Cinéma Inch'Allah
On ne sait par quel mystère les aléas de la vie font se croiser les chemins d'une bande de « maroxellois », comme on dit, et d'un duo de "bleu-blanc-flamand". Points communs : êtres humains, masculins, bruxellois d'adoption et cinéphiles. Différence majeure : les premiers sont fauchés comme le blé, les seconds ont trouvé (un peu) de moyens auprès des institutions pour réaliser un pas de plus vers leur passion. Point de rencontre : les seconds ont fait un film sur la passion des premiers qui est de faire des films.Des passionnés du 7e art donc. Certains y ont même laissé leur vie de famille, car s'il n'est pas simple de vivre du cinéma au sortir des grandes écoles, il l'est encore moins quand on n'a aucune connaissance dans le milieu et qu'on balade des images de courses-poursuites-combats et de JCVD dans sa tête en rêvant de faire un thriller ou de la science-fiction sans un sou pour les effets spéciaux ! Les séries B n'étaient-elles pas adulées par les critiques de la Nouvelle Vague, argumentant que c'est dans ces films qui n'ont pour seule ambition que le plaisir du cinéma que l'on découvre la substantifique moelle de l'art de la mise en images et en plans ?
Cinéma Inch'Allah est un portrait touchant de réalisateurs sur d'autres réalisateurs et comédiens. Un portrait sincère, humain, loin des clichés dans lesquels on tomberait facilement et qui tient compte de la réalité : un comédien animateur social, un réalisateur pris par la foi et confondant ses angoisses de création avec les interdits religieux. Une belle leçon de théorie artistique, le besoin de s'exprimer, de créer n'appartenant pas exclusivement aux classes aisées, celles qui possèdent dans leur bagage, références, connaissances et moyens. On a tendance à oublier que l'art et la culture populaire ont toujours existé. Il suffit de leur rendre leur place, ce que tente de faire ce film.