Cinemart, le marché de la coproduction de Rotterdam : les points de vue de Stéphane Vuillet et de Koen Mortier
Pendant le 37ème festival du film de Rotterdam (présenté le mois précédent par Dicky Parlevliet, l’une de ses programmatrices de longs métrages), Cinemart, le marché de la coproduction, a fêté ses 25 ans d’existence. Avant la Berlinale et Cannes, des réalisateurs et des producteurs en quête de financement ont l’opportunité d’exposer leur projet respectif à ceux qui composent l’industrie du cinéma : coproducteurs, agents de vente, distributeurs, télévisions, financiers, fonds d’aide et autres partenaires potentiels. Chaque année, Cinemart établit une sélection drastique parmi les projets reçus. Pour cette édition, sur plus de 500 désirs de films, 39 ont été retenus. Ceux de Stéphane Vuillet et de Koen Mortier en font partie. Présentation.
Stéphane Vuillet. Projet : Le Jour des enfants. Production : La Parti Production.
L’histoire.
«C’est un film noir qui se passe sur une île bretonne sur laquelle les personnages sont isolés. Parmi eux, une mère de famille qui attend sa fille, et une jeune gamine sauvage qui débarque chez elle à l’improviste. Le ton est radicalement différent que dans 25° en hiver, mon film précédent, parce que j’ai envie de faire un polar, mais il y a une thématique commune : la rencontre de personnages abandonnés. 25° présentait quatre personnages abandonnés chacun à leur manière. Dans ce film-ci, c’est la rencontre entre une gamine qui a été abandonnée par ses parents, et une femme qui a elle-même abandonné. Le fait d’avoir abandonné ou de l'avoir été est un thème sur lequel je réfléchis et qui me passionne. »
Etre sélectionné à Cinemart.
Rotterdam.
« Il y a trois moments dans l’année où la profession se déplace : Rotterdam, Berlin et Cannes. Ce qui est bien à Rotterdam, c’est que c’est petit, convivial, et que les gens peuvent vraiment se rencontrer. Berlin, c’est gigantesque, il y a énormément de monde. Mais en général, Rotterdam est la préparation de Berlin : les choses qui se discutent ici se concrétisent à Berlin. Pour ce projet, on ne va pas s’inscrire à Berlin ou aller à Cannes. Cinemart était le seul marché visé et il suffira. Le Jour des enfants n’est pas un film pour lequel on recherche 20 partenaires, parce qu’il coûterait 20 millions. C’est un film à 1,5 million assez simple à financer : les guichets sont accessibles pour un tel projet. On est censé revenir de Cinemart avec ce qu’il faut. On va rencontrer une grosse dizaine de coproducteurs potentiels français et cinq ou six agents et distributeurs possibles. On va toucher assez de gens pour pouvoir travailler. »
Les rencontres, les rendez-vous.
« On reste à Cinemart quatre jours. Pour le moment, on n’arrête pas avec les rendez-vous. C’est plutôt bien, ça veut dire qu’il y a un intérêt. Les gens qu’on rencontre connaissent à la fois le projet et la Parti Production. Ils sont intéressés par l’un, l’autre ou les deux. La plupart des gens qu’on rencontre connaissent le pitch, ont envie de lire le scénario et l’attendent. On n’a pas envoyé le scénario à l’avance parce que je suis encore en train d’y travailler. Selon les retours qu’on aura d’après scénario, les choix des deux côtés s’effectueront. Nous, ce qu’on recherche, c’est une coproduction naturelle avec la France parce que le film doit se tourner dans une île bretonne. Ça ne sert à rien d’aller chercher des Allemands pour aller faire un film en Bretagne ! D’autre part, on cherche un vendeur international et un distributeur. Donc, on rencontre des vendeurs internationaux, des distributeurs et des producteurs français toute la journée. On désire trouver des partenaires qui soient aussi amoureux du film que nous. »
Koen Mortier. Projet : 22 mai. Production : CCCP. Co-production : Versus Production.
L’histoire.
«Comment la vie peut-elle changer en un clin d’œil, en une fraction de seconde ? Dans un centre commercial, un agent de sécurité ne peut empêcher un attentat kamikaze. Après l’explosion, il est partagé entre la culpabilité, l’impuissance et la peur. Il va enquêter sur les raisons pour lesquelles le terroriste a agi ainsi car il se sent coupable : il était là pour la sécurité et il n’a pas pu l’assurer. Et en même temps, il va se perdre dans sa propre vie. Le titre du film n’est pas innocent. J’aimerais que la première de ce film ait lieu un 22 mai et que les gens qui le voient pour la première fois soient dans l’instant.»
Etre sélectionné à Cinemart.
Le rapprochement avec Versus Production.
« Versus va assurer la coproduction du film. À Cannes, Jacques-Henri Bronckart m’a tapé sur l’épaule et m’a dit : « je veux faire un film avec toi ». On a parlé quelques minutes, on a rigolé, on a bu et après, on ne s’est plus revu jusqu’au marché de la coproduction de Rome. À nouveau, le rapport était très chouette et très amical. Je me suis dit que c’était la bonne personne avec qui travailler parce que je recherche toujours une amitié ou un sentiment de sympathie dans le travail. »
Les rencontres, les rendez-vous.
« J’en suis au deuxième jour. Ça se passe très bien, mais c’est très dur de défendre son projet en 30 minutes. Il faut se concentrer et résumer le projet mais je me perds toujours dans les détails ! On recherche des coproducteurs allemands et hollandais, un vendeur international et un distributeur. Aujourd’hui, on a trouvé notre coproducteur hollandais : on a pris la décision de travailler ensemble. J’ai rencontré aussi deux producteurs allemands qui sont intéressés par le projet et avec lesquels je pense que je pourrais travailler. Et surtout, on rencontre beaucoup de vendeurs parce qu' Ex-Drummer a été vendu à une dizaine de pays et a fait un certain bruit. »