Illustration : Gwendoline Clossais
Illustration : Gwendoline Clossais
Une femme d’âge mûr court malicieusement jusqu’à l’orée d’un champ de maïs où elle pénètre. La fossette espiègle, elle jette un dernier regard derrière elle, sur un air sobre de piano aux notes doucement appuyées et dramatiques.
Dans son atelier, un homme s’adonne au dessin technique d’un vase, tandis que cette même femme « tchipelle » au téléphone au sujet de son petit-fils de 12 ans. Elle raccroche, dit à cet homme qu’elle a encore rendez-vous avec son médecin, mais il ne lui prête qu’une attention distraite, distante et poursuit son travail.
On sent l’habitude installée par un long moment vécu ensemble et, sans doute, peu perturbée par le train-train d’une vie simple, aisée, sans grand questionnement sur les projets d’avenir. Si ces instants d’une certaine quiétude viennent à être perturbé par un mauvais signe extérieur, le délicat équilibre vacille sous la pression des souvenirs, d’une nouvelle urgence, d’un possible dé part. On voit alors s’exprimer les différentes personnalités qui se sont aimées et s’aiment encore probablement plus maladroitement maintenant que par le passé, comme si, après cette habitude, tout était à réapprendre néanmoins sans en avoir le temps. Parce que lui presse aussi. Face à l’inquiétude, on lâche prise, on ressort des brins de soi qui donnaient le ton des beaux jours.