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C’est le monde à l'envers, Nicolas Vanier, 2024 – Sortie le 30 octobre

Publié le 24/10/2024 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Panique à la ferme

C’est la crise en France. Tout s’arrête : plus d’eau, plus d’électricité, plus de clim’, plus d’argent, plus d’essence, plus de transports, plus de réseau, plus d’internet... Entre des cyclones bibliques (hors champ) et l’exil massif des citadins vers les campagnes, c’est le début de la fin du monde ! Du jour au lendemain, Stan (Michaël Youn), arrogant homme d’affaires parisien, perd tout, y compris sa fortune. Lui qui déteste la campagne et ne sait rien faire de ses dix doigts, est contraint de partir (en vélo) se réfugier dans une exploitation agricole qu’il avait acquise dans un but spéculatif, accompagné de sa femme (Barbara Schulz) et de son fils (Nathan Gruffy), qui le déteste. Mais à leur arrivée, ils se retrouvent face à Patrick (Eric Elmosnino) et sa famille, agriculteurs exploitants des lieux, qui n’ont pas l’intention de quitter la ferme, bien que celle-ci soit devenue une ruine où plus rien ne pousse… Dans cette atmosphère chaotique où tout est inversé, ces deux familles que tout oppose parviendront-elles à cohabiter pour survivre et reconstruire ensemble un nouveau monde ? 

C’est le monde à l'envers, Nicolas Vanier, 2024 – Sortie le 30 octobre

Nicolas Vanier (Loup, Belle et Sébastien, Donne-moi des ailes), grand défenseur de la nature devant l’éternel, travaille principalement dans le registre du divertissement familial formaté pour le prime time. Cette fois, son ambition de créer un récit postapocalyptique situé quelque part au croisement entre Malevil et Camping, avait éveillé notre curiosité et accouche d’un drôle de mélange (dont le point de départ évoque Acide, sorti l’an dernier), bien plus convaincant lorsqu’il se concentre sur le drame des agriculteurs que lorsqu’il tente de faire passer Michaël Youn pour un acteur sérieux. 

Les défauts du film sautent aux yeux, car ce sont les mêmes qui plombent bien des comédies françaises actuelles. Ainsi, on regrettera des dialogues convenus, un happy end malvenu (drame apocalyptique ou comédie feel-good ? – le film ne choisit jamais vraiment…) et des protagonistes trop caricaturaux pour convaincre : Youn est le salaud qui se trouve peu à peu une conscience, François Berléand un papy à la sénilité surjouée, Yannick Noah un sage baba cool qui a les réponses à tous les problèmes, sans parler d’Elmosnino (et sa satanée tignasse) qui incarne son 453e râleur un peu beauf d’affilée. Quant aux actrices (Barbara Schulz et Valérie Bonneton), malgré leur présence en haut de l’affiche, elles sont largement reléguées à de simples rôles d’épouses... Tous ces écueils étaient sans doute à attendre d’un film familial qui ne cherche à déranger personne, qui ne prend aucun risque de sortir des sentiers battus et qui revendique fièrement de noyer son récit dans les grands sentiments, disséminant ci et là de belles « leçons de vie » (un gentil clochard à la dignité suspecte dit au méchant trader : « Toi, tu as la montre, moi j’ai tout mon temps ! »…) 

Anticapitaliste et écolo, mais trop manichéen, le onzième film de Vanier est pourtant animé de bonnes intentions. L’aspect pédagogique du projet (les deux familles font le pari de transformer une forêt en champ de blé, au terme d’un dur labeur et de bien des complications) s’avère d’ailleurs passionnant. Son message naïf (avec un peu d’entraide et de solidarité, malgré l’apocalypse qui ravage tout, tout ira bien !...) pourrait néanmoins intriguer les plus jeunes spectateurs, voire inspirer des vocations. Et c’est Yannick Noah qui vous le dit !...

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