Cyclepaths de Anton Cla
Un ciel parsemé de vols d'oiseaux, une personne sur une trottinette électrique armée d'un fusil et un drône inquiétant ouvrent ce court-métrage éminemment politique et assez dérangeant, présenté au dernier festival Anima. Dans une ville quasi déserte, sorte de territoire urbain alternatif, seule une vieille femme et un chien féroce habitent le paysage. La nuit, des personnages armés roulent dans une voiture et heurtent violemment un tram. Un attentat achevé par une balle dans la tête. Avec une lenteur particulièrement belle, le récit peut se comprendre comme celui d'un effondrement sociétal, une catastrophe insonore où des immeubles se brisent sur eux-mêmes et où des mouvements de foules, écho lointain aux gilets jaunes, changent en taches de couleurs dans un monde qui vacille. Une chute qui mène inéluctablement à la guerre. La caméra suit souvent les personnages de dos, dans un dispositif oppressant rappelant les mises en scène des deux films Elephant (Gus Van Sant, 1997; Alan Clarke, 1989) et celles de nombreux jeux vidéo. D'une forme quasi-expérimentale très épurée, la technique d'animation en images 3D rend compte de la froideur et de l'atmosphère chargée qui nimbe la narration. L'utilisation du flou qui rend l'image si étrange, presque spectrale, les tonalités de couleur, les surimpressions étonnantes et le rythme quasi-apathique expriment une sorte de terreur au ralenti, invitant à la réflexion sur nos futurs, dystopiques ou non.
