qu'elle-même, dans une forme de surréalité, de réalité absolue.

Un seuil que le réalisateur franchit avec brio, donnant ainsi toute sa beauté à l'œuvre.

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