Bref, l'excellente publication du court métrage y ajoute, depuis deux ans (en collaboration avec Chalet Pointu), la petite collection de Bref, douze DVD et une centaine de films présentés aux impétueux lecteurs de Bref qui en est à son 87ème numéro. Le numéro 12 de la petite collection de bref en DVD présente quelques films qui ont fait les beaux jours du Festival de Clermont-Ferrand 2009.
Bref 87 (mai-juin 2009)
La petite collection de Bref (12)
On se souvient bien de Danielle Arbid, cinéaste franco-libanaise ayant réalisé deux beaux films, Dans les champs de bataille (Maarek Hob - 2004) et Un homme perdu (2007). Le premier nous parle de Lina, une jeune fille de douze ans qui se confronte à plusieurs champs de bataille, celui de la guerre à Beyrouth, au début des années 80, celui de sa famille et des tensions qu'on y vit, et enfin celui de la découverte des garçons qui lui montrent leurs désirs.
Le second est un film sur l'exil et sur la solitude. Un photographe fasciné par le corps des femmes, prédateur de leur chair, suit un homme mystérieux qui le conduit dans les cabarets peu connus des touristes, dans les bouges, chez les filles tarifées d'un Moyen-Orient secret et aussi mystérieux que les harems de Constantinople.
Qu'est devenue Danielle Arbid depuis deux ans ? Bref nous répond avec un court métrage de 20 minutes, réalisé en 2008, présenté au Festival de Clermont-Ferrand et qui se nomme This Smell of sex (Cette odeur de sexe). Bien-pensants s'abstenir. On savait que Danielle Arbid préférait la suggestion au spectacle, aimait évoquer la sensualité et le scandale du désir, là, avec Cette odeur de sexe, elle se montre féline comme une chatte ! Des filles et des garçons parlent du sexe, comment ils le pratiquent, genre pour les filles « j'aime les sucer », ou pour les mecs « le meilleur, c'est leur lécher la chatte, d'enfoncer sa bouche à l'intérieur, j'aimerais que son jus asperge ma bouche, je voulais que rien ne m'échappe ». Ciel mon mari, shocking ! Dans quel monde vit-on ? On se le demande braves gens ! Celui dans lequel, figurez-vous, on vit depuis quelques siècles. Mais rassurez-vous, Danièle Arbid est une coquine particulièrement finaude : on entend, mais on ne voit rien. C'est radio phantasmes parce que pour ce qui est du réel, la réalisatrice nous file une fin qui remet les pendules à l'heure des relations – et non plus ce vilain mot de rapports – entre hommes et femmes.Malin et surprenant, le film de Danièle Arbid nous fait attendre avec impatience son prochain long métrage.
Autre film issu du Festival de Clermont-Ferrand, plus court (7') et figurant aussi dans un érotisme indonésien plus que méconnu : Hulahoop Soundings (Le son du hula hoop) d'Edwin. Ne me demandez pas de qui il s'agit, je l'ignore, mais je vous en parle tout de même. Une jeune Indonésienne se déhanche vigoureusement avec un cerceau et lance des paroles… heu, dites-moi, suggestives ?, pas vraiment, très crues à un garçon qu'elle convoite. Celui-ci, elle l'imagine en sa possession, dans l'accomplissement de ses désirs (il ne cesse de se servir de l'anneau d'une bague pour faire un va-et-vient sur son doigt qui grossit). Sensuel et surprenant que ce rythme circulaire de l'érotisme féminin.
Vous allez nous dire, on nous parle de Bref, revue bien connue, le mois où le magazine sort deux films de cul. Pour les auteuristes affirmés de cinergie.be, c'est un peu raide, « une fois » (soyons bruxellois). Rassurez-vous, il y a d'autres courts plus arty, comme le Cinématon que Gérard Courant a tourné avec FJ Ossang, cinéaste du mouvement punk rock français et réalisateur de trois longs métrages singuliers, utilisant le bon vieux noir et blanc Double X et Plus X de Kodak : L'Affaire des divisions Morituri, Le trésor des îles chiennes et Docteur Chance. Bref lui consacre, dans la partie écrite, un Gros Plan avec entretien et biofilmie.
On peut y trouver aussi un hommage de Rodolphe Olcèse : On était là. On sera ici. Rien ne change.
Par contre, tout change avec les deux courts explosifs de Mihai Grecu, réalisateur français. Coagulate nous lance d'un espace-temps figé dans le vide d'une apesanteur d'un homme dont on ne peut voir le visage et d’un poisson. Unlith est plus féroce et montre les tensions entre des hommes qui se servent de chiens pour s'affronter et dont les corps se métamorphosent. Pas un mot. Silencio. On est dans un monde onirique, dans la nuit des fantômes et des fantasmes.
Les Islandais, comme les Autrichiens ou les Finlandais nous filent souvent des films extravagants et frapadingues. Le Clou de Benedikt Erlingsson est de ce genre, mais en plus classique.
Aussi, Tarabatara de Julia Zakia sur une communauté tzigane du Nordeste du Brésil, un doc minimaliste et poétique mélangeant le super 8 (because le grain, le passé) et la vidéo.
Bref numéro 87 (mai-juin 2009) + un DVD : la petite collection de bref (12)