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Carapace de Marine Sharp et Christophe Hermans

Publié le 16/10/2020 par Lucien Halflants / Catégorie: Critique

Carapace: organe protecteur. L’exactitude du titre prend forme dès le second plan montrant Marine Sharp - co-auteure et co-réalisatrice du film - faisant littéralement face à son passé, le regard rivé sur une projection d’elle-même enfant, comme un reflet de soi à une période où s’inscrivent les premières blessures. 

Carapace de Marine Sharp et Christophe Hermans

Selon les auteurs, le corps est façonné pour protéger. Se protéger de toute agression mais aussi parer l’esprit d’une certaine idée de la beauté, intimement liée à la finesse de la silhouette, critère variant selon les différentes époques et sociétés.

Durant une grosse vingtaine de minutes, Marine Sharp, épaulée par Christophe Hermans, confronte trois culturistes aux rapports qu’ils entretiennent à leur propre corps ainsi qu’à leur famille. Ils laissent tourner la caméra jusqu’à traverser les exosquelettes et toucher à l’intimité de ces trois protagonistes. Ce qui semble avant tout intéresser les réalisateurs chez Franco, Jean-Louis et Alexandra et, par corollaire introspectif, chez la réalisatrice, ce sont les blessures qui amènent à modifier son anatomie. Comment les sévices moraux créent l’envie de sculpter rigoureusement un corps selon un modèle herculéen ? Intéressante problématique mise en exergue par la splendide utilisation d’un noir contrasté et la fascination distante des cinéastes pour ces corps nervurés, tout en biceps et autres deltoïdes.

Et comment, probablement involontairement, ces montagnes de muscles et de larmes contenues transmettront leurs blessures à leurs enfants, comme, on le comprend, elles furent transmises à l’auteure.

Il en résulte une introspection en quatre niveaux soulevant, à la force du coeur, un questionnement sur le corps comme objet esthétique d’une formidable universalité.

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