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Bollywood, The Indian Dream de Tom Coeman

Publié le 01/02/2001 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique

Le cinéma indien est un phénomène à part, ne serait-ce que par l'importance de sa production et son impact considérable au plan local. Ses réalités sont pourtant très mal connues du grand public occidental. Un documentaire tel que Bollywood est donc bienvenu, même si le regard porté reste vulgarisateur, donc très général. Plusieurs aspects sont abordés. Le contenu, tout d'abord, avec ces longs mélodrames languissants (souvent plus de trois heures) parsemés de numéros musicaux, exclusivement ciblés sur le public indien, et donc inexportables. L'extrême diversité du public ensuite, différant par la langue, la culture, la localisation. Avec les problèmes qui en découlent : doublage (souvent une dizaine de versions), et repli sur des valeurs basiques aisément partageables par tous, ce qui entraîne un manque d'audace et une censure morale rigide. " Dans les histoires d'amour à Hollywood ", explique avec un humour caustique un jeune réalisateur indien, " les amants finissent invariablement au lit. Chez nous, ils tournent autour des arbres pendant trois heures en chantant et en se lançant des regards langoureux. " Et de stigmatiser l'image conservatrice généralement donnée par ces productions, leur vision traditionaliste des rapports sociaux, et notamment de la condition de la femme : soumise, effacée, traitée durement. Pourtant, de jeunes professionnels rêvent de faire un autre cinéma, plus social. Le film nous emmène encore à Bombay, à Madras et dans d'autres centres névralgiques de l'industrie indienne du cinéma. Car c'est bien d'une industrie qu'il s'agit, avec ses studios-usines, sa production de masse, ses écoles. Les rapports, parfois scabreux, de ce cinéma avec l'argent sont évoqués, ainsi que le star system à l'indienne, et le potentiel de rêve véhiculé des banquettes rouges des vieilles salles de Bombay à la terre battue des cours d'école de village, transformées à la hâte en cinoche le samedi soir. Spécifique donc, le cinéma indien, mais guère différent des autres : mêmes problèmes, même exploitation, même émerveillement.
Même s'il est difficile de faire autre chose qu'effleurer tant d'angles d'approche dans un laps de temps limité, Bollywood plonge dans un sujet assez peu exploité et en fait le tour, de façon certes plus journalistique que cinématographique, mais sans jamais laisser faiblir l'intérêt. Il ouvre davantage de portes qu'il n'en ferme, et rien que cela suffirait à le classer parmi les reportages télévisuels de bonne qualité.

Bollywood. The Indian dream
35mm, couleurs, 53
Documentaire de Tom Coeman. Reportage de Nadine Kuhn. Prod. : Concept Films, RTBF